Mille dollars de l’heure. Un tarif qui ne se refuse pas quand on est avocat commis d’office obligé de passer ses journées, dimanches compris, à plancher sur les dossiers attristants de petits malfaiteurs sans envergure. Puis à négocier des peines avec un procureur plus puissant que soi mais tellement moins compétent. Alors Justin Sykes, lassé par ce quotidien déprimant, accepte pour ce tarif de se mettre un soir par semaine au service des filles d’un gentlemen’s club et de passer la nuit dans le motel d’en face. Sans trop chercher à comprendre. Parce que, c’est bien connu, les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques.
Iain Levison, encore un auteur qui m’était inconnu quand bien même, avec Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques, il publie d’ores et déjà son neuvième roman. C’est chez Liana Levi que ça se passe. Donc pour ma part, une découverte, mais pas des moindres. Après lecture, je n’ai qu’une envie, boire un verre avec Iain Levison car il a l’air d’en avoir des choses à raconter et de savoir exactement comment les raconter.
Justin Sykes est un avocat commis d’office qui n’a pas toujours été ce qu’il est aujourd’hui. Il avait, fut un temps, un poste d’avocat bien plus lucratif. S’il ne manque pas de compétences, c’est après avoir joué au lanceur d’alerte qu’il se retrouve désormais à enchaîner les petites affaires qui se suivent et se ressemblent. Quand un jour il se voit proposer mille dollars en liquide, pour seulement s’asseoir une heure par semaine dans un club de striptease et dispenser ses conseils à qui veut dans le personnel féminin du club, il n’hésite pas trop. Il a quelques petites consignes à suivre, assez pour lui mettre la puce à l’oreille qu’il y a quelque chose de louche derrière tout ça, mais à quoi bon s’en inquiéter ? Que pourrait-il vraiment se passer ? Il a juste à récupérer son argent, qui lui est déposé dans son véhicule en son absence, une fois seulement qu’il est revenu chez lui. Et puis si personne ne veut de ses conseils, il n’a qu’à profiter de ce temps pour travailler sur ses dossiers en cours, notamment un procès qui approche. Il se rend rapidement compte qu’il n’est pas le seul à venir de la sorte au club, même un plombier vient dispenser ses conseils, mais il n’a pas le droit d’adresser la parole à ces autres personnes qu’il croise. Ces quelques personnes, lui compris, paraissent bien seules, sont blanches et conduisent des bagnoles plus que banales. Un peu tout le contraire des noirs qu’il voit parfois se faire régulièrement contrôler par les flics, quand lui circule sans jamais le moindre souci, sur la route qu’il emprunte pour aller au club…
On saisit vite l’intrigue du roman mais on n’en prend pas moins de plaisir à le lire. La connaissance évidente du système judiciaire par l’auteur et l’intelligence du regard qu’il porte sur ses personnages et la société qui les entoure, font de cette lecture un pur plaisir. Il y a dans l’écriture de Iain Levison un tel degré de savoir-faire en termes d’écriture, ainsi que d’expérience de la vie tout simplement, qu’on se régale véritablement.
Avec Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques, Iain Levison livre un roman jubilatoire. Une critique caustique du système judiciaire américain écrit d’une main honnête, sincère et intelligente. C’est très bon et on ne peut plus pertinent.
Brother Jo.
Autres romans chroniqués:
UN VOISIN TROP DISCRET, POUR SERVICES RENDUS, ILS SAVENT TOUT DE VOUS.
Laisser un commentaire