Chroniques noires et partisanes

SUICIDE de Mark SaFranko / Editions Inculte.

A la mort de 13ème note éditions en 2014, Mark Safranko a disparu des librairies françaises. On trouve encore quelques exemplaires des romans édités à l’époque sur le net mais quasiment au prix du Beluga. Ces quatre romans racontaient l’enfance et la jeunesse de Max Zajack, en fait SaFranko, fils d’immigré polonais tentant de faire son trou en Amérique. C’était dur, épique, parfois drôle pas loin de l’oeuvre de John Fante. SaFranko a d’ailleurs été ami avec son fils Dan Fante, écrivain lui-aussi, décédé et il y a quelques années.

Ce nouveau roman a été traduit dans le cadre d’une résidence littéraire à Nancy (ARIEL) où séjournait SaFranko l’automne dernier  et participant à de nombreux travaux autour de la littérature. Il s’agit d’une traduction collaborative réalisée sous la direction de Barbara Schmidt avec les étudiants de l’université de Lorraine et de classe préparatoire littéraire du Lycée Henri Poincaré de Nancy d’un roman éponyme sorti aux USA en 2014.

Et je ne peux cacher le bonheur qui est le mien de retrouver SaFranko, merci aux éditions Inculte d’avoir comblé ce manque.

“L’intrigue se déroule à Hoboken et New York, en 2002, et met en scène un inspecteur de police, Brian Vincenti, en pleine crise existentielle.Tiraillé entre son enquête sur la chute suspecte d’une jeune femme depuis l’un des immeubles d’un quartier gentrifié d’Hoboken et son impuissance à sauver son mariage, Vincenti navigue dans les rues d’Hoboken et de New York à la recherche, presque obsessionnelle, de réponses à ses questions dans un paysage urbain encore marqué par les récents attentats du 11 septembre 2001.”

Si l’humour permettait autrefois d’atténuer le ressenti des souffrances du jeune Max Zajack, ici, point de rédemption. On est dans le Noir, le sale, le désespéré, les vies ratées, les gens qui s’accrochent et ceux, plus nombreux qui flanchent et SaFranko vous raconte une histoire très moche entre quatre yeux, impossible de se défiler.

Commencé comme une enquête de routine pour un Brian Vincenti, bien mal marié, mal dans sa vie, mal dans sa tête, l’affaire, petit à petit, dans un faux petit rythme, va vite prendre le cerveau du flic, le hanter, le faire revenir à un période bien triste et sale de sa vie. SaFranko nous prend aux tripes, n’épargne rien du malheur à en crever de ces gens, les peignant dans leur réalité très ordinaire, pitoyable ou honteuse comme le faisait si bien Carver. Alors, ce n’est pas une lecture confortable, ce n’est pas du “feel good” mais quel talent pour magnifier l’horreur, le malheur ordinaire. On sort du bouquin un peu hagard, flingué, mais aussi heureux de retrouver enfin un tel grand auteur. Si vous partagez un peu nos choix… vous ne trouverez pas de polar équivalent à “Suicide” cette année.

Mortel !

Wollanup.


15 Comments

  1. Marie-Claude

    Comme je partage un peu beaucoup vos choix, je vais foncer les yeux fermés sur ce polar et, par le fait même, découvrir enfin SaFranko. Bien le merci!

    • Neirynck

      On trouve 3 livres de Mark chez La Dragonne 😉

      • clete

        Merci du renseignement.

    • clete

      Je t’en prie!

    • clete

      Un bijou !

    • clete

      Un petit bijou noir.

    • clete

      Et alors cette découverte Marie-Claude ?

  2. Simone

    Jamais lu non plus ( je vais me faire engueuler ! ah ah ah ! ), je note et j vais en acheter un ( ils sont sortis en poche les premiers ? Ou bien je dois lire surtout celui-ci ? )

    • clete

      Oui, note bien !

  3. T

    Je vous recommande moi aussi très vivement ce polar, que j’avais lu en anglais! D’ailleurs, je vous recommande tous les livres de Mark, que ce soit les recueils de nouvelles ou les romans!

    • clete

      Voilà qui est dit et j’approuve! Merci pour cet avis.

  4. Torquemada

    Meilleur morceau de Bowie ever.
    Peut etre meilleur morceau Rock ever.

    • clete

      Peut-être bien en effet !

  5. Olivier

    Je confirme toutes les critiques positives ! Et l’excellent article…

    • clete

      Merci Olivier. Ta chronique, que je viens de lire, est aussi très réussie et cite très justement Sallis et Bayer comme éléments de comparaison.

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