Chroniques noires et partisanes

COURIR AU CLAIR DE LUNE AVEC UN CHIEN VOLÉ de Callan Wink / Terres d’ Amérique / Albin Michel.

Traduction:Michel Lederer.

S’il est des collections indispensables à l’amateur de littérature américaine, c’est bien LOT49 du Cherche Midi et l’incontournable « Terres d’Amérique » de Francis Geffard chez Albin Michel. Dans l’une comme dans l’autre, c’est le grand souffle, le talent, la classe et surtout à des années lumière de la tentation purement mercantile. Jamais de déception, parfois moins enivré mais toujours séduit par la qualité des bouquins proposés.

Après « le cœur sauvage » de Robin MacArthur au printemps, Terres d’Amérique creuse son sillon d’une Amérique de la Schlitz, des chemises à carreaux, des pickups, du football, une Amérique rurale semblant vraie dans son immense décor des grands espaces ou des déserts humains avec ce recueil de nouvelles de Callan Wink jeune auteur implanté dans le Montana comme guide de pêche à la mouche.

Alors, on connait les réticences du public français à propos des nouvelles au point que certains éditeurs ne se gênent pas pour transformer en roman une série de nouvelles mais Francis Geffard ( entretien Francis Geffard) lui, aime aller chercher ses auteurs sur les bancs de l’école et diffuser leurs cahiers d’écoliers que représentent leurs nouvelles. Voir la genèse, la naissance d’un auteur est vraiment un beau privilège qui nous est offert même si peut naître une frustration de l’attente du premier roman d’un auteur aimé. Pour seul exemple, j’aimerais bien que Jamie Poissant se mette à écrire ce roman tant espéré depuis la lecture des sublimes nouvelles compilées dans « le paradis des animaux ».

Comme chez MacArthur, Callan Wink va nous décrire des petits coins d’Amérique en l’occurrence le Montana avec des petites parenthèses notamment au Texas. Neuf nouvelles qui par le talent d’ évocation de Wink vont vous amener dans le grand nulle part ricain au contact de gens ordinaires dont l’auteur va évoquer les soucis personnels parfaitement universels, des « John Doe » bien souvent invisibles que la compassion et l’humanité de l’auteur vont rendre uniques.

Rien de particulièrement explosif dans ces nouvelles, rien d’extraordinaire, pas de travers sulfureux, pas d’addiction autre qu’une envie de vivre mieux… Plusieurs personnages sont particulièrement touchants, la palme revenant pour moi à Sid dans la nouvelle éponyme du recueil. Sid a volé un chien qu’il pensait malheureux (attention pas n’importe quel chien, un épagneul breton échoué dans le Montana) et doit, bien sûr, affronter le courroux d’un propriétaire peu recommandable.

On se doit de reconnaître à Callan Wink une qualité d’écriture qui rend la lecture si fulgurante sans effets de manche et sans réelle fin non plus mais il ne faut surtout pas oublier cette capacité omniprésente d’amener à une réflexion chez le lecteur, à montrer sans juger, à émouvoir sans faire pleurnicher.

Ouvrage bien sûr recommandé à tous les amoureux de l’Amérique et à tous ceux qui veulent en voir des instantanés sans clichés.

De la belle ouvrage.

Wollanup.

4 Comments

  1. le Bison

    Rien d’extraordinaires dans les nouvelles de Callan Wink, mais putain qu’est-ce que c’est bon de s’y promener. J’ai adoré son recueil, l’un de mes plus beaux parcours de nouvelles américaines. Terre d’Amérique porte bien son nom.

    Et que dire de cette musique, moi qui suis connectée sur courant alternatif avec Tucson. Giant Sand, Calexico, Howie Gelb. Une Amérique de vent et de poussière comme ce courir au clair de lune…

  2. clete

    Mon cher Bison, tu as totalement raison dans ton commentaire comme dans ta chronique que je viens de lire avec cette imparable citation que j’aurais dû souligner aussi.
    Calexico , issu de Giant Sand, aurait peut-être eu un son moins brut que celui de la bande à Gelb. A cette époque, d’ailleurs, Convertino et Burns faisaient partie du groupe.

  3. Guillome

    moi qui n’était pas très « nouvelles » j’ai été bluffé par celles de James Poissant. Du coup, je suis en ce moment plongé dans « Le coeur sauvage » et je me régale. Vraiment. J’avais noté ce recueil. Tu en rajoutes pour me faire saliver. Merci!

    • clete

      Oh non Guillome, je ne rajoute rien.Le fautif est Francis Geffard au talent de découvreur inégalable et inégalé. Jaimie Poissant est bluffant et c’est un homme aux qualités humaines à l’égal de ses nouvelles.

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