Commencer l’année avec un Neo Noire de Gallmeister est une assurance de l’entamer sans ennui mais aussi peut-être sans réelle surprise non plus. Cette collection spécialisée dans les romans narrant les tristes exploits de blancs ruraux plus ou moins cramés par la meth a déjà fait ses preuves et même offert parfois le grand bonheur comme avec Whitmer pour « Cry Father ».
C’est aussi le retour attendu de Matthew McBride après un premier roman particulièrement réussi et complètement barge le culte « Frank Sinatra dans un mixeur ». Lors de l’entretien qu’il nous avait accordé en mai 2015, il avait bien prévenu que ce « Soleil rouge » serait très différent. Exit l’humour furieux, la volonté de McBride était de montrer les agissements de certains nuisibles du Missouri et plus particulièrement dans le très mal famé comté de Gasconade, grande surface du commerce de la meth. Le coin semble si difficile à vivre que Matt, homme sage et grand bienfaiteur de l’humanité, a quitté le Missouri pour aller cultiver du cannabis thérapeutique en Californie (un bien beau métier…). Espérons juste que la suite de sa production livresque nous évitera des bouses comme « Savages » de Winslow que le climat californien avait salement ramolli du bulbe avant sa réhabilitation de « Cartel ».
« Dans le comté de Gasconade, la méthamphétamine dicte sa loi. Les paumés, les ouvriers, les banquiers y sont accros. On la fabrique dans les garages, les remises ou les chambres d’enfants. Même les flics se laissent parfois tenter. Et lorsque le shérif adjoint Dale Banks découvre 52 000 $ cachés dans le mobile home d’un trafiquant de drogue, il ne résiste pas et s’empare de l’argent. Banks a beau avoir agi pour de bonnes raisons, il devra tout faire pour se sortir de ce mauvais pas, car le dealer et ses associés, parmi lesquels un révérend illuminé et violent, ne sont pas du genre à partager. »
Si vous aimez le cocktail violence, meth, tarés blancs ricains, ruralité glauque, trahisons, salopards grotesques, flics pourris, si vous appréciez les romans « néo-noir », sûr que cette nouvelle histoire va encore une fois, vous offrir beaucoup de plaisir, parfois, coupable. Pas de problème sur ce point, « Soleil rouge » est bien dans la lignée des autres romans qui ont bien fonctionné chez nous.
Si vous découvrez ou voulez découvrir cet univers des romans de bouseux abrutis ricains, le roman de McBride, dont le talent de conteur est encore bien visible ici, est une entrée tout à fait recommandable.
Par contre si vous lisez ce genre de romans depuis quelques temps, rien de neuf à l’horizon, ce bouquin vous l’avez déjà lu à de multiples reprises de façon équivalente, ni meilleur ni pire que les autres, juste noyé dans la multitude. « Soleil rouge », dont l’ambition était de dévoiler le vrai Missouri malade de la came, finalement nous montre exactement la même chose que bien d’autres romans tentant vainement de faire du Daniel Woodrell. Et c’est vraiment dommage mais rien ne permet de distinguer de la masse des polards ruraux ricains ce « Soleil rouge » assez pâle, une embêtante impression que le roman arrive deux ans trop tard et le regret que McBride en soit la victime.Du coup, j’attends avec beaucoup d’impatience le prochain.
Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir, « Soleil rouge », ça tient très bien la route comme un bon vieux morceau de Drive By Truckers.
« You lost your family, wrecked your truck.
I used to love you, now you suck.
We were friends, among the best.
You and your crystal meth. »
Prenant mais convenu.
Wollanup.
Je suis tout à fait d’accord avec ton billet, un bon livre, qui se lit bien, mais rien de nouveau dans le genre ou l’écriture. Je trouve que McBride a plus innové avec Sinatra, finalement; avec l’humour qui se fait rare, son précédent livre était plus original. Mais c’est bien quand même, mon post dans 15 jours ( déjà écrit )
Ton avis est rassurant Simone,merci.
Je plussoie aussi : ça tourne un peu en rond tout ça finalement, on n’est plus surpris, voire on se lasserait même…
C’est résumé très justement Sandrine.
j’ai débuté l’année avec ‘dans la foret’ publié par Gallmeister, j’ai été ravi comme je devrais être comblé par ce polar qui me fait bien envie !
On a lu « dans la forêt »,il est chroniqué jeudi et de l’avis de Raccoon, c’est effectivement du grand art.Meilleurs vœux à toi.
Je suis d’accord en partie, rien de nouveaux sous le soleil.
Je suis aussi d’accord avec le fait que « ça tient très bien la route ».
Par contre, l’humour n’est pas absent de ce bouquin, il apparaît par ci par la au détour d’une phrase. Certains personnages sont carrément loufoque aussi. Certains personnages deviennent très attachant.
Ce qui me fait passer un très bon moment.
Je viens juste de découvrir votre site et je trouve vos chroniques très justes et plutôt bien écrites d’autant plus qu’elles vont souvent dans le même sens que mes goûts.
Salut Christophe et bienvenue.
Ma chronique mi figue mi raisin du bouquin de McBride vient du fait que je m’étais longuement entretenu avec lui à « Etonnants Voyageurs » et qu’il m’avait « vendu » son deuxième roman d’une manière qui laissait présager un ton totalement différent de « Frank Sinatra dans le mixer » et finalement, il n’en est pas très loin avec quand même moins d’humour (même s’il y en a).Du coup, il rejoint la masse de ce courant « country noir » et ne se démarque pas comme pouvait le faire le premier.Si on débute dans le genre avec ce bouquin, pas de problème,si on en lit depuis quelque temps, »ça tient la route » sans plus.D’où ma déception.