Au décours de la seconde guerre mondiale, un homme investit pour son goût immodéré pour l’art, ses sens se portent invariablement vers ces œuvres portants, à ses yeux, le sens ultime de son existence. Le conflit lui ouvrira les portes de sa passion mais sera, en outre, le vecteur d’une autre qui le rapprochera de sa condition humaine.
« De son plus jeune âge, Ludwig fut absorbé par l’art. Il vivait par les oeuvres, pour les oeuvres, et rien d’autre. Leur vision, leur vision seule et simple lui tenait lieu de nourriture fondamentale. Principalement les tableaux, toiles et panneaux. Ludwig se contrefichait de la Terre et de ses habitants. Il n’aimait que l’art, il ne voyait que cela, et pas les hommes derrière. C’est tout juste si les artistes y sauvaient leur peau. L’humanité ne l’intéressait pas, il ne voulait en voir que les créations.”
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Ludwig, officier de l’armée allemande, est en poste à Paris dans un service dévolu à la confiscation des œuvres d’art, où il excelle. Protégé par Goering, lui-même collectionneur compulsif, il attise les jalousies. Mais Ludwig ne déroge pas à sa mission, mû par une exigence et une intransigeance esthétiques qui l’ éloignent de plus en plus du monde des hommes.
Pourtant, le jour où il croise Lucette, quelque chose en lui vacille. Pour la première fois de sa vie, il est ému par un visage et un corps de chair… »
Manuel Benguigui œuvre dans une galerie d’art tribal parisien et cet ouvrage constitue son premier roman.
Lüdwig se sert donc de cet affrontement mondial pour assouvir sa soif artistique. De par son histoire, sa culture, ses motivations sont toujours en rapport avec ce domaine. Faisant preuve d’abnégation et d’un sens inné d’une ambition monomaniaque, il atteint les objectifs voulus. Rapidement il crée une dépendance unilatérale avec le Feld Maréchal Goering lui permettant alors de s’amender des us de l’organisation mise en œuvre pour l’enrichissement du Reich en matière d’art, concernant la volonté du Fürher d’édifier son musée à Linz.
Sa voie est tracée, et semble directe, mais la rencontre, au Jeu de Paume, de sa florentine, comme il l’aime à la comparer modifiera le sens de sa vie, les priorités de celle-ci. Son amour profond mais bref révèlera un pan de son humanité relégué au tréfonds de son âme. Elle constituera un révélateur puissant et marquant du tracé existentiel qu’il s’était fixé.
Son attachement, en l’espèce, pour le dessinateur et graveur Albrecht Dürer né à Nuremberg reste symptomatique de son profil. Comme le soulignait Thomas Mann en 1928, penser à Dürer veut dire aimer, sourire et se souvenir de soi. Cela veut dire comprendre ce qu’il y a de plus profond et en même temps de moins personnel en nous : ce qui se trouve en dehors et au-dessous des limites charnelles de notre moi, mais qui détermine ce moi et qui le nourrit. C’est de l’histoire comme mythe, de l’histoire qui est toujours chair et toujours temps présent, car nous sommes beaucoup moins des individus que nous l’espérons ou le craignons. Par ce biais l’on comprend mieux le sens du récit et la personnalité du personnage central, en ce sens où initialement son existence n’était muée que par le paraître de l’exercice artistique et que par l’amour d’une femme son être prendra conscience de la dimension charnelle et réelle de ses condisciples.
Puissance d’un récit et puissance de l’inflexion du psyché d’un être.
Chouchou.
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