Traduction : Delphine Valentin.
Décédé en 2015, Martin Malharro était un journaliste argentin auteur d’une série de romans nommé « la ballade du Britanico » mettant en scène le détective Mariani et dont le précédent roman « calibre 45 » également édité par les éditions de La Dernière Goutte faisait aussi partie comme celui-ci.
« Quand il est engagé pour rechercher Bernardo Gorlick, un vieil homme solitaire dont le neveu n’a plus de nouvelles depuis quelques jours, Mariani pense régler l’affaire assez rapidement. Mais lorsqu’il retrouve Gorlick, c’est dans un cimetière où il a été enterré en 1983, soit trente ans auparavant… Intrigué, Mariani poursuit alors son enquête qui le mène sur les traces d’un groupe d’hommes, surnommés « les Docteurs », ayant rendu de terrifiants services au pouvoir en place sous la dictature. »
Si dans « calibre 45 », l’auteur faisait un peu référence à l’histoire argentine, dans « viande sèche » Martin Malharro s’attaque pleinement à la période terrible de la dictature des années 70 dont les cicatrices dans la société argentine sont toujours très visibles. Une partie du roman est située à Tigre comme dans « les eaux troubles du Tigre » d’Alicia Plante paru chez Métailié et parlant de la même période noire. Pour comprendre cette horreur vécue par le peuple argentin et d’autres populations sud-américaines, il est certain qu’il manque ici des références, des compléments d’informations mais l’auteur, certainement, pensait ne s’adresser qu’à un lectorat argentin. Ceci dit, les romans, les ouvrages, les films parlant de la dictature militaire sont légion et le lecteur intéressé aura de nombreuses possibilités pour s’informer.
Construit comme un roman d’investigation, « Viande sèche » tourne autour de son détective Mariani, taciturne, fauché, veuf vivant avec deux vieilles tantes et passant ces journées entre « le britanico », bar où il a ses habitudes et le garage de son ami et complice Demarchi. En leur compagnie, on découvre la ville de Buenos Aires des modestes, loin des clichés du tango et autres, la vision d’une ville assez blafarde voire crépusculaire où Mariani, opiniâtre, rusé simulateur, avance à son rythme dans une enquête qui l’envoie fouiner périlleusement dans les archives fantomatiques des années 70 et du début des années 80.
« Viande sèche » n’est pas un thriller foudroyant, rien de tape à l’œil malgré un final plus musclé mais il est surtout l’occasion de découvrir un détective intéressant, frère d’armes de grands aînés comme Pepe Carvalho ou Matt Scudder arpenteurs patients du macadam et fouineurs des bars et boîtes louches.
Humain !
Wollanup.
alors ce roman là, j’avais prévu de le lire !!! tu me donnes encore plus envie…
Tant mieux Guillome.
C’est un bon bouquin, rien d’époustouflant mais une atmosphère très prenante,très loin de tant de polars trop formatés.Manque juste les repères historiques pour qui ne connaît pas la répression durant la dictature de Videla.