Chroniques noires et partisanes

Étiquette : bilan 2024

CLETE / 2024

C’est toujours au moment du périlleux exercice du choix de dix romans à conserver pour l’année qu’apparait l’ampleur du plaisir de lecture rencontré dans l’année. 2024 fut exceptionnelle pour moi, même si la liste souligne et déplore un certain manque de bons polars. Anyway, une magnifique année noire à forte connotation ricaine et ce n’est pas une surprise non plus. Dix plus un romans, brillants, où l’histoire vous emporte tandis que la plume vous charme. J’ai pas mieux, Enjoy !

SOMNAMBULE de Dan Chaon / Terres d’Amérique / Albin Michel

« Des œuvres majeures qui vous laissent abasourdis et comblés, franchement on n’en rencontre pas plus d’une ou deux par an. Somnambule est un très grand roman noir, violent, bourré d’humour et de tendresse qu’on ne quitte pas vraiment totalement à la dernière page. Remarquable. »

ON M’APPELLE DEMON COPPERHEAD de Barbara Kingsolver / Terres d’Amérique / Albin Michel.

« Une superbe leçon d’humanité et un roman remarquable réhabilitant ces populations du Sud des USA qu’on désigne souvent globalement comme les “rednecks”. Inoubliable Demon Copperhead ! »

RETOUR DE FLAMME de Liam McIlvanney / Métailié noir

« On est dans du polar pur jus : la pègre, les notables, les flics, les victimes innocentes, les mal nés, le Celtic Fc et les Rangers, les putains d’Irlandais et bien sûr un McCormack déterminé qui ne lâche rien… tous contribuent à faire de Retour de flamme un roman béton, particulièrement sombre et violent et en même temps d’une humanité et d’une tristesse remarquables. »

LA PISTE DU VIEIL HOMME d’Antonin Varenne / La Noire / Gallimard.

« Le propos est très humain, l’empathie est visible mais ce n’est pas nouveau et jamais feint chez Antonin Varenne. L’écriture est belle, l’histoire passionnante malgré son apparente simplicité… »

LA CASSE de Eugenia Almeida / Métailié Noir.

La casse, moins de deux cents pages, doit se consommer en “one shot” pour apprécier les prouesses d’une auteure qui cogne très dur. Les temps morts sont absents, les personnages souvent réduits à leurs paroles, une urgence nécessitant une réelle attention pour comprendre l’intrigue et apprécier les multiples et superbes fulgurances d’un roman furieusement noir et létal. »

VINE STREET de Dominic Nolan / Rivages/Noir.

« Comme tout bon élixir, Vine Street se savoure, se laisse apprivoiser lentement pour enfin développer les effluves puissantes d’une intrigue complexe et passionnante. L’étoffe des grands polars.« 

LE DERNIER ROI DE CALIFORNIE de Jordan Harper / Actes noirs / Actes Sud.

« Le dernier roi de Californie, cauchemar aux accents Thrash Metal prend aussi souvent au cœur. Du noir béton. »

LE DELUGE de Stephen Markley / Terres d’Amérique / Albin Michel.

« On a tous connu des lectures profondément marquantes mais personnellement je n’ai pas le souvenir d’un roman qui m’ait à ce point choqué, terrifié et bouleversé. On quitte Le déluge avec un sentiment d’épuisement et une tristesse incommensurable, infinie. »

UNE TOMBE POUR DEUX de Ron Rash / La Noire / Gallimard.

« Roman admirable, habité par une grâce à laquelle Ron Rash nous a souvent habitués, Une tombe pour deux ravira tous les amoureux de sa plume et laissera peut-être un peu sur leur faim les lecteurs avides de plus de noirceur. »

LA REGLE DU CRIME de Colson Whitehead / Terres d’Amérique / Albin Michel.

« Colson Whitehead est un grand conteur et si les digressions sont nombreuses, elles contribuent à finir d’envoûter le lecteur, si ce n’est pas fait dès la première page engloutie. Un enchantement de polar new-yorkais ! »

Plus un !

TERRES PROMISES de Bénédicte Dupré La Tour / Editions du Panseur.

« La divine surprise de fin d’année. Du western crade, poisseux, impitoyable joué par une très belle plume.« 

Et puis évidemment hors concours.

UN AUTRE EDEN de James Lee Burke / Rivages Noir.

« Un autre Eden, écrit par la plume mélancolique, crépusculaire belle à en pleurer d’un James Lee Burke au sommet de son art porte un titre qui l’habille parfaitement. »

Et enfin, puisque Spotify me le dit, l’album que j’ai le plus écouté en 2024.

BILAN 2024 / Brother Jo.

Littérairement parlant, les années se suivent mais ne se ressemblent pas. En 2024, on a pu retrouver avec grand plaisir des auteurs déjà chroniqués sur Nyctalopes, tels que Eugene Marten (En aveugle), Mercedes Rosende (Des larmes de crocodile) ou Iain Levison (Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques) ou découvrir des voix émergentes particulièrement prometteuses avec Phoebe Hadjimarkos Clarke (Aliène) ou Sébastien Dulude (Amiante). On notera aussi d’obscures pépites (Viande, Martin Harníček), de futurs livres cultes (La maison du diable, John Darnielle), de grandes aventures (A la lisière du monde, Ronald Lavallée) ou des monuments toutes catégories confondues (Chacun pour soi et Dieu contre tous, Werner Herzog). Une fois de plus, il faut saluer le travail des petits éditeurs qui font des choix de publications aventureux et passionnants. 

CHACUN POUR SOI ET DIEU CONTRE TOUS de Werner Herzog / Editions Séguier.

Ces mémoires, foisonnants de réflexions et d’anecdotes, sont d’une rare sagacité. Une lecture  passionnante, de bout en bout, et peut-être même la lecture la plus exaltante de cette année 2024. Frustrante tant on en veut plus ! Purement et simplement brillant. 

AMIANTE de Sébastien Dulude / La peuplade.

Un premier roman d’apprentissage magnétique et émouvant à l’écriture flamboyante. Sébastien Dulude à l’âme d’un poète et le savoir-faire d’un orfèvre. Préparez-vous à vivre un fascinant moment de grâce. 

LA MAISON DU DIABLE de John Darnielle / Le Gospel.

Ce roman de John Darnielle n’est rien de moins qu’une ambitieuse et passionnante métafiction. Une œuvre d’art minutieuse et une expérience littéraire unique en son genre qui ne peut que devenir culte. Puissant !

EN AVEUGLE de Eugene Marten / Quidam

En aveugle est un roman d’un noir sans emphase, mais véritable et profond. De prime abord impénétrable mais définitivement pénétrant. Un livre passionnant d’un auteur qui mérite toute votre attention. 

VIANDE de Martin Harníček / Monts Métallifères éditions.

Le roman de Martin Harníček est un roman trouble et dérangeant sur les rouages du mal. Une lecture percutante pour laquelle il faut avoir l’estomac bien accroché. A consommer de préférence à distance des repas.

ALIÈNE de Phoebe Hadjimarkos Clarke / Editions du sous-sol.

Aliène, de Phoebe Hadjimarkos Clarke, c’est un peu la rencontre de X-Files, David Lynch et David Cronenberg, sous hallucinogènes, nourri d’un souffle poétique et d’un propos engagé, pour un résultat tout à fait atypique. Certainement difficile à vendre tant ce roman est particulier mais, pour ma part, je n’en pense que du bien et vous invite à vous laisser surprendre.

LES STRIPTEASEUSES ONT TOUJOURS BESOIN DE CONSEILS JURIDIQUES de Iain Levison / Liana levi

Avec Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques, Iain Levison livre un roman jubilatoire. Une critique caustique du système judiciaire américain écrit d’une main honnête, sincère et intelligente. C’est très bon et on ne peut plus pertinent. 

DES LARMES DE CROCODILE de Mercedes Rosende / Quidam

Des larmes de crocodile est un roman noir au ton et à l’humour décapants. Tout aussi bon que L’Autre femme, son prédécesseur, on ne peut que se réjouir de ce qui nous attend ensuite, compte tenu de la fin de ce nouveau livre. C’est jubilatoire. Foncez découvrir l’oeuvre de Mercedes Rosende, vous ne le regretterez pas !

A LA LISIERE DU MONDE de Ronald Lavallée / Presses de la Cité.

Avec A la lisière du monde, Ronald Lavallée signe ce qui sera peut-être le grand récit d’aventure de cette année 2024. On pense forcément à Jack London et on ne peut qu’apprécier retrouver un tel souffle romanesque qui nous tient en haleine de bout en bout. Maitrisé sur toute la ligne et le plus frustrant est de tourner la dernière page. Contrairement aux personnages qui peuplent ce livre, nul besoin, pour les lecteurs, de lutter pour en voir la fin.

Ce qui malheureusement est redondant d’année en année, ce sont les disparitions de grands artistes. La liste est longue en 2024, mais une pensée toute particulière pour Steve Albini qui aura forgé le son de tant de groupes dont je suis personnellement fan, mais aussi Brother Dege, alias Dege Legg, qui fut chroniqué et interviewé par mes soins chez Nyctalopes, pour son livre Cabdriver publié l’année dernière, que j’ai également eu la chance et le plaisir de rencontrer et de voir en concert, et qui nous a brutalement quittés deux jours avant la sortie de son superbe disque Aurora

Brother Jo.

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