Chroniques noires et partisanes

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ENTRETIEN JACQUES-OLIVIER BOSCO pour « Laisse le monde tomber ».

Merci à JOB de m’avoir accordé un peu de son temps pour répondre à mes questions, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a joué le jeu !!

Vos livres se lisent souvent comme on regarde un bon film, avec des découpages, une chronologie très photographique, c’est voulu, ou c’est naturel et lié davantage à votre culture cinématographique ?

C’est vrai, j’emprunte beaucoup au cinéma, et particulièrement sur cet ouvrage dont l’envie était de se rapprocher autant des romans noirs des années cinquante à soixante-dix, que des films noirs de la même époque jusqu’à aujourd’hui, entre « Tchao pantin » et « Rue Barbare » jusqu’à « Rambo ». En fait, j’essaie de mélanger la langue et le visuel mais, comme tu l’as remarqué ; cinématographique. L’émotion de la prose et l’envie de faire vivre et voir la scène. C’est évidemment culturel, beaucoup de bande-dessinées en premières lectures et génération cinéma de quartier mais surtout télévision ; « Les dossiers de l’écran » (imaginez, « L’armée des ombres » diffusée sur le poste en noir et blanc dans le calme spectral du salon éteint avec, flottant devant l’écran, la volute de cigarette de mon père). Oui, culturel, intime et générationnel. On peut même dire aujourd’hui qu’une grande majorité d’auteurs de « polars » utilise cette écriture « cinématographique » qui devient un style en soi, tout en pouvant symboliser quelque chose de péjoratif et presque vexant pour les vrais amoureux de ce mélange des genres, lorsqu’à propos d’un bouquin, des chroniqueurs parlent d’une écriture très visuelle, à défaut de ! C’est pour cela que j’insiste sur le côté cinématographique où, dans ce cas, l’auteur s’attache à créer une lumière, une atmosphère sonore et même sensorielle et pour cela, il y a travail d’écriture. Pour ma part, je l’avoue, je joue (d’où l’apport culturel) sur les réminiscences – les clichés – liées à des séquences de film. Lorsque, par exemple, je veux parler d’un coin d’immeubles de cité en pleine nuit, je vais me fier à mes souvenirs et ressentis personnels (parce qu’évidemment j’ai vécu dans ce genre de cités), mais aussi, pour mieux décrire ce ressenti, à un univers du type « Sleepy Hollow », ou « Le loup garou de Londres », ou bien à « Alien » pour les passages dans les caves. Quant à « Rambo », que j’ai déjà cité, la référence est assez claire dans la dernière partie du livre.


Vous situez votre roman « Laisse le monde tomber », et ce n’est pas la première fois, dans une banlieue difficile. Au vue du contexte actuel vous n’avez pas peur d’accentuer ou de donner du crédit à certains discours ?

La banlieue c’est le sujet du roman, non parce que je voulais faire un livre sur les cités ou leurs habitants mais parce que je voulais faire un vrai roman noir. Et par tradition, la ville, ici la banlieue, est une des matières premières. J’ai été baigné de romans noirs américains mais aussi français des dernières décennies et je rêvais d’écrire quelque chose dans cette atmosphère particulière où la violence ne vient pas seulement des individus mais aussi de l’univers dans lequel ils vivent et respirent (une des autres caractéristiques de ces romans noirs est liée à la violence). Il y a bien sûr des raisons plus intimes, puisque comme tu le remarques ce n’est pas la première fois, et je tentais d’introduire cet élément au premier plan depuis assez longtemps. C’est un exercice très difficile, parce que les romans sur la banlieue font tout de suite penser à des racailles, des flics brutaux et des populations bigarrées, un univers trop connu et exaspérant pour nombre d’entre nous qui vivons non loin, pouvant donner un côté rebutant à l’envie de lire ce genre d’histoire, mais (j’espère rassurer les éventuels lecteurs) je ne voulais surtout pas aller sur ce terrain. Mon terrain, c’était de faire un polar urbain et gothique principalement axé sur les personnages. Pour mon histoire, la banlieue, plus exactement ces grandes cités en déliquescence, cela devait être un paysage, un environnement angoissant et violent, déprimant et inhumain, cela devait être ce que l’imaginaire d’un enfant suggère lorsque le train longe ces grandes tours et barres aux murs gris où, chacun doit le reconnaître, l’on n’a pas envie de se retrouver. De vivre. Cela devait être ce que c’est vraiment pour un être humain normalement constitué, qu’il soit blanc, noir, flic ou dealer. Le difficile était de ne pas stigmatiser (sans m’en rendre compte), et, aussi, de ne pas prendre parti pour les uns ou pour les autres. Le fait de choisir de jeunes policiers, mais de jeunes policiers imbibés de cette banlieue et tellement rongés par leur propre situation, en tant qu’institution et en tant que personne ayant traversé des orages, de les prendre comme reflet de cet univers permettait d’avoir un œil désabusé et cru, mais honnête, et je l’espère, empreint d’une vérité, sinon, de leur propre vérité. Pour finir sur ce sujet, s’il y a un message sur les banlieues dans ce roman, il est édicté par les quelques pensées des personnages ; à la fois univers sauvage (d’injustice, de violence haineuse et gratuite, de bêtise criminelle) et vivifiant, empli de jeunesse, d’espoir, de colère et de rage, du combat des institutions (d’hommes et de femmes), mais aussi, comme à la nuit tombée – d’où la métaphore avec la Bête des mondes gothiques -, une entité qui peut vous dévorer et vous briser, que vous y soyez né, ou que l’on vous y ait envoyé pour « protéger et servir ».

Pas de gentils, pas de méchants Mais des personnages qui ont tous des failles, même les plus horribles voient leurs crimes plus ou moins justifiés, le mal en soi n’existe pas ?

Il s’agit là aussi d’une règle du polar et du roman noir, ne pas être manichéen. En vérité, le monde d’aujourd’hui tourne si vite, et d’après, au bout d’un moment, mon expérience, les hommes et les femmes finissent par avoir des regrets, et parfois même, des remords, si l’on parle des méchants. Il y a aussi le fait que l’on ne naît pas « méchant », je ne pars pas dans une étude sociologique, mais dans le cas de ce roman, le méchant, justement, c’est la Banlieue, les guerres, l’ennui, la peur d’un avenir moche, quand aux gentils, de vrais gentils, je n’en ai jamais rencontré (smiley). Non, cela serait aussi catégorique de dire cela, mais évidemment que dans ce contexte particulier de cités, je ne pouvais pas mettre des policiers « supermen » et sûrs d’eux, seule la folie d’une jeunesse, ou le parcours d’une vie cahoteuse pouvait justifier leur foi et l’aspect religieux de leur mission. 

Pour finir, j’ai rajouté ces personnages de braqueurs « tueurs de flics » en hommage au néo-polar (Fajardie) et pour contrer le côté classique du policier héros et bandit méchant. Certes, ils sont condamnables, mais le revendiquent. C’est leur côté nihiliste qui me plaisait, qu’on retrouve aussi dans pas mal de polars noirs américains. J’avais aussi (au niveau de la trame) l’idée de reprendre le sujet du film « M le Maudit », où la pègre s’allie à la Police pour combattre un monstre (M) qui hante leurs rues (et met à mal leur bisness).

Quant à la question si le mal en soi existe, je voulais montrer dans cette fiction, et c’est aussi vrai dans la vie, que le mal se manifeste surtout au travers des victimes, de leurs ressentis, c’est peut-être une façon naïve (de ma part) de vouloir le combattre en disant ; imaginez que cela vous arrive ? On peut se trouver empli de haine et de douleur pour très peu, à la vue d’une rayure sur sa voiture, parce qu’on ne comprend pas, parce qu’on aimerait retrouver la personne et faire aussi quelque chose d’irrationnel et d’idiot. C’est le plus difficile à admettre, pourquoi s’en prendre aux faibles, aux démunis, aux innocents ? Mais plus que le mal, je parle de violence, autant intime que sociétale. Et le sujet de la banlieue revient encore ici, il y a le mal quotidien que peut créer l’architecture brutale et les conditions d’isolement, mais, en contrepartie, certains jeunes développent une violence démesurée et irrationnelle. En période de guerre (j’en parle dans le roman) la violence crée une aspiration où même les plus protégés peuvent basculer, la fameuse folie humaine dans Apocalypse Now, mais nous ne sommes pas en guerre et pourtant ce sentiment, cette envie de partir « en guerre » existe en chacun des adolescents touchés par la misérabilité et l’injustice de son monde (intime ou social), et donc, attention à l’aspiration quand « certains » se transforme en « beaucoup ». Il y a une deuxième cause malheureusement banale, l’absence de valeur, d’estime de soi, et la bêtise qui ouvrent la porte à une violence malsaine et complaisante, jusqu’à la désinhibition, il n’y a plus de volonté politique, de réaction primale ou vengeresse, il y a une autre sorte de « mal », cette fois liée à la facilité de s’en prendre au plus faible, du sadisme, de la perversion, celle d’un abruti mal dans sa peau. Ce n’est pas si simple, je ne suis ni un intellectuel ni un véritable écrivain, simplement un auteur de polar. Dans « Laisse le monde tomber », on peut dire que, s’il y a violence, il y a souffrance, frustration et peur (de l’avenir, de la situation, pour sa peau, ses proches – violence politique – cela peut s’appliquer aux forces de l’ordre dans certaines conditions) et donc il y a peut-être un moyen d’endiguer le fléau, ou de passer la serpillère derrière, mais comme dans le cas des sérial killers aux EU, il peut y avoir une violence malsaine et crade habitant des individus dérangés, ou simplement (très) trop cons, au point d’y prendre du plaisir, d’avoir la satisfaction de posséder un certain pouvoir, celui d’écraser plus faible que  soi.

Dans la même veine, il s’agit souvent de justification liée à une vengeance, JOB serait-il rancunier ?? Croyez-vous davantage en la vengeance qu’en la justice ?

La vengeance est abordée dans presque tous mes livres, tout simplement parce que j’aime que mes personnages soient au départ des personnes lambda qui basculent subitement dans l’irrationnel et le désir de faire du mal, parce qu’on leur a fait du mal (on en parlait justement), il s’agit en fait d’une primo réaction à la douleur et à l’injustice qui généralement se canalise, sauf dans le cas de personnages de romans noirs. Mais cette fois j’ai voulu décortiquer, montrer que ce n’est pas aussi simple, pour le soldat ; « qui m’a vraiment fait du mal ? », « à quoi cela sert, finalement, de se venger ?», et dans le cas de Jef « Est-ce que j’en suis capable ? », et le pire, c’est que cette idée torture le personnage. Il y a aussi Tracy, qui fonce tête baissée dans l’horreur, alors que ce n’est pas son monde, est-ce par peur, par manque, par vengeance contre autrui, ou pour se venger d’elle-même ? J’insiste aussi sur les divers degrés de ressentiments, quand par exemple Hélène se demande si ce qu’elle a vécu n’est pas bénin, finalement, comparé à ce que d’autres subissent, c’est une sorte d’automutilation, mais cela démontre à quel point la souffrance peut-être terrible quand on a été victime d’un outrage, et jusqu’à quelle aberration, et même, sentiments contradictoires elle peut mener. Cela revient au sujet du roman sur la violence, au-delà de la violence de la vie, de la ville (la société), la propre violence intime des personnages, par rapport à leur vécu et expériences douloureuses, interagit dans le roman, et bien sûr, au-delà de l’intrigue, jusqu’à la modifier.

Dans beaucoup de vos romans les femmes ont une place importante, elles sont fortes, voire dures. C’est comme ça que vous les voyez dans notre société ? Ou bien elles  doivent être ainsi pour se faire une place ?

Les femmes sont à présent du niveau de l’homme sur le plan professionnel ou des aptitudes, mais humainement, je pense, elles gardent leurs propres caractéristiques. D’ailleurs ne parle-t-on pas de la part de féminité d’un homme, ce n’est pas à cause de ses cheveux longs ou de son déhanché, mais d’une certaine sensibilité et clairvoyance (l’instinct j’y crois moins, sinon maternel). Je voulais leur faire une place dans le roman noir, à commencer par “Laisse le monde tomber”, et c’était vraiment intéressant et émouvant de jouer avec leur fragilité et leur côté bravache, alors je ne suis pas mieux placé qu’une femme pour en parler, mais c’est le rendu d’un observateur père de deux filles, dont une ado et l’autre de 27 ans. Cependant, j’écris un polar de divertissement, et donc je fabrique des personnages, des héroïnes, des femmes flics qui n’existent pas, alors je ne les vois pas « comme ça » dans la société, mais dans mes livres oui (smiley). Non franchement, je ne pense pas qu’elles doivent se faire une place, je travaille à Air France, nous avons presque autant de jeune femmes co-pilotes que d’hommes, quant aux cadres sup, c’est plus, en revanche, cela doit être dans le milieu politique où c’est plus difficile. 

Doit-on s’attendre à recroiser certains personnages, Vère, Rimbe, Tracy ?

Oui pourquoi pas ☺ Je commence à avoir une bonne bande de gangsters comme je les aime à disposition, je pourrais les mettre dans une histoire avec Le Cramé et Le Maudit, ou bien faire revenir Brutale pour les combattre (sans oublier Linda son double maléfique). Mais j’avoue que j’aime bien passer d’un univers à un autre, et le plaisir d’écrire et beaucoup dans la création de personnage (si j’avoue qu’ils accumulent les stéréotypes et ressemblances). Pour être franc, j’aimerai les voir revivre, mais sur un écran de cinéma, ou dans une BD.

Entretien réalisé par échange de mails, novembre et décembre 2019.

Marie-Laure.








L’année noire 2019 de Clete Purcell / Wollanup / Nyctalopes.com

Beaucoup de choix heureux ont fait de 2019, surtout dans sa première moitié, une année particulièrement riche. Ce ne sont pas les meilleurs romans de l’année mais certainement ceux dont le souffle vous emporte et dont l’écho résonne longtemps après que le livre repose dans un coin précieux de votre bibliothèque. Voilà donc ces treize ouvrages que j’ai aimés, ces histoires que j’aimerais offrir comme preuve d’amitié ou d’amour aux proches comme aux amis qui partagent cette passion pour le Noir.

GRACE de Paul Lynch / Albin Michel.

Grace, de la même famille que Ree de “Winter’s bone” de Daniel Woodrell, chef d’oeuvre!

Entretien avec Paul Lynch.

WILLNOT de James Sallis / Rivages.

En si peu de pages et même si ce n’est pas un exploit pour lui, c’est du grand art, pessimiste à faire mal mais brillant.“Certains conditionnels ont de quoi vous démolir”.

Entretien avec James Sallis.

LA DERNIERE CHANCE DE ROWAN PETTY de Richard Lange / Terres d’Amérique.

Tous les voyants sont au rouge, mauvais karma, mauvais alignement des planètes, bad trip, chaos total… poisse, scoumoune… Grand auteur, grand roman et un Rowan Petty inoubliable. “A tous les chanceux et les malchanceux, les escrocs et les escroqués, les vivants et les morts. A tous.”

UN SILENCE BRUTAL de Ron Rash / Gallimard.

Ron Rash sait créer des personnages, des destins, des vies qu’on n’oublie pas et qui nous interpellent par leurs réponses à l’adversité du moment ou d’une vie entière. Précieux !

PRESIDIO de Randy Kennedy / Delcourt littérature.

Tout est juste, beau et douloureux, à se flinguer sur la fin.

EN LIEU SUR de Ryan Gattis / Fayard.

L’impact dramatique, la puissance du propos, les multiples fulgurances d’une histoire urgente vous défoncent plus d’une fois et font de “En lieu sûr” un roman solide, violent, vif, puissamment humain et intelligent, très intelligent.

1793 de Niklas Natt och Dag / Sonatine.

Niklas Natt och Dag instille l’hébétement, la colère, la révolte, l’effroi, l’horreur avec un talent qui l’impose, pour moi, au même niveau que le Tim Willocks de “La Religion”. Choc identique.

LES DIEUX DE HOWL MOUTAIN de Taylor Brown / Terres d’Amérique / Albin Michel.

Si pendant les deux tiers du roman, le suspense n’est pas exceptionnel, il règne néanmoins une ambiance bouffée par l’appréhension, la peur des exactions que l’on sait très prévisibles et forcément à venir. Reste à savoir comment et quand le mal frappera et quel sera son vrai visage. 

Entretien avec Taylor Brown.

ROBICHEAUX de James Lee Burke / Rivages.

Des écrivains capables de vous choper par les amygdales dès les premières lignes, capables de vous phagocyter au bout d’un chapitre et de vous entraîner en enfer pour cinq cent pages, il n’y en a pas d’autres. James Lee Burke est unique, James Lee Burke est Dieu !

SUICIDE de Mark SaFranko / Editions Inculte.

On est dans le Noir, le sale, le désespéré, les vies ratées, les gens qui s’accrochent et ceux, plus nombreux qui flanchent et SaFranko vous raconte une histoire très moche entre quatre yeux, impossible de se défiler.

LA DÉBÂCLE de Romain Slocombe / Robert Laffont.

Romain Slocombe,  une nouvelle fois, atteint un niveau d’écriture qu’on rencontre peu que ce soit dans la couverture d’une époque comme dans la narration d’une histoire qu’il conclut par une allusion à peine voilée au Dormeur du Val de Rimbaud.

LA FRONTIÈRE de Don Winslow / Harper Collins.

La route vers “la frontière” est longue, difficile, complexe, noyée de sang et de larmes, pavée d’horreur et de mort: huit cents pages sidérantes, époustouflantes au bout de l’enfer.

LE SECOND DISCIPLE de Kenan Görgün / EquinoX / Les Arènes.

Molenbeek, porte des enfers. Glaçant et courageux, un très grand roman.

That’s all folks !

Wollanup / Clete Purcell.

La journée du 15 août à La Route du Rock. Propos partisans.

Jeudi à La route du Rock, beaucoup de monde, beaucoup de bottes et de cirés mais pas de pluie malgré un ciel menaçant, très menaçant. Ne soyez pas trop affamés par contre, il y a vraiment la queue même aux gaufres.

POND, c’était surement très bien mais les embouteillages, les files d’attente à l’entrée ont fait que… juste entendu, rien vu. FONTAINES D.C. ensuite a fait un show honnête, du rock, du vrai, rien d’extraordinaire non plus. 

IDLES a, par contre, comme lors de leur premier passage il y a deux ans, mis le feu au fort en empruntant à leur répertoire de deux albums. Slams dans la foule sans guitare et avec guitare. Les mecs sont furieux, un petit côté Gogol Bordello dans le ton comme dans le délire mais humains, sans frime, juste pour l’amour du rock!

IDLES

Il y a toujours des concerts pour nostalgiques à la Route du Rock et cette année n’a pas fait exception avec Stereolab. Adulés par la critique dans les années 90 le groupe n’a jamais connu réellement le succès public. Pour autant, leur set n’avait absolument pas l’allure d’une réunion d’anciens combattants et il y a eu vraiment fusion avec un public plus ancien pendant que les keupons reprenaient des forces à la buvette.

Le set tout à fait honorable de Stereolab n’était pas terminé que déjà la grosse foule s’était préparée sur l’autre scène pour Tame Impala. Le risque avec ce genre de groupes aux albums hyper soignés, à la musique très travaillée, c’est qu’ils n’arrivent pas à reproduire pareille orfèvrerie sur scène. MGMT, lors de son passage à la Route du Rock hiver avait quitté la scène moins d’une minute après avoir débuté pour redémarrer un peu après à cause d’un plantage. Mais là, chapeau. Un son de grande qualité et un public conquis d’emblée puisqu’ils débutent malicieusement avec « Let it happen » assortis de canons à confettis au milieu du morceau. Les canons à confettis seront utilisés trois fois, le public est en extase mais évidemment ce serait un peu cheap pour une enceinte qui a déjà vu à l’oeuvre les fondus des Flaming Lips. Par la suite images psychédéliques, effets de lumière, fumées et lasers impressionnants quoique beaucoup plus rasants qu’ à Glastonbury, images live et enregistrées de Kevin Parker… Il y a eu rappel, prévu bien sûr, mais une prestation lumineuse de plus de un heure vingt au total. Chez Tame Impala, chacun est à son poste mais derrière car plein centre et devant c’est Kevin Parker qui, sans effets très « spéciaux », tout en retenue a su conquérir son monde, s’exprimant en français dès qu’il le pouvait. Alors, c’est vrai, on sent que c’est hyper rodé mais quel spectacle. Bravo Tame Impala !

TAME IMPALA

Avec BLACK MIDI, un nouveau changement d’ambiance. C’est assez bizarre sur scène, les petits jeunes rentrent dedans mais leur musique déjà assez imprévisible sur l’album peut être parfois aussi désarmante live. On ne sait pas trop si le bordel ambiant par moments est totalement maîtrisé mais il y a de la folie, une énergie très destructive et nul doute qu’on réentendra bientôt parler de ces quatre lascars s’ils arrivent à tenir la route car leurs rythmes, leur manière de se vider sur scène et de maltraiter leurs instruments doivent laisser des traces.

BLACK MIDI

JON HOPKINS a enchaîné dans la foulée. Visuellement, c’est magnifique, musicalement c’est tout bonnement de la techno. Peut-être qu’au bord d’une piscine à Ibiza avec un cocktail… à Saint Malo, à un heure du mat et 15 petits degrés, ça le fait nettement moins.

Ça continue aujourd’hui, il ne pleuvra peut-être pas beaucoup.

Wollanup.

Crédit photos: Nicolas Joubard.

A LA ROUTE DU ROCK JEUDI/15.

Right time, right place !

Un festival, on y va pour les artistes qu’on aime bien sûr et il y a aussi la joie de la découverte. Certains artistes électro de fin de soirée me sont complètement étrangers et je me garderai bien de les recommander ou de les condamner.Je me contenterai d’argumenter brièvement sur les concerts que je ne veux pas rater.

L’an dernier, il y avait eu plusieurs grosses têtes d’affiche.Cette année, la prog est à nouveau exceptionnelle mais sans vraiment de gros noms si on excepte TAME IMPALA, beau coup de l’année. Après deux albums résolument psychédéliques, les Australiens se sont tournés en 2015 vers une version plus accessible, plus mainstream. Leur prestation à Glastonbury en juin était très impressionnante avec multiples jeux de lumière assez hallucinatoires et lasers puissants et furieux. Cela donnait peut-être une impression d’hyper professionnalisme, de sérieux, de maîtrise d’un très gros son. Manquait peut-être d’un peu de vie, Kevin Parker semblait jouer une indolence travaillée. Mais assurément, on aura le droit à du gros spectacle, le groupe termine sa tournée européenne et part pour NY, les deux dates du Madison Square garden sont sold out. Foule de Barbies au premier rang. 


Dans le package Tame Impala doit être imposé aussi POND, leurs potes. Kevin Parker a souvent joué de la batterie avec eux. C’est le même genre de musique mais plus intime. Ils auront le redoutable privilège de débuter la journée de jeudi. Ce n’est pas gagné. J’ai déjà vu Okkervil River s’y planter et le grand Stephen Malkmus s’y sentir bien seul.

Ce même jeudi, avant les Australiens nous découvrirons FONTAINES D.C., coqueluche irlandaise du moment avec chanteur à tambourin pour faire sixties. C’est rugueux, moins méchant que leurs compatriotes de Girl Band mais c’est du rock n’roll, c’est certain. 

Néanmoins, ils vont devoir assurer gravement parce qu’ils précèdent IDLES à qui ils s’apparentent musicalement mais qui, eux, mouillent le marcel, donnent tout pour le meilleur comme pour le pire. C’est brûlant, animal. Shame avait allumé la scène des remparts l’an dernier. IDLES va faire vaciller la structure cette année, 100% testostérone, show sauvage, chaussures de protection à prévoir dans le sac.


Toujours jeudi, la sensation de l’année en provenance de Londres, BLACK MIDI. Dans 5 ans, vous pourrez vous vanter de les avoir vus à leurs débuts. Difficile de définir leur musique, post rock, post punk, expérimental, original mais aussi pour oreilles endurcies, entraînées.Ya du Slint, du Suuns, du Sonic Youth, d’autres choses, BLACK MIDI quoi.

Wollanup.

EN LIEU SUR de Ryan Gattis / Fayard.

Traduction: Nadège T. Dulot

En 2015, dans “6 jours” Ryan Gattis racontait à partir de ses souvenirs les émeutes qui avaient enflammé les quartiers sud de Los Angeles du 29 avril au 4 mai 1992. Ces émeutes étaient néanmoins à la périphérie d’une histoire qui donnait la voix à 17 personnages qui subissaient ou profitaient de l’insurrection, de cet état de non droit d’une semaine, de cette guerre urbaine. Le roman, primé par la magazine Lire cette année-là, offrait une très belle part à une dimension sociale et humaine. Assurément un livre choc d’un auteur qui déclarait à l’époque “J’écrirai probablement toujours sur la violence”.

Dans “En lieu sûr”, se déroulant en 2008, il retourne dans ce même quartier de South Central de L.A. pour une histoire autour du business de la drogue, dans l’univers des gangs latinos, n’utilisant cette fois-ci que deux voix mais deux énormes personnalités au moment où l’Amérique coule avec cette crise bancaire des placement pourris. Les banques s’en remettront, pas de souci, mais beaucoup de simples citoyens ricains y laisseront des plumes, se retrouveront d’un jour à l’autre à la rue mais le pays se relèvera “God bless America”…

Gattis s’intéresse donc une fois de plus à une période très violente initiée par l’Etat et par ses manquements. Les conséquences sont très visibles tout au long d’un solide roman au message social et humain une fois de plus de haut niveau. Gattis n’écrit pas des thrillers à deux balles mais des bombes politiques qui font mal dans un style vif, superbement documenté et très addictif.

“Ex-addict et délinquant, Ricky « Ghost » Mendoza est déterminé à rester clean jusqu’à la fin de ses jours. Rentré dans le rang, il force désormais des coffres-forts pour le compte de toute agence gouvernementale prête à payer ses services, des Stups aux Fédéraux. Mais quand il découvre que la personne qui compte le plus pour lui croule sous les dettes, il décide de faire une embardée risquée : forcer un coffre et en prélever l’argent sous le nez du FBI et des gangsters à qui il appartient, sans se faire prendre – ni tuer.”

Il est de loin préférable de ne pas trop donner les raisons qui poussent Ghost à jouer les robins des bois. Personnage de polar particulièrement bon que ce “Ghost”, homme aux multiples blessures, écorché vif, d’une tristesse incommensurable, vivant au rythme d’une K7 de musique punk que lui a concoctée Rose, l’amour de sa vie avant de mourir. En quête d’une rédemption si typiquement coutumière de la littérature ricaine mais qui atteint ici des dimensions de tragédie grecque, Ghost émeut tout comme Glasses, l’autre personnage, l’autre troublante voix d’un roman qui laisse des traces.

“Pour les gens qui seront dans la rue à Noël, ceux qui méritent pas ça.

Pour eux.

Pour leur maison.

Pour leur famille.

Et pour la maison que je n’ai jamais eue quand j’étais petit.

Et pour le HLM dont on m’a viré.

Pour le foyer où on m’a envoyé et d’où je fuguais tout le temps.

Pour tout ce que j’ai traversé.

Pour tous les sales coups que j’ai faits.

Pour Harlem Harold.

Pour tous ceux que j’ai fait souffrir.

Surtout ceux à qui je pourrai jamais demander pardon.

Plus.”

L’impact dramatique, la puissance du propos, les multiples fulgurances d’une histoire urgente vous défoncent plus d’une fois et font de “En lieu sûr” un roman solide, violent, vif, puissamment humain et intelligent, très intelligent.

“J’ai peur, c’est vrai. J’ai peur, genre je suis remonté, électrifié de partout, mais ce qui m’a le plus souvent fait peur dans la vie, c’est l’inconnu. Or là, je sais ce que j’ai en face de moi et je me fous de ce qu’ils vont me faire. Mon corps, ils peuvent le tuer. Le pouvoir sur mon esprit et sur mon mental, ils l’auront que si je leur laisse. Et je le leur laisserai pas. Pas même des miettes.”

Nyctalopes a créé sur Spotify la playlist de Rose « Fuck dying », rythmant le roman et souvent commentée par l’auteur;.

Wollanup.


Wollanup/Clete Purcell/ 2018.

Tout avis est par essence subjectif et donc une sélection annuelle représente un sommet dans la partialité tout en entrant certainement un peu dans l’intimité de l’émetteur. Peu importe, ces dix bouquins ne sont peut-être pas les meilleurs de l’année mais ils ont franchi la première étape de mes choix de lecteur par hasard ou par conviction tout comme certainement par envie dans l’instant en adéquation avec l’état d’esprit du moment. Tous par contre sont des romans qui m’ont offert de grands moments d’évasion, d’intérêt, de plaisir éveillant des sentiments pas toujours forcément charmants et restant très longtemps dans la mémoire, continuant à alimenter réflexions bien après leur lecture. C’est tout simplement ce que j’ai lu de mieux cette année et à l’heure de Noël et des cadeaux, ils sont tout ce que j’aimerais vraiment partager avec ceux qui comptent pour moi. Du plaisir, de l’intelligence, de la noirceur, du talent, de l’immense talent…

DÉBÂCLE de Lize Spit / Actes sud.

Un premier roman belge et une énorme force dévastatrice pour raconter l’enfance mal aimée et l’adolescence flinguée. La colère, la douleur, Le Noir social au plus haut niveau, terrible !

CECI EST MON CORPS de Patrick Michael Finn / EquinoX / Les Arènes.

L’adolescence déglinguée vue cette fois-ci des USA. Sale, dégueulasse, dérangeant, sans pitié et sans merci. Urgent et en même temps dérisoire par son nihilisme, aussi con et vulgaire que du “Green Day” mais aussi, surtout, indispensable.

AVANT LA CHUTE de Noah Hawley / Série Noire.

Le roman noir ricain intelligent, sociétal, sombre mais terriblement profond. Beaucoup ont pleurniché avec le pitoyable “Jake” chez le même éditeur. Noah Hawley, c’est la série « Fargo »… Saisissez ici l’effet papillon, la vie et son incertitude, dans un roman particulièrement abouti. Beau!

BRASIER NOIR de Greg Iles / Actes Sud.

La grosse surprise de l’année. Populaire aux USA, quasiment inconnu en France, Greg Iles sort le premier volume fulgurant d’une trilogie sur la ville de Natchez dans le Mississipi dans les années 60 et de nos jours. Le Sud, le Mississipi, le KKK, des disparitions inexpliquées, des salopards qui s’en sortent, une lecture particulièrement addictive. La suite “l’arbre aux morts” en librairie le 2 janvier. Du bonheur !

LA MAISON DU SOLEIL LEVANT de James Lee Burke / Rivages

Qui raconte mieux ou ne serait-ce au moins aussi bien le Sud que le vieux cowboy James Lee Burke. Deux pages et vous êtes ferré, le talent, une plume magnifique, de l’action et de la réflexion, des descriptions à couper le souflle qui vous font aimer des régions que vous n’avez jamais foulées. Un intérêt profond pour l’humain et la nature. Burke est Dieu.

UNE DOUCE LUEUR DE MALVEILLANCE de Dan Chaon / Albin Michel.

Un roman noir qui va fouiller très loin dans le cerveau des personnages mais aussi dans le vôtre. Ecrit avec un style finalement très ordinaire, parfois peu en adéquation avec l’intelligence du propos, un roman vertigineux, dérangeant jusqu’au malaise, hantant de façon très durable, la grande classe.

LYKAIA de DOA / Gallimard.

En délaissant le créneau “Pukhtu”, DOA aborde d’autres mondes douloureux une fois de plus avec talent. Loin des réseaux sociaux, fidèle à des choix d’écrire d’abord pour lui, nous offrant, malgré lui peut-être, ses traumas, ses luttes, ses incertitudes, ses interrogations, ses indignations, DOA frappe encore très fort, fait très mal au lecteur. Un grand, un mec bien.

CORRUPTION de DON WINSLOW / Harper Collins Noir.

North Manhattan, un personnage de tragédie, un crescendo infernal, le retour du grand Winslow. Si vous ne connaissez pas l’auteur, Corruption fera une très bonne entrée dans son monde de polars où le fric est roi et la corruption sa belle pute amante.

LA LEGENDE DE SANTIAGO de Boris Quercia / Asphalte.

Troisième volet des enquêtes de Santiago Quiñones, flic chilien. Tout simplement impeccable, rien à jeter, urgent, imparable.

EMPIRE DES CHIMÈRES d’Antoine Chainas / Série Noire.

Il aura fallu attendre de longues années mais l’attente valait la peine. Toujours aussi violent, sombre dans les mondes racontés mais avec une plume de plus en plus virtuose. Capable de vous immerger dans ces univers fictionnels, Antoine Chainas multiplie puis entremêle les intrigues mais sans jamais noyer le lecteur. Le grand vertige, la déstabilisation érigée en art, le très grand trip 2018. Chainas est grand.

Wollanup/Clete Purcell, décembre 2018.

TREIZE JOURS de Arni Thorarinsson / Métailié noir.

Traduction: Eric Boury.

« 13 jours, c’est le délai que sa dernière petite amie, banquière recherchée par la police, a donné à Einar pour la rejoindre à l’étranger.

13 jours, c’est le temps qu’il va lui falloir pour décider s’il veut accepter la direction du grand journal dans lequel il a toujours travaillé.

13 jours, c’est le temps qui sera nécessaire pour trouver qui a tué la lycéenne dont le corps profané a été retrouvé dans le parc. Quelque chose dans son visage rappelle à Einar sa propre fille, Gunnsa, quand elle était un peu plus jeune et encore innocente. Mais aujourd’hui Gunnsa est devenue photographe et travaille dans le même journal que son père ; elle s’intéresse de près à ces adolescents paumés et ultra connectés qui fuguent ou disparaissent, elle a plus de ressources et d’audace pour faire avancer l’enquête – et moins de désillusions. »

Arni Thorarinsson a déjà une belle carrière d’auteur. Et à part le très, très dispensable “le crime” sorti l’an dernier, son bilan est très positif et le plante comme un auteur important du polar dit nordique originaire d’Islande, ce petit pays popularisé par son collègue et compatriote Arnaldur Indridason. On peut d’ailleurs relier les deux auteurs par ce souci de montrer la société islandaise, les maux qui la rongent, les failles, les souffrances des minorités au sein d’intrigues fouillées. Mais si Indridason gratte souvent le passé et son propre passé, Thorarisson, lui, manoeuvre, explore, montre le présent de son pays, écrivant des drames au cœur des heurs et malheurs occidentaux comme les conséquences de la crise des subprimes dans un très bon « le septième fils » .

Plus jeune, plus expansif, moins tourmenté, mieux dans son époque que le Erlendur d’Indridason, Einar le héros de Thorarinsson est journaliste et le papa protecteur de Gunnsa une ado qui grandit et qui voudrait suivre les pas de son père. Si parfois, dans certaines aventures précédentes, les affaires concernant le journal ont pu paraître bien trop importantes dans le propos, nul doute que le milieu est propice à des intrigues plus rapides, plus rythmés que les “chemins de croix” d’Erlendur.

Et du rythme, il y en a, des rebondissements aussi, une réflexion sur l’adolescence et ses fragilités, de quoi faire un polar, loin d’être exceptionnel, pas tout à fait du niveau du très bon “ l’ange du matin” mais suffisamment solide pour satisfaire les amateurs du genre.

Wollanup.

LES FÉROCES de Jedidiah Ayres / EquinoX/ Les arènes.

Traduction: Antoine Chainas.

« J’ai rencontré Jedidiah à Philadelphie, là même où je suis tombé sur le livre de Patrick M. Finn. Il lisait ses nouvelles sur une scène et je dois avouer que j’avais beaucoup de mal à tout capter tellement son accent texan était à couper au couteau. Mais le type avait l’air sauvage et totalement habité. Après la lecture, nous sommes allés boire des bières et des whiskeys dans un bar texan du coin où les serveuses étaient légèrement vêtues et les buveurs édentés et j’ai réellement fait la connaissance de Jedidiah. Fils de pasteur, amateur de noir et de rock, il place sur le même plan l’Ancien Testament, les livres d’Ellroy et les films de Peckinpah. Que pouvais-je lui dire à part : «Travaillons ensemble» ? Plus le temps passe, moins je crois au hasard. » Le mot de l’éditeur Aurélien Masson.

Dernière livraison de l’année de la collection d’ Aurélien Masson qui aura bien négocié cette première année, creusant son sillon dans une certaine « subculture » très appréciable. Si certains auteurs francophones l’ont suivi dans cette nouvelle aventure et ont permis un début de reconnaissance de la collection auprès du public, c’est néanmoins avec les deux novellas ricaines qu’il a apporté un nouveau souffle. Sauvage, sans pitié, sans rédemption, tel pourrait être le credo ricain d’ EquinoX . Après, tout le monde n’aime pas forcément lire le spectacle de la bestialité, de la déchéance qui caractérisent « Ceci est mon corps » de Patrick Michael Smith et  « Les féroces » qui clôt cette première saison mais quel que soit votre sentiment en fin de lecture, il est exclu que vous ne ressentiez rien devant ces Cours des Miracles modernes.

« À la frontière entre le Mexique et les États-Unis, la mafia a bâti un hameau fait de bric et de broc, aux allures de village fantôme. Ses hommes de main s’y réfugient de temps en temps, histoire de se faire oublier des forces de l’ordre quand cela chauffe trop. Pas grand-chose à faire, à part se soûler jusqu’à plus soif et se taper une des innombrables
putes qu’ils appellent « les Marias ».
Jusqu’au jour où les Marias relèvent la tête. Elles déferlent dans le désert. Gare aux hommes qui croiseront leur chemin. L’heure de la vengeance a sonné. »

Jedidiah Ayres a dit de cette nouvelle qu’ elle était  » la plus douce histoire d’amour que je n’écrirai jamais ». Ce fan halluciné de Sam Peckinpah se double donc d’un sacré farceur et le lecteur conviendra aisément qu’il faut creuser très profondément dans le désert mexicain pour trouver un ersatz d’amour ici ou quelque chose y ressemblant vaguement.

Conte de l’horreur, « Les Féroces » raconte le bras armé de la vengeance, le sang des salopards, leur sacrifice, leur souffrance pour la purification des suppliciés de la barbarie, la réponse barbare à la barbarie. Au milieu des massacres, à la périphérie des abominations, dans l’immonde cloaque de sang, de merde, d’urine, de sueur, de sperme, affleure ce qui pourrait être, parfois, un semblant d’ humanité de la part de ses femmes détruites.

« Antichambre d’Hadès ».

Wollanup.

Entretien avec Antoine Chainas / Empire des chimères / SN.

Aussi rare que précieux, Antoine Chainas, auteur du magnifique « Empire des chimères », enjoy!

Babelio

1-Il aura fallu attendre cinq ans après “Pur” avant de vous retrouver sur les étals des libraires cet automne et la question qui m’était venue d’emblée à l’esprit, avant de lire Empire des chimères, était pourquoi autant de temps entre ces deux romans et qu’avez-vous donc fait entretemps?

Dans l’intervalle ? Disons que j’ai vécu. Après, je passe effectivement de plus en plus de temps sur mes romans, je suis plus lent, plus perfectionniste sans doute. Ceci dit, je n’écris plus avec les buts d’autrefois, je ne suis plus mû par les mêmes intérêts : j’ai dit ce que j’avais à dire au niveau de l’énergie pure, de la colère, de la saturation dans mes premiers opus ; il fallait probablement passer à autre chose. Pur m’avait pris trois ans, Empire cinq. Peut-être que je vais terminer comme Kubrick : douze ans entre chaque œuvre 😉 !

2-De tous ces  romans américains que vous avez traduits, surtout pour la Série Noire, y en -t-il qui vous ont particulièrement séduit? Il me semble, par exemple, que vous étiez le traducteur idéal pour les romans de Matthew Stockoe? Le travail de traduction est-il plus aisé quand on est soi-même séduit par l’auteur?

Oui, ce travail est plus agréable quand l’auteur vous « parle ». J’ai beaucoup aimé le Noah Hawley, par exemple (Avant la chute) : j’ai retrouvé des éléments de Fargo, de Legion, qu’il a réutilisés a posteriori. Stokoe se révèle parfois inégal, même si ses livres sont de très haute tenue. Je crois qu’il a raconté l’essentiel dans Cows, son premier roman. Celui-ci n’a pas été traduit, et ne le sera sans doute jamais étant donné son aspect extrême – aspect pour lequel, semble-t-il, il n’existe presque plus de lectorat dans l’Hexagone. À l’époque de la collection Gore, chez Fleuve Noir, ou peut-être même chez Pocket Terreur, ç’aurait été épatant.

 

3-“Pur” avait obtenu le grand prix de la littérature policière en 2014,  ce genre de récompense booste-t-il les ventes, le moral d’un auteur?

Oui, Le GPLP (pour les intimes) semble effectivement prescripteur. On parle généralement de 10 000 exemplaires en plus du ratio habituel. Question moral, c’est différent. J’ai eu le prix environ un an après la parution (et deux ans après la rédaction), j’étais déjà passé à autre chose. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur le sujet, mais à ce stade-là, ce roman n’était plus vraiment le mien. Cela étant posé, cet ouvrage était celui qui appartenait le plus au genre, qui en respectait les codes, au sein de ma maigre bibliographie. L’écriture, également, était plus filtrée, plus polie, alors bon, il y avait sans doute une logique derrière cette attribution. Pour être franc, je ne suis pas un expert en littérature policière. J’ai dû chercher à quoi correspondait le prix quand mon directeur de collection, Aurélien Masson, m’a annoncé avec enthousiasme que j’étais lauréat. Lorsque j’ai commencé à recevoir des félicitations de certains confrères estimés, je me suis dit que c’était sûrement quelque chose de relativement important. À mon grand dam, je suis un peu déconnecté de tout cela. Je vis loin du microcosme éditorial, dans un milieu rural assez enclavé, mes amis, mon entourage se composent de gens qui lisent peu ou pas, et pour couronner le tout, je mène une existence que l’on pourrait qualifier de frugale, ou d’ascétique. Quand Aurélien m’a parlé du prix, je lui ai répondu que ce n’était pas « la vraie vie », sous-entendu « ma vie ». Cette remarque l’a beaucoup amusé, mais j’étais sérieux et, aujourd’hui encore, je la trouve pertinente en ce qui me concerne. Ce n’est pas un choix. Honnêtement, je préférerais être plus en phase avec le monde qui m’entoure, mais on ne se refait pas.

4-Quand on aborde “Empire des chimères”, on est de suite désarçonné par l’épaisseur du roman, un bon pavé de 650 pages, chose inhabituelle chez vous dont les romans sont habituellement plus courts. L’accouchement a -t-il été du coup plus douloureux?

Non, pas d’accouchement douloureux, j’avais la péridurale ! Je ne plaisante qu’à moitié car j’étais très malade à l’époque où j’ai rédigé le texte. J’avais attrapé une saloperie dont le corps médical n’a jamais trouvé la cause, mais qui provoquait, entre autres, de forts accès de fièvre. Autant dire que j’ai conçu une grande partie du livre dans un état second. Il a fallu ensuite trier le bon grain de l’ivraie, si j’ose m’exprimer ainsi. Concernant l’épaisseur du roman, j’avais déjà commis un autre « pavé » au moment de Versus. C’est l’intrigue qui décide de la taille, qui la justifie. Je ne fais que m’y conformer. Empire était encore plus volumineux à l’origine, plus tentaculaire, et, comme je l’ai dit, il a fallu élaguer pour le rendre plus accessible.

5-La quatrième de couverture de la Série Noire fait l’impasse, volontairement il en va de soi,  sur une des intrigues de l’histoire, quel serait le thème principal d’ “Empire des chimères” pour vous?

Je n’en sais fichtre rien. Je ne sais même pas quel genre d’ouvrage j’ai écrit. Un « rural noir quantique vintage », peut-être ? Ce serait un nouveau genre à développer en France;-).  Puisqu’on en est au stade de la confidence, j’aurais préféré écrire un bon « thriller qui cartonne », mais je me suis retrouvé avec une espèce d’objet mutant, labyrinthique, viral. Précisons encore une fois que cet ouvrage, je l’ai voulu ludique et accessible, même s’il est ambitieux. La difformité littéraire échappe un peu à ma maîtrise, et  je la laisse volontairement aller à sa destination naturelle, sans calcul ni stratégie. Les pertes de contrôle, les accidents, rendent les œuvres intéressantes. C’est vrai en photo, en peinture, en musique, dans l’écriture et dans l’architecture (cf question suivante)… Il faut ménager une place aux erreurs, sans pour autant se livrer à l’inabordable. Une question d’équilibre, comme dirait l’ami Francis. Pour la petite histoire, j’avais proposé une autre quatrième à la Grande maison, mais j’ai cru comprendre qu’elle était trop cryptique à leur goût. Ils ont préféré un résumé plus consensuel, plus factuel, en un mot plus vendeur : je pense qu’ils ont eu raison. On verra bien.

 

6-Quelle est l’idée à l’origine de cette, de ces intrigues? La genèse de ce roman ?

La genèse d’Empire va peut-être décevoir, car elle est assez prosaïque. J’avais un traitement (sorte de plan détaillé) d’une soixantaine de pages qui tournait dans les boîtes de production audiovisuelle. Les producteurs / productrices, toujours très gentils, se refilaient le bébé sans trop savoir quoi en faire, et je les comprends. Tandis que la cigale (c’est moi!) commençait à crier famine, Gallimard a eu l’amabilité de me proposer une avance sur synopsis, je leur ai donc soumis ce dossier, et j’ai commencé à « faire des phrases » ; c’est mon côté balzacien… Les intrigues se sont liées, les niveaux de lecture enchevêtrés, superposés jusqu’à former ce que vous avez lu. Stéfanie Délestré, la nouvelle patronne de la Série Noire, avec qui j’avais déjà eu la chance de travailler aux éditions Baleine a eu l’esprit assez ouvert non seulement pour accepter le texte, mais pour l’apprécier. Une femme de goût ! Nous avons peaufiné deux ou trois détails – presque rien en vérité -, et la machine était lancée.

 

7-Dans “ Pur” vous envisagiez la ville de demain pour les nantis. Peut-on parler d’un lien avec ce nouveau roman  dans l’évocation que vous faites de projets de ville, pour les autres, les consommateurs de base à qui il s’agit d’offrir tout le confort, toutes les facilités pour pouvoir acheter de la junk food et des produits culturels nazes mais très rémunérateurs? Etes-vous un passionné d’urbanisme ?

L’architecture n’est-elle pas le premier art de la classification ? La façon dont l’homme conçoit son mode d’existence grégaire est proprement fascinante. Par certains aspects, on pourrait parler d’enfer volontaire, par d’autres d’utopie incarnée. À mon sens, Pur ne racontait pas la ville de demain (même si des éléments d’anticipation apparaissaient çà et là), mais celle d’aujourd’hui, sous le prisme du cloisonnement et des phénomènes de ghettoïsation / gentrification. Après Pur, je m’étais également rendu coupable d’une novelette pour le journal Le Monde, qui suivait le parcours de deux membres du SAC dans le Montpellier des années 80, à l’époque des grandes restructurations urbaines dirigées par l’architecte Bofill, artisan de l’un des premiers centres d’habitations commerciales. On ne divulguera pas grand-chose d’Empire si on dit que l’histoire se déroule pour la majeure partie en 1983. La ville idéale qui est décrite dans le jeu de rôle éponyme interroge d’une part le modèle urbain du lotissement importé par Levitt et d’autre part celui du centre commercial par Gruen. Dans le monde réel, ces modèles unifiés régissent l’existence humaine au même titre que le sexe et le travail. Ils exercent sur la vieille Europe, encore polarisé entre la ville et la campagne, une attraction assez retorse. Sur notre sol, de monstrueux projets de type Europacity, à Gonesse, risquent de pousser cette vision dans de terribles retranchements. Mais il suffit de lire Au bonheur des dames, par exemple, pour voir combien les aspirations humaines ont peu évolué avec le temps.

 

8-Dans “Empire”, vous faites aussi une radioscopie très réussie d’un village en crise au début des années 80 et, au fil de certains détails, de certaines références, vous rappellerez à beaucoup une époque, une autre France que vous montrez très noire alors qu’elle semblait néanmoins moins terrible qu’aujourd’hui. Avez-vous rameuté vos souvenirs d’enfance, aviez-vous envie de vous remémorer votre jeunesse?

Vous êtes perspicace. Les villages des années 80 n’étaient pas encore ripolinés comme aujourd’hui, ils ne concouraient pas au Village préféré des Français, de Stéphane Bern. Ces localité étaient très pauvres, parfois arriérées… Personne ne voulait y emménager. J’ai effectivement rameuté certains souvenirs, mais souvent ceux des autres car je suis un enfant de la ville, un gosse des cités. J’ai grandi dans ce qu’on appelle de nos jours un « quartier sensible ».  Mon installation en région rurale est venue bien après, vers vingt-cinq, trente ans. Aujourd’hui, beaucoup de citadins épuisés par le rythme de vie urbain pensent y trouver le charme apaisant de l’authenticité, mais cela ne correspond à aucune réalité. C’est un fantasme, qu’ils recréent en construisant des lotissements à l’extérieur des hameaux et en ouvrant des magasins de souvenirs. En tout cas, je ne nie pas l’aspect nostalgique d’Empire, même s’il n’est pas idéalisé. Si cela parle au lecteur, tant mieux. Quoi qu’il en soit, la France d’antan n’était pas « moins terrible » que celle d’aujourd’hui, c’est chose acquise dans mon esprit. Elle était simplement différente.

 

9-Un des éléments clés de votre histoire est bien sûr ce jeu “Empire des chimères” qui agira de bien désastreuse manière sur des ados et qui se veut être un produit d’appel pour l’usine à rêves d’un grand industrie des loisirs. S’il s’avère qu’un jeu de rôle est particulièrement néfaste pour des ados pas trop bien dans leur peau, qu’en est-il des conséquences sur ces mêmes jeunes fragiles de l’excès de jeux vidéos?

Je ne sais pas. Il est sans doute encore trop tôt pour le dire, sans compter qu’aux jeux vidéos, il faut ajouter les écrans de toutes sortes, en particulier les portables. Comme pour la question précédente, il me semble qu’on assiste à une mutation de la société. Ni pire ni meilleure que la précédente, mais indéniablement autre. Il paraît clair, en tout cas, que la nouvelle génération n’aborde plus l’information comme ses aînés, les écrans, par leur mode de fonctionnement vertical (en opposition au mode horizontal de la lecture traditionnelle) modifient en profondeur la cognition. J’ai un fils lycéen féru de jeux vidéos, mais aussi de mangas, de séries… Dans les années 80, au cœur de ma cité, nous étions un petit groupe de ce que l’on pourrait appeler des « proto-geek » : des jeunes fans de jeux de rôles, de cinéma gore, de bande-dessinées déviantes… Je ne compte plus le nombre de fois où les adultes nous ont mis en garde contre ces abus. Don Quichotte lui-même ne s’est-il pas laissé étourdir par trop de « romans de chevalerie » ? Pour le reste, un individu en situation de faiblesse constitue toujours une proie facile pour une industrie en quête de profit. Et il sera toujours plus réceptif aux effets néfastes d’une substance, d’une tendance, d’une technologie. Pourtant, l’environnement vidéoludique n’est ni bon ni mauvais. Il n’est que d’écouter un concepteur comme David Cage (Heavy rain, Two souls, Detroit…) pour se rendre compte des immenses potentialités créatrices – et parfois émancipatrices comme l’ont été les JdR pour une autre génération – du jeu vidéo.

 

10-Pourquoi avoir montré le traumatisme post conflit, vingt ans après, des appelés envoyés combattre en Algérie par le biais du personnage de Jérôme ?

Là, on touche à des choses plus intimes. Je viens pour partie d’une famille de pieds-noirs, et pour partie d’une famille métropolitaine dont les aïeux ont servi sous les drapeaux pendant la guerre d’Algérie. Mon enfance a été bercée, si je puis dire, par des récits africains contradictoires, dont certains laissaient transparaître d’amères cicatrices. Au niveau de la dramaturgie, le personnage de Jérôme devait entretenir une brisure forte pour exprimer la douleur fondamentale qu’il porte en lui, le scepticisme vis-à-vis de la Patrie, la part d’ombre de l’homme qui se révèle en temps de conflit. Ce traumatisme alimente la différence qui le constitue ; elle le coupe de ses semblables et le rapproche, paradoxalement, de certains protagonistes importants dans l’intrique. Empire est peut-être un roman de parias, finalement.

 

11-Vos romans sont précis, chirurgicaux, glaciaux et souvent très perturbants, celui-ci ne fait pas exception et là, néanmoins, vous nous avez offert un personnage qui tranche par son optimisme alors que la vie ne lui a pas particulièrement souri. Le Antoine Chainas littérateur ne peut-il souffler que le grand froid ?

Petit à petit, les héros que je mets en scène ne deviennent pas moins pessimistes, mais plus humains, plus banals, en quelque sorte. Alors, certes, l’action, l’enjeu dramatique peut s’avérer moins spectaculaire, mais cette démarche consciente vers une forme de lumière me semble nécessaire. Dans Pur, le capitaine Durantal nourrissait déjà une empathie importante. Cette empathie se trouve accentuée dans Empire. D’abord parce qu’avec l’âge, ma vision de l’existence évolue, ensuite parce que j’ai le sentiment d’avoir exprimé ce que je désirais dans mes premiers romans, au niveau de la frontalité « glaciale et perturbante » (cf première question).

 

12-Devant la densité de votre propos dans “Empire des chimères”, il serait illusoire de croire pouvoir embrasser tous les sujets lors d’un entretien et d’ailleurs certains ne peuvent être abordés sans spoiler. Néanmoins, il me semble nécessaire de vous donner carte blanche si vous désirez parler de votre roman plus librement et je vous y invite ici.

Je ne sais pas vraiment quoi dire, je ne suis pas très bon vendeur. Lisez-le. Si vous aimez les« ruraux noirs quantiques vintages », cet ouvrage est pour vous. Plus sérieusement, je crois qu’Empire s’adressera à tous les lecteurs curieux et ouverts d’esprit. Les autres passeront leur chemin et c’est très bien comme ça.

 

13-Quels sont les romans qui vous ont séduit dernièrement?

Depuis pas mal de temps, je partage mes lectures entre les manuscrits anglo-saxons pour différents éditeurs et la littérature du XIXème pour mes loisirs ; quand j’en ai. Je serais donc bien en peine de vous donner un titre récent publié en France. En 2017, il y a eu Bruce Bégout, avec « On ne dormira jamais » (éditions Allia), qui m’a comme d’habitude fait
forte impression. Exofictions, chez Actes Sud, a publié un Tony Burgess – « La contre-nature des choses » ; entreprise assez rare et audacieuse pour être signalée. Ah oui, il y a aussi une novella de Lucius Shepard qui paraît le 30 août aux éditions du Bélial. C’est traduit par l’excellent Jean-Daniel Brèque et ça s’appelle « Les attracteurs de Rose Street ». On n’est jamais déçu ni par Shepard ni par Brèque…

14-A Nyctalopes, on aime bien aussi la musique et j’ai apprécié retrouver au fil des pages The Cure, Siouxie and the Banshees, quel morceau collerait parfaitement à votre roman?

Ha ! ha ! voilà un (mini) secret du prosateur : il ment souvent. Je n’ai jamais écouté Cure ou Siouxie… C’était un de mes amis très pointu dans ces années-là qui était fan de rock gothique. Vous voulez un morceau qui colle au roman ? Prenez O Solitude, d’Henri Purcell, si possible par Alfred Deller. D’accord, ce n’est pas très rock’n’roll, mais la musique baroque irait bien à Empire, je trouve.

Entretien réalisé en plusieurs temps par mail en août 2018.

Wollanup.

 

Nyctalopes, deux ans après.

Chema Madoz

Encore une fois, mais la dernière,  buvons  à la nouvelle année littéraire bien sûr mais aussi à la vraie qui, espérons le, sera moins terrible et douloureuse que les précédentes.

Nyctalopes a commencé l’année en douceur mais il faut dire qu’en deux ans et un peu plus de 590 articles, on n’avait pas chômé. Le blog, conçu au départ pour être un duo Raccoon / Wollanup, Clete Purcell, a vite grandi. Chouchou est arrivé dès les premières heures et puis nous ont rejoints, de manière épisodique ou continue, Fab, Job, Bison d’or, Paotrsaout, Wangobi et Marie-Laure, deuxième voix féminine.

Le blog s’exprime donc depuis Brest, Nice, Paris(2), Montreuil, Besançon, le Sud-ouest et le golfe du Morbihan, en zone urbaine comme en zone rurale et ses voix sont âgées de 25 à 57 ans. Exerçant tous des professions différentes et ne se connaissant pas dans la vie, le groupe, le clan, la famille, l’association… s’est réalisée sur une passion commune pour une certaine littérature noire et une littérature défendant certaines valeurs qui nous sont communes à tous ici.

Par nos statistiques, modestes, de la page facebook, on peut voir aussi qui nous lit, enfin par le biais de Facebook qui n’est qu’une petite partie des gens qui passent ou nous suivent. Nous sommes suivis très majoritairement en France mais nous avons aussi de très bonnes données en Belgique et au Canada. Au niveau des villes, un lecteur sur quatre est Parisien, ensuite, pourquoi, je l’ignore, c’est à Bordeaux et à Bruxelles, villes où nous n’avons aucune histoire, que nous avons le plus d’amis.

Hauts les coeurs, nous repartons pour une troisième année qui pourrait être aussi la dernière, à voir. On ne va donc pas se priver de teaser les prochains deux mois. Du lourd, madame monsieur avec le nouveau Paul Auster et ses 1000 pages lumineuses, le retour de la grande Louise Erdrich, Pouy et sa ZAD, un étonnant polar albanais.

Côté entretiens, on aura, sûr, Caroline De Mulder, qui m’avait épaté avec  « Calcaire » l’an dernier qui nous parlera de « Bye bye Elvis » dans une période où certains peinent à se remettre de la perte de notre French Elvis et puis, aussi, très,très bientôt des nouvelles de DOA.

Allez, Rock on!

Wollanup.

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