Chroniques noires et partisanes

LA PISTE DU VIEIL HOMME d’Antonin Varenne / La Noire / Gallimard.

Dès son plus jeune âge, Antonin Varenne a découvert le monde avec ses parents en voguant sur les océans. Cette passion est restée et l’Islande, le Mexique, les Appalaches seront autant d’étapes dans l’apprentissage de l’homme qui deviendra plus tard un auteur. Il publie cette année son onzième roman et, malgré une œuvre conséquente et très diversifiée (polar, noir social ou aventure comme ici), sa présence semble bien trop discrète par rapport à son talent.

“Simon, septuagénaire, a depuis longtemps rompu avec la France et avec ses enfants. Il est installé depuis des années à Madagascar, où il a monté une petite affaire de tourisme.

Mais lorsqu’une lettre de sa fille lui apprend que son frère, Guillaume, est lui aussi à Mada et qu’il ne donne plus signe de vie depuis plusieurs mois, Simon part aussitôt à sa recherche…”

On peut envisager deux lectures du titre La piste du vieil homme. Tout d’abord bien sûr, le périple dangereux qu’entreprend Simon à l’automne de sa vie, entre introspection et sûrement résilience, hanté par les souvenirs d’une autre vie, les erreurs du passé, les petits abandons, les silences assassins, l’éloignement et la volonté de se montrer à la hauteur vis à vis de sa fille. C’est dans ce but qu’il va tenter de sauver son fils qu’il considère pourtant comme un escroc en fuite. Il se lance donc sur ce Styx poussiéreux en buggy d’un autre âge mais pour autant, lui qui n’aspire qu’à fumer tranquille en buvant une bière en regardant la mer pendant des heures, n’y voit pas là l’ultime étape de sa vie. La filiation, un thème cher à l’auteur, éclaire à nouveau l’histoire.

La piste du vieil homme est aussi le nom de la piste la plus reculée et la plus inhospitalière de l’île. C’est donc à une découverte de Madagascar que nous convie Antonin Varenne et si on tremble pour Simon dans cette odyssée, on est aussi confondu par certaines rencontres. Des personnes solaires qui n’ont rien et qui donnent tout, de vraies leçons de vie, d’humanité qui dépassent souvent l’entendement et qui parfois permettent de relativiser nos soucis. Le propos est souvent bienveillant mais s’avère percutant pour dénoncer ceux qui, comme un peu partout dans le monde, cognent sur les faibles et pillent les richesses. Le propos est très humain, l’empathie est visible mais ce n’est pas nouveau et jamais feint chez Antonin Varenne. L’écriture est belle, l’histoire passionnante malgré son apparente simplicité, éloignée bien sûr du romanesque et de la superbe de sa trilogie entamée par Trois mille chevaux vapeur, poursuivie par Équateur et La toile du monde mais ayant cette belle faculté, pour un temps, de nous ouvrir un peu les yeux.

“Sur la piste, le temps a passé ! Mais il en reste encore”.

Merci Antonin, revenez-nous vite.

Clete.

2 Comments

  1. Antonin

    Merci.

    • clete

      Ce fut un bonheur.

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