Chroniques noires et partisanes

Étiquette : rivages (Page 1 of 7)

FILS PRODIGUES de Colin Barrett / Rivages.

Wild Houses

Traduction: Charles Bonnot

Georgie.
C’est le chien.

«C’est quoi comme race ?
– C’est le chien de la mère, répondit Dev. »

Dev. Un géant.
« Guette ses paluches, renchérit Sketch. On dirait des godets de pelleteuse. » 
Un costaud que tout le monde supposait débile parce qu’il ne se défendait jamais, n’était pas bavard et qu’il vivait « au milieu de nulle part » dans la maison de sa mère qu’il avait trouvée morte dans le potager.
Seul avec sa douleurs dans sa tête, « insaisissable et granuleuse. », sa migraine nébuleuse et flottante, crissant contre les recoins de ses pensées. »


« Dev se considérait comme un rien. Il était calme et discret, mais pas à un point qui sortait de l’ordinaire. »

Mais l’histoire ?

D’abord, il y a quelque chose d’étrange dans ce livre :
Pour moi, tout se passe comme si Colin Barrett avait écrit, dans la même veine que les sept superbes nouvelles qui constituent son livre Jeunes loups paru en 2016, un très beau texte sur le personnage magistral de Dev (et son chien ). Et un autre sur la lucide, généreuse et bosseuse Nicky. Et j’aurais beaucoup aimé ces deux nouvelles.

L’écriture est précise, ciselée, dense, sensible et j’aurais partagé l’enthousiasme des critiques.

Et puis on dirait que l’auteur a imaginé que ces deux personnages feraient tout aussi bien les sujets d’un beau roman…Il a alors bricolé à la va-vite une intrigue un peu faiblarde sur fond de peinture sociale…désenchantement, picole, drogue…

Et à partir de là ?

« On est dans la merde, Georgie », lance Dev dans la nuit.

Dans le comté de Mayo, en Irlande, Les Ferdia, deux dangereux escrocs kidnappent le jeune frère d’un trafiquant de drogue minable qui leur doit une grosse poignée de billets. Comme ils se sont insinués petit à petit dans la vie et la maison de Dev ils y planquent le gamin et donnent leurs ordres…

L’écriture se délaie, se délite. Le livre se vide de sa substance, s’effiloche…

Et on est déçu de voir l’émotion soulevée par Dev (et le chien !), la mélancolie, l’humanité, se dissoudre dans la banalité d’une écriture qui cède à la facilité…

Soaz.

CLETE de James Lee Burke / Rivages.

Clete

Traduction: Christophe Mercier

« L’incontrôlable Clete Purcel retrouve sa Cadillac pillée par un gang lié au trafic de drogue. Il se sent personnellement atteint car sa petite nièce est morte d’une overdose de fentanyl. Il va partir en croisade avec son fidèle ami Robicheaux et mettre au jour une affaire autrement plus complexe et dangereuse. »

James Lee Burke est le meilleur auteur de polars vivant. Souvent imité, jamais égalé, le vieux Texan année après année nous sort un nouvel épisode d’une de ses deux séries. La première suit la famille texane Holland à diverses époques de l’histoire très tourmentée de l’état dont est originaire James Lee Burke. La seconde série qui nous intéresse aujourd’hui, la plus populaire, l’immanquable, l’inimitable est consacrée à « Belle Mèche » Dave Robicheaux, Cajun pur jus, flic par intermittences à New Iberia au fin fond du bayou louisianais. Cette série se compose de vingt-quatre histoires où Robicheaux combat le Mal aidé de Clete Purcel, son fidèle ami depuis leurs débuts ensemble au NOPD, la police de la Nouvelle Orleans. Robicheaux est parti s’installer ensuite dans le bayou pendant que Clete Purcel entamait une carrière de détective privé dans la fournaise de la Big Sleazy. Pour autant, la séparation n’a pas nui à leur amitié, »podnas » pour la vie.

En 2019, Burke avait sorti un roman simplement intitulé Robicheaux censé se centrer sur Dave, un focus qui s’était avéré vain tant la série est déjà centrée sur lui, le clone littéraire de son auteur… Signalons que Robicheaux a été interprété à l’écran en 1996 par Alec Baldwin de manière très anecdotique dans Vengeance froide inspiré de Prisonniers du ciel, le deuxième volet de la saga où se crée vraiment le mythe Dave Robicheaux. Tommy Lee Jones a revêtu aussi le costume du flic de New Iberia qui lui allait impeccablement, magnifié par la caméra du grand Bertand Tavernier dans In the Electric Myst, adaptation du petit bijou Dans la brume électrique avec les soldats confédérés, une des rares histoires dont Clete Purcel est absent.

Consacrer cet opus à Clete Purcel semble être une idée bien plus réjouissante. Et elle le sera particulièrement, mais reconnaissons que les fans de l’auteur vivront également des hauts mais aussi des bas, alternant le meilleur et le moins bon de Burke… et chacun mesurera sa tolérance, sa bienveillance face aux erreurs commises par le meilleur d’entre les meilleurs sur cette histoire. Mais consacrons-nous à ce Clete Purcel, électron libre aux tendances psychopathes avancées, brute épaisse se fondant en gros nounours pour les femmes en difficulté, une énigme et un danger.

Clete tel qu’il se présente au début :
« Dave ne deshonora jamais son insigne, moi, si. J’ai accepté des pots-de-vin de la mafia, j’ai buté acidentellement un témoin fédéral, j’ai dû me tirer vite fait de Big Sleazy et rejoindre les gauchos au Salvador. J’ai aussi travaillé pour les Ritals à Las Vegas, Reno et dans le Montana, où ils tentaient de construire sur Flathead Lake des casinos dans le style du Nevada, ce qui aurait transformé l’Etat en toilettes géantes. »

James Lee Burke est né à Houston au Texas le 5 décembre 1936 et aura donc 89 ans en fin d’année. Chaque année, il nous gratifie d’un nouveau roman. Un bonheur, mais jusqu’à quand cette petite magie ?
Inévitablement, vu son âge, sans vouloir l’offenser, peut-être que certaines fonctions s’affaiblissent. Burke semble connaître une légère faiblesse avec la temporalité, le temps de manière générale. Il y a quelques années, il avait déclaré que sa fille Alafair, auteure également, le suppléait. Mais ça ne semble plus suffire tant certaines erreurs sont regrettables. Que Burke ne soit plus trop au point avec la chronologie, la temporalité on peut aisément le comprendre mais visiblement personne chez l’éditeur ricain n’a fait le boulot. Par le passé, s’étaient déjà produites quelques erreurs mais on faisait semblant de ne pas les voir. Là, reconnaissons qu’il n’y a eu aucun travail éditorial et c’est bien dommage parce qu’on voit rapidement qu’il y a des trucs qui déconnent. Dans ce roman situé en 1998, Burke parait inclure des éléments de 2025 et qui n’étaient d’aucune actualité à l’époque. En 1998, les USA ne souffraient pas encore d’une génération d’ados le portable collé à la tempe et ne subissaient pas non plus une invasion de fentanyl. Plus grave ou plus risible, dans tous les cas, regrettable, Clete, à un moment, s’épanche sur l’extrême solitude de Dave et parle de ses malheurs avec ses épouses et particulièrement de la quatrième, décédée dans un accident de voiture… c’est bien triste tout ça mais totalement déplacé puisque en 1998, Robicheaux ne peut pas la regretter puisqu’elle est bien vivante et qu’il ne l’a pas encore rencontrée. Sept ans après, dans Swan Peak elle part dans le Montana avec Robicheaux pour oublier le traumatisme de Katrina qui s’est produit fin août 2005.

D’autres confusions nées peut-être d’un certain manque de viligance de l’auteur font que les pensées et considérations sur la vie de Clete sont identiques à celles qu’on attribuait avant à Robicheaux. Des réflexions habituelles sur la guerre mais amplifiées, plus loin dans le passé criminel de l’humanité puisqu’on remontera jusqu’à Roland à Ronceveaux.
Cet angle neuf fait parfois apparaitre Robicheaux comme un simple comparse et il faut un petit moment d’acclimation. Ainsi certains souffriront peut-être d’une légère frustration, reconnaissons néanmoins que cette affaire concerne Clete Purcel et il est donc légitime qu’il soit aux commandes de l’hallali. Comment des types ont-ils pu s’en prendre à la Cadillac de Clete ? Suicidaires, inconscients ou complètement ravagés par la dope ? Toucher à la Cad de Clete ? La Pink Caddy de Clete, c’est un symbole, la monture du cinquième cavalier de l’apocalypse. Quand Robicheaux la voit débouler au soleil couchant dans une nuage de poussière, il sait que les ennuis ont commencé, que Clete a encore commis l’irréparable.

On peut s’interroger sur un choix qui fera sourire le lecteur français. Dans le roman intitulé Dans la brume électrique avec les soldats confédérés, Robicheaux était victime d’hallucinations et taillait le bout de gras avec des soldats morts pendant la guerre de Sécession. Pas de jaloux, Burke fait subir le même traitement à Clete Purcel mais dans une version XXL. Clete, lui, est en communication avec…Jeanne d’Arc et son armée de 50 000 soudards français. La Pucelle d’Orléans le guidera tout au long du roman. Sans commentaire…

Alors Clete vaut-il la peine d’être lu ? Evidemment, c’est du Burke, du Robicheaux et c’est même une succulente énorme madeleine de Proust pour les admirateurs de Burke, un roman immanquable. Faisant référence à plusieurs histoires anciennes, Burke ravive les mémoires, fait ressortir des détails cocasses oubliés comme cette liaison improbable entre Clete Purcel et Helen Soileau.

Burke est un écrivain formidable et sa plume, une fois de plus, éclabousse le roman de sa classe. Le vieux cowboy n’a rien perdu de son talent pour balancer des répliques assassines et c’est un régal. Alors, bien sûr, on regrettera que la fin ne résolve pas tous les mystères. Il faudra attendre une suite pour savoir ce qu’il advient de certains nuisibles encore en liberté et de ce mystérieux virus qui menace l’humanité. Mais, avant tout et essentiellement, sachons apprécier à sa juste valeur une nouvelle histoire comme on les aime tant et savourons cette chance d’avoir à nouveau vécu quelques grandes heures avec le duo Dave Robicheaux/Clete Purcel. Merci monsieur Burke.

Clete.

Burke chez Nyctalopes: UN AUTRE EDEN, LES JALOUX , UNE CATHÉDRALE À SOI, NEW IBERIA BLUES, ROBICHEAUX, LA MAISON DU SOLEIL LEVANT, TEXAS FOREVER 

PS: une curiosité à la gloire de James lee Burke !

MOURIR EN JUIN d’Alan Parks / Rivages.

To Die In June

Traduction: Olivier Deparis.

Mourir en juin est le sixième volet d’une série signée Alan Parks qui devrait en compter douze, un par an représentant un mois de l’année, explorant la criminalité à Glasgow au milieu des années 70.

Cette série met en valeur les enquêtes de Harry McCoy, flic porté sur les excès en tous genres, plus amical avec la pègre glaswégienne qu’avec sa propre hiérarchie et beaucoup de ses collègues. Franc-tireur, parfaitement à l’aise dans les bas-fonds, il se traîne de pubs borgnes en clubs glauques pour investiguer, aidé par un adjoint précieux nommé Watson comme un certain docteur et par un caïd local Cooper avec qui il a partagé les douleurs d’une éducation en foyers.

« Un premier cadavre est découvert à la fin du mois de mai. Il est identifié par Harry McCoy comme étant celui de « Govan Jamie », un clochard qui vivait à la rue. McCoy connaît bien la communauté de ces sans-abri, alcooliques, miséreux et solitaires : son propre père vit parmi eux. McCoy et son adjoint Wattie ont été temporairement « relocalisés » au commissariat de Possil dans le cadre d’une restructuration de la police de Glasgow. L’inspecteur s’y trouve confronté à une femme éplorée qui affirme que son petit garçon a disparu. Lorsqu’il demande à voir une photo de l’enfant, la mère répond qu’elle n’en a pas. Le père, pasteur, est à la tête de l’Église des Souffrances du Christ dont les préceptes interdisent toute représentation. Mais le plus étrange dans cette histoire est que personne, dans le quartier ou ailleurs, ne semble avoir entendu parler de cet enfant. »

Avec un tueur de vieux SDF, une secte qui semble développer une histoire inquiétante avec un gamin qui n’existe peut-être pas et une mission d’infiltration dans un commissariat, McCoy ne va pas chômer. Entre histoire personnelle et affaires urgentes, il se lance dans une enquête, forcément alcoolisée mais moins qu’à l’accoutumée. L’investigation est de qualité et permet de se frotter aux plus mal lotis de la cité écossaise. On n’est pas trop inquiet néanmoins pour McCoy vu qu’on sait que la série fait ses douze volumes et on voit mal Parks supprimer son principal atout, ex aequo avec les terribles instantanés sur la sombre Glasgow.

Forcément, une fois arrivé à la sixième histoire, le lecteur sent beaucoup mieux les enquêtes, l’architecture des romans, certaines redondances (comme les multiples épisodes à l’arme blanche) mais reste agréablement surpris par certaines affaires et l’émotion qu’elles peuvent développer.

Pour le néophyte, ce roman (sans atteindre les sommets de Joli mois de mai de très loin le meilleur) s’avère néanmoins une bonne manière d’entrer dans la série et de découvrir un bon auteur de polars écossais. Les stigmates et scories de McCoy, sans être totalement clichés, sont généralement associés aux flics cabossés : une enfance malheureuse, des addictions, sont développés ou rappelés dans Mourir en juin. Enfin si cet univers écossais des années 70 vous séduit particulièrement, tentez donc Retour de flamme de Liam McIlvanney, un must.

Classique mais néanmoins une valeur sûre.

Clete

L’ARGENT DE MES AMIS d’Elie Robert-Nicoud / Rivages.

Elie Robert-Nicoud qui nous a quittés l’an dernier à la veille de ses 60 ans, avait été entraîneur de boxe, traducteur, chroniqueur, éditeur et écrivain. Il avait aussi publié des romans chez Rivages Noir sous le nom de Louis Sanders, des polars situés dans une Dordogne qu’il adorait, souvent peuplée d’Anglais un peu perdus. On vous a déjà présenté son sympathique précédent roman, l’histoire étonnante d’un braquage très gonflé perpétré pendant un combat de boxe historique de Mohamed Ali, Deux cents noirs nus dans la cave. Changement de lieu et d’ambiance pour ce dernier rendez-vous avec Elie Robert-Nicoud.

À la mort soudaine de son ami et voisin Michel, Gilbert apprend que celui-ci était en fait richissime. Face à la pauvreté qui grève son quotidien, il cède à la tentation de s’accaparer sa fortune. Or, dans cette région isolée, ses agissements maladroits éveillent les soupçons et les convoitises de son entourage. Prêt à tout pour cacher son forfait, Gilbert s’enfonce dans une spirale irréversible de mensonges…

Au fin fond du Périgord noir et perdu, Gilbert, honorable vieillard entre en délinquance, aidé en cela par un employé de banque… original mais peu professionnel, semblant sorti de l’univers fantasque d’un Franz Bartelt. Gilbert n’est pas trop fier de lui mais ses mensonges, le cadavre caché dans un congélateur, ses petites facilités nouvelles dans la vie, tout ça, ça tient à peu près jusqu’au jour où apparait le neveu du défunt, tout juste sorti de taule et en quête d’un peu d’oseille facile récupérée dans le giron familial. Pas facile le gaillard, suspicieux devant l’absence prolongée de son oncle, prompt à balancer des beignes à sa compagne et décidant d’attendre sur place le retour de son tonton adoré… Gilbert ne fait plus le malin. Peut-il compter sur l’aide de son voisin anglais, pas au mieux en ce moment ? Plus de boulot, femme partie, plus d’argent et donc plus d’alcool à engloutir pour oublier sa misère…

Joli conte noir, L’argent de mes amis séduira tous ceux qui désirent un cadre romanesque chaleureux aux notes humoristiques très prononcées. La tension monte petit à petit, la peur de Gilbert croît et le vieil homme en panne de solutions doit se résoudre à prendre comme allié un Anglais alcoolo. Le roman déborde de tendresse, se lit avec un sourire constant et on n’a pas envie que cela se termine mal… mais va savoir les auteurs sont parfois fourbes.

Clete.

LES VAGABONDS de Richard Lange / Rivages Imaginaire

Rovers

Traduction: David Fauquemberg

Deux frères quasi immortels, des « vagabonds » vivant la nuit et se nourrissant de sang humain, traversent le Sud-Ouest américain dans les années 1970 pour échapper à un gang de motards meurtriers et protéger une jeune femme.

Sachant que c’était une histoire de vampires en 1976, on aurait pu passer notre tour mais cela signifiait aussi tout bonnement rater le nouveau roman de l’auteur de Angel Baby et de La dernière chance de Rowan Petty superbes polars sortis chez Terres d’Amérique d’Albin Michel.

Avertissement préalable et nécessaire, il faut quand même aimer les flots d’hémoglobine pour réellement apprécier le roman, lisez bien couverts parce les “vagabonds” n’ont pas le romantisme et la délicatesse des vampires d’antan. Ils bouffent vraiment comme des sagouins et en font gicler partout. On sait que le sang tient le rôle principal des histoires de vampires, néanmoins ici, on manque parfois de se noyer, un peu comme dans les films de Dario Argento.

En fait, l’histoire démarre très sympathiquement avec deux vagabonds qui évoquent irrésistiblement le duo de Des souris et des hommes. Ils sont la première voix. Ensuite, on change de monde, on est plus dans Sons of Anarchy avec une horde de vagabonds bikers qui poursuivent les deux types sortis de chez Steinbeck. Le troisième récit est celui d’un chasseur de vampires qui veut venger la mort de son fils et traque les deux groupes. Tous finiront par se retrouver à Las Vegas pour un final sanguinolent. Auparavant, un road trip dans le Sud, motels glauques, relais routiers blafards… vous connaissez déjà. “Les vagabonds”, ces hobos du XXIème siècle.

Tout cela peut paraître bien étrange en apparence, mais il y a le talent de Richard Lange pour orchestrer l’ensemble. C’est vraiment un type qui sait écrire et il n’a rien perdu de sa veine stylistique ni de son talent à faire progresser son histoire. Il vous emballe très vite, la marque des grands et là, ses deux personnages héritiers de Steinbeck, c’est du velours, vous avez envie de les connaître. Les autres, moins peut-être.

C’est après que cela se gâte un peu, vers la moitié du roman quand le seul personnage pour qui on frissonne un tantinet est le premier à mourir. Très étonnant chez Lange de ne pas maintenir un soupçon d’empathie. La seconde partie consiste en fait un peu à un jeu de massacre entre vagabonds qui plaira sûrement mais en lassera aussi beaucoup. Après, comme on dit, les goûts et les couleurs, et puis Richard Lange a bien le droit d’écrire ce qu’il veut.

Une histoire de vampires, une rupture dans l’œuvre de Richard Lange, une  petite déception…

Clete

PERMANENT MIDNIGHT de Jerry Stahl / Rivages

Traduction: Emmanuelle et Philippe Aronson

Ex-scénariste à succès et ex-junkie, voici Jerry Stahl cloué à un lit d’hôpital alors qu’il vient d’être opéré des testicules pour cause de résidus toxiques laissés par une consommation exubérante de drogues. Circonstances idéales pour se pencher au-dessus du gouffre de ses années d’addiction et purger ses péchés.

Découvert cette année avec le brillant NEIN, NEIN, NEIN ! La dépression, les tourments de l’âme et la Shoah en autocar publié chez Rivages, je n’avais depuis qu’une seule envie, en lire plus de Jerry Stahl. Avec la parution de Permanent Midnight en poche, publié en 1995 aux Etats-Unis, puis en 2010 en France par les regrettés 13e Note et alors sous le titre Mémoires des ténèbres, c’est l’occasion parfaite pour me plonger plus encore dans son œuvre. 

Si vous ne vous êtes jamais drogué, il est peu probable que Jerry Stahl ne vous donne envie de vous y mettre. Si vous vous êtes déjà drogué dans des proportions similaires, vous n’aurez probablement pas envie de vous y remettre après cette lecture, si tant est que vous ayez réussi à décrocher. Et si vous cherchez un livre à mettre entre toutes les mains et à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, Permanent Midnight est certainement celui qu’il vous faut. Accrochez bien votre ceinture car Jerry Stahl nous embarque pour un voyage qui secoue violemment, celui de sa propre descente aux enfers, qu’il nous raconte sans filtre et avec un sens de l’humour parfaitement corrosif. Certains doivent probablement penser qu’il faut être un peu masochiste pour avoir envie de lire les confessions d’un polytoxicomane qui écrit avec une aiguille plantée dans le bras. Ce que je peux comprendre. Mais s’en priver, c’est risquer de passer à côté d’un (très très) bon livre, qu’importe le sujet et même si cela doit remuer des choses difficiles. 

Quelqu’un à qui j’ai recommandé Permanent Midnight avant même de l’avoir terminé m’a dit que c’est un peu du Bukowski avec la dope à la place de l’alcool. Il y a définitivement de cela. A ça s’ajoute l’esprit gonzo sauce Hunter S. Thompson. On peut aussi faire un rapprochement avec le William S. Burroughs de Junky. Une certitude c’est que Jerry Stahl est clairement à la hauteur de ces quelques noms cités. 

Le Jerry Stahl de Permanent Midnight est un scénariste reconnu pour son talent. Il est demandé et est capable de gagner des sommes non négligeables d’argent, jusqu’à 5000 dollars par jour. Il est également marié, finit par avoir une petite fille et vit dans une belle grande maison. Mais il y a l’envers du décor. Une double vie menée par notre auteur. Une vie de junkie tourmenté d’une profonde solitude. Son argent et celui d’autres personnes, il le claque pour s’enfiler des quantités monstrueuses de drogues. Une consommation qui régit et empoisonne sa vie. Cette vie d’addict il nous la raconte dans toute sa brutalité, son absurdité et sa laideur, en ne nous épargnant aucun détail. C’est très cru et parfois très glauque. Il est difficile d’oublier des scènes telles que Jerry se rendant sur un deal d’héroïne dans un endroit sordide avec son bébé dans les bras, ou encore se piquant devant la même enfant, en espérant que celle-ci ne s’en souvienne jamais. Tout ça toujours sur le ton de l’humour bien noir, nous menant vers de grands moments de rire quand bien même nous sommes portés par un profond désespoir. Il se met à nu, sans jamais chercher à paraître à son avantage et en semblant toujours honnête.

Les années défilent, les quantités de dope aussi mais sans mener pour autant à une fin du livre moraliste et pleine d’espoir, comme cela peut souvent être le cas. En fait, il n’y a pas de véritable dénouement. Si Jerry Stahl s’en est sorti depuis, les dernières pages laissent entendre que rien n’est gagné et que, malgré les multiples tentatives de décrocher, c’est le travail d’une vie qui lui reste à accomplir.. Et puis, quelles dernières pages ! Avec un Jerry Stahl à l’agonie, complètement paumé en pleines émeutes à Los Angeles, qui écrit : « JE SUIS UNE VILLE EN RUINE, je m’entends déclarer à un moment donné. JE BRÛLE MAIS NE PEUX PAS ME CONSUMER… ».

Dans son genre, Permanent Midnight est un chef-d’œuvre. Un classique voué à faire éternellement référence dans une certaine littérature de la drogue mais dont la portée va bien au-delà. Une lecture aussi tragique que comique qui reste gravée en mémoire. Il serait peut être sensé de dire aux âmes sensibles de s’abstenir, pour autant, je vous le dis sans détour, c’est un livre à lire absolument.

Brother Jo.

L’ENQUÊTEUR AGONISANT de Leif GW Persson / Rivages

Den döende detektiven

Traduction: Esther Sermage

“Lars Martin Johansson est une légende vivante. Rusé et perspicace, il est connu dans la police criminelle comme « l’homme qui voyait derrière les coins ». Aujourd’hui, il est à la retraite et ses années de service sont derrière lui. C’est du moins ce qu’il pense. Après avoir subi une attaque cérébrale, Johansson se retrouve à l’hôpital. La seule chose qui peut le sauver du désespoir est la mention par son médecin d’une affaire de meurtre non résolue. La victime : une fillette de neuf ans. Avec l’aide de son assistante, d’une détective amateur et d’un orphelin qui a un intérêt personnel dans l’histoire, il se lance dans une enquête informelle depuis son lit de convalescence.”

L’enquêteur agonisant est un “cold case”, l’enquête retournant vingt cinq ans plus tôt, à peu près à l’époque de l’assassinat d’Olaf Palme, resté lui aussi, non élucidé. Alors, on peut très bien lire ce roman comme un “one shot” si on ne connaît pas l’auteur ni son héros qu’on aborde handicapé et diminué. Néanmoins, certains se souviendrontcertainement des six autres histoires dont il est le héros. Est cité également Evert Bäckström, flic incapable et odieux à qui Persson a consacré une trilogie s’achevant par La véritable histoire du nez de Pinocchio dont Nyctalopes vous a parlé il y a fort longtemps.

Le roman daté de 2010, a été récompensé du Glass Key Award, décerné au meilleur roman scandinace de l’année et curieusement avait dû rester au fond d’un tiroir chez Rivages. L’oubli a été réparé fort heureusement cette année parce que les fans de Lars Martin Johansson auront certainement beaucoup de plaisir à le retrouver dans une nouvelle investigation et surtout dans un roman crépusculaire qui marque la fin, à ce jour, de la série qui lui est consacrée.

Sorti en juin, un peu en bouche trou, L’enquêteur agonisant s’avère être un bon polar mariant avec bonheur suspense, investigation très fine, accents politiques et humour particulièrement corrosif, donnant une envie certaine de se plonger dans les précédents. N’insistant pas spécialement sur son côté scandinave si on excepte le schnaps, les saucisses et le chou, Persson intéresse d’emblée et captive tout au long de 445 pages sans une goutte de sang ou réel acte de violence. 

C’est très malin, de la belle orfèvrerie dont est coutumier un auteur également criminologue de renom. Un vrai polar, très fin.

Clete.

LES JALOUX de James Lee Burke / Rivages

The Jealous Kind

Traduction: Christophe Mercier

Et voilà le Burke de l’année. On peut parfois s’interroger sur la longévité de l’auteur et la régularité de sa production, l’homme fêtera son 87ème anniversaire en décembre. On a ici un élément de réponse avec les remerciements de fin où il évoque l’aide de sa fille Pamala  dans l’écriture de ce roman. 

Alors, la mauvaise nouvelle pour commencer: ce n’est pas un Robicheaux ! Mais peut-être, je dis bien peut-être que ce n’est finalement pas un mal tant les derniers semblaient montrer un certain essoufflement dans la saga de “Belle Mèche”. Des intrigues repiquées sur les précédentes, une façon assez dérangeante de faire tourner très vieux con réac notre brave Dave Robicheaux. Malgré le plaisir jamais égalé de lire de nouvelles aventures en provenance du bayou, c’était quand même peut-être moins bon qu’auparavant et on pouvait avoir tendance à rester ébloui par les souvenirs de temps meilleurs. D’ailleurs, on n’est pas près de retrouver notre justicier de New-Iberia et son pote Clete Purcel avant longtemps, si on le revoit un jour, vu qu’il n’apparaît pas dans les trois dernières sorties américaines depuis 2021.

Lu un peu partout  dans la présentation du roman aux USA comme en France, Les jaloux, fait partie de la saga de la famille Holland, commencée en 1971 avec Déposer glaive et bouclier avec Hackberry Holland que l’on retrouve en 2017 dans Dieux de la pluie puis dans La Fête des fous. On a aussi rencontré Billy Bob Holland, avocat texan, au fil des quatre histoires sorties dans les années 2000. Citons aussi Weldon Holland, le personnage principal de Wayfaring Stranger pour l’instant inédit en France et Aaron Holland Broussard qui nous intéresse aujourd’hui. Ils sont tous les quatre les petits-fils d’un autre Hackberry Holland,Texas Ranger, découvert il y a quelques années dans un très baroque La Maison du soleil levant. Alors tout cela semble bien compliqué à suivre et finalement n’est pas  très utile car tous ces romans peuvent se lire comme des “one shot” pour les fans de Burke et les autres, au gré des préférences personnelles, avec un large éventail allant du pur western à des histoires texanes beaucoup plus contemporaines. La Louisiane où sont situées beaucoup d’histoires de Robicheaux lui est chère, mais, il est avant tout texan et la famille Holland “sévit” presque exclusivement dans le “Lone Star State”. Si vous voulez vraiment lire les différentes sagas dans l’ordre chronologique, le site de l’auteur vous aidera à vous y retrouver à travers un arbre généalogique de la famille Holland.

“1952, Houston, Texas. La vie s’écoule au rythme des fifties, dans une ambiance insouciante. C’est l’époque des grosses cylindrées, des juke-box, des drive-in, des amours sur les banquettes arrière, et surtout, c’est le boom du pétrole. Comme tous les jeunes gens de son âge, Aaron Holland Broussard emprunte la voiture de son père pour aller se promener au bord de la mer à Galveston. C’est là que son destin bascule. Il surprend une violente dispute entre une jeune fille nommée Valérie Epstein et son « boyfriend », Grady Harrelson. Il s’en mêle et, dans le même moment, tombe éperdument amoureux de Valérie. Il ne sait pas qu’il vient de se mettre à dos la riche et puissante famille Harrelson. Dans ce coin de l’Amérique, les familles bien nées et les mafieux ont tissé des liens contre nature et il ne fait pas bon se mettre en travers de leur chemin, Aaron l’apprendra à ses dépens.”

Les jaloux est avant tout un roman d’apprentissage où le jeune Aaron est confronté à un monde adulte bien plus violent qu’il ne le pensait. Il prend conscience de l’alcoolisme de son père, du trouble bipolaire de sa mère, de la violence des profs, de la couardise des flics, du combat que peut être la vie si l’on n’est pas bien né. Nombre de convictions, de croyances sont ébranlées, des statues déboulonnées…

Les jaloux est aussi un superbe roman noir comme seul James Lee Burke sait les écrire. On y retrouve bien sûr la lutte du bien contre le mal : des nantis qui écrasent les humbles, les pauvres, les émigrés, associés comme toujours avec les mafieux de la pire espèce. Burke sait créer une angoisse par les situations mais aussi par des silences. Beaucoup de personnages sont très troublants, équivoques, et comme Aaron, le lecteur sent le danger mais ne sait pas sous quelles formes le tourment et l’horreur vont apparaître ni qui ils vont toucher. 

Dans ce roman génialement bercé par de nombreux morceaux de jazz, de blues et de country, la zik de Hank Williams ou de Albert Ammons, c’est l’Amérique d’un certain âge d’or du cinéma qui nous est contée, jeunes filles en jupes à fleurs, pantalons “drapes”, drive-in, grosses cylindrées, “greasers”, crans d’arrêt…Et puis franchement Aaron et son pote “catastrophique” Saber, sont très proches du duo Robicheaux / Purcel. Comme toujours chez l’auteur, le final, c’est du pur western. L’épilogue est très beau, déchirant, à vous faire chialer.

Mais ce n’est pas tout… Aux USA sont déjà sortis Another Kind of Eden et Every Cloak Rolled in Blood qui poursuivent l’histoire de Aaron Broussard Holland, devenu adulte.

Enfin, et pour tous les fans de l’auteur, il faut savoir que, comme son héros, Burke a eu seize ans en 1952 à Houston. Deux fois dans le roman, Aaron exprime le souhait de devenir écrivain un jour. Des éléments qui permettent de penser, et les deux romans encore inédits ne le démentent pas, bien au contraire, que le vieux Jim a écrit peut-être là ses histoires les plus autobiographiques, souvent très touchantes.

“Quand j’entends parler de guerres, ou de rumeurs de guerres, et que je suis las des côtés destructeurs de mes semblables, je pense à Valerie Epstein assise à côté de moi dans ma  bagnole le dernier jour de l’été 1952, tous deux dévalant dans un grondement le boulevard de Galveston Island, le soleil comme une boule fondue plongeant dans le golfe, les vagues d’un vert ardoise ourlées d’écume avant d’exploser sur la plage en une brume iridescente. Les étoiles étaient déjà apparues, le drive-in où nous nous étions rencontrés enveloppé de néons jaunes et rouges, les voitures garées sous la canopée brillant à la lumière comme un sucre d’orge. Quand elle se rapprocha de moi et appuya sa tête contre mon épaule, ses mains serrant mon bras, je sus que nous ne mourions ni l’un ni l’autre, que la vie était une chanson…”

Certes ce n’est pas du Robicheaux mais c’est un putain de bon roman.

James Lee Burke, à jamais le meilleur !

Clete.

FEEDBACK de Jakub Zulczyk / Rivages

Traduction: Kamil Barbarski et Erik Veaux

“Marcin Kania, star du rock polonais tombée dans l’alcoolisme, est surtout connu pour avoir composé un tube rebelle et ironique, “Je t’aime comme la Russie”. A plus de cinquante ans, père de deux enfants et marié à une femme qui ne supporte plus ses agressions et ses infidélités, il aurait sans doute complètement sombré sans ses droits d’auteur et sa réputation de légende. Mais lorsque son ancien producteur lui propose d’investir dans une affaire juteuse, Marcin est bien loin de se douter de l’enfer qui l’attend. Son fils disparaît, et c’est le début d’une plongée dans le monde mafieux de l’immobilier post-communiste.”

On avait découvert Jakub Zulczyk en 2021 avec Éblouis par la nuit, plongée terrible dans le Varsovie de la nuit, un monde gothique et psychédélique noir sous le signe des addictions les plus diverses et les plus mortifères. Le roman était douloureux, ressemblant aux pires histoires de Brett Easton Ellis. Les mafieux polonais étaient déjà de la partie et en apparence, on se dit que l’on a affaire ici à une sorte de bis repetita

En fait, c’est bien pire, plus dégueulasse, plus glauque, dans les sales effluves de l’alcool. On suit Marcin Kania à la recherche de son fils. On est dans sa tête pendant plus de cinq cents pages parsemées de sang, de vomi, de sperme et de larmes, beaucoup de larmes. C’est un roman très éprouvant, rien à se raccrocher surtout pas à Marcin Kania, lamentable clown au cerveau crâmé par la gnole et semant le malheur et la désolation autour de lui.

On n’est pas dans un polar même si on y croise plusieurs fois un flic, lui aussi très imbibé. On découvre les pratiques mafieuses, mais avec la perte de son entendement et noyé dans des litres de vodka, Marcin n’est pas de taille à lutter D’ailleurs, peut-on croire les délires d’un mec bourré ? Peut-on faire confiance à un mec qui picole? Peut-on croire à ses promesses? Peut-on supporter longtemps son auto apitoiement et ses pleurnicheries? Jusqu’ où peut-on aller dans la compassion ? Toutes celles et tous ceux qui ont vécu le drame de l’alcoolisme de manière directe ou indirecte retrouveront dans ce cloaque des moments douloureux de leur vie. Jackub Zulczyk montre cet enfer sans fard, salement mais aussi très, très justement. Le cauchemar de l’alcoolique mais surtout celui des proches…

A la fin du roman, on se sent crade, souillé, bousillé par tant d’outrances. On aura trouvé pas mal de redites, les mêmes causes et invariablement  toujours les mêmes effets, mais c’est aussi ça, la réalité d’une vie dégueulasse que certains choisissent et qu’ils imposent à ceux qu’ils disent aimer. On quitte les banlieues blafardes de Varsovie avec un sale goût et le sentiment que Jakub Zulcyzk a visé très juste, trop juste, on suppute quelque chose. Et puis on lit ses remerciements et on comprend : “Je remercie Marysia et Mariusz, mes thérapeutes, qui m’ont amené sur la voie de la sobriété. Je ne veux pas penser à ce qu’il en serait aujourd’hui sans vous”. 

Clete

PS: série Netflix à l’automne.

LE TOURNOI DES OMBRES de Jean-Pierre Perrin / Rivages

Il y a deux ans dans Une guerre sans fin l’ex grand reporter Jean-Pierre Perrin nous délivrait un très beau roman, que nous qualifierons ici très sommairement et injustement, de guerre…L’histoire se situait dans une Syrie ensanglantée et montrait comment des hommes affrontent l’innommable, ce qui les fait tenir, comment on peut être plus fort que le cauchemar dans lequel on se noie et tous ces petits riens qui permettent d’entretenir la flamme de la vie.

Cette année avec Le tournoi des ombres, l’auteur nous introduit dans un autre pandemonium, l’Afghanistan quand les Ricains se carapatent laissant le pays entre les mains sanguinolentes des sinistres Talibans. Perrin reprend un schéma qui de prime abord peut sembler identique à son précédent roman mais qui est en fait une nouvelle variation, une nouvelle danse avec le diable pour trois personnages animés par des sentiments forts, plus forts que la vie, plus forts que la mort. 

“Une romancière à succès, Judith, convainc un ancien commando, Charles, de l’accompagner dans l’Afghanistan en guerre pour se documenter sur Alexandre le Grand. Mais Judith a une motivation secrète : venger son ancien compagnon, flic de l’antiterrorisme, qui s’est suicidé après la tuerie de Toulouse, en 2012. Charles, quant à lui, a également des comptes à régler avec un criminel de guerre russe qui vit dans la région. En parallèle, un étudiant illuminé part à la recherche, en plein pays taliban, du manuscrit perdu d’un grand poète afghan.”

Si, en Syrie, les damnés se battaient pour tenir, un morceau des Stones, tel un mantra, devenant la seule défense face à la souffrance, à la folie, ici c’est leur Highway to Hell qui est raconté…

Comment la vie peut n’avoir plus beaucoup d’importance face à la volonté, la détermination, le but ultime.

Comment l’amour d’un poète disparu depuis des siècles vous guide aveuglément dans une quête impossible et folle.

Comment la mémoire de l’être aimé disparu à cause d’un enculé tueur d’enfants vous fait réclamer le sang des ordures complices. 

Comment le besoin de rédemption peut vous faire devenir un chasseur impitoyable…

Le tournoi des ombres est juste, érudit, un témoignage touchant d’une belle humanité qu’on sent page après page dans la plume de Jean-Pierre Perrin, un roman d’une grande noblesse.

Clete.

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