On avait déjà fait un entretien avec lui en 2017 mais un nouveau polar de Sébastien Raizer « Les nuits rouges », c’était vraiment l’occasion de le questionner sur ce très bon roman et sur ses dernières productions « 3 minutes, 7 secondes » et « Confession japonaise ».
1- Depuis la trilogie des Équinoxes, on vous a lu dans le ciel asiatique pour la novella 3 minutes, 7 secondes parue à la Manufacture de Livres, puis au Japon pour le roman Confession japonaise, publié au Mercure de France. Comme vous résidez au Japon depuis quelques années, on pensait saluer votre retour à la SN avec un polar nippon et puis… vous débarquez dans la Lorraine d’aujourd’hui, encore hantée par le marasme de la crise sidérurgique de la fin des années 70. Pourquoi ? Votre expérience à Kyōto n’ouvrait pas les portes à une intrigue noire locale ?
En plus, je ne projetais pas d’écrire Les Nuits rouges sous forme de polar !
En novembre 2015, Aurélien Masson, qui dirigeait la Série Noire, était chez moi à Kyōto. On était en plein dans la trilogie des Équinoxes. Sagittarius allait sortir au mois de mai suivant et on parlait de Minuit à contre-jour, le troisième volume. Au cours d’une discussion, j’ai évoqué mon enfance, le Nord-Est de la France, la crise de la sidérurgie, l’impact terrible des multiples mensonges et trahisons politiques sur la vie de toute la région, et leurs effets qui perdurent encore, près de quatre décennies plus tard — tout comme l’incurie politique et les trahisons syndicales, d’ailleurs. Je lui racontais, en gros, que cette crise était l’archétype de tous les démantèlements suivants, industriels d’abord, structurels ensuite : services publics, infrastructures, écoles, hôpitaux, Ehpad, etc. Et que ce que l’on nomme la « crise » est fondamentalement constitutive du capitalisme, tout comme le chômage, les conflits, la destruction de la biosphère et finalement, d’une humanité dans laquelle l’individu n’a déjà plus grand chose d’humain, mais est devenu une ressource comparable aux fossiles, une simple donnée de la destruction de masse, une variable d’ajustement dans l’anéantissement par le profit. Au siècle dernier, la lobotomie était transorbitale, puis elle est devenue chimique et aujourd’hui, elle est électronique. L’une des étapes cruciales de ce processus généralisé de négation de l’humain au profit du capital, c’est le protocole établi pour le priver de son outil de travail. Aurélien m’a immédiatement affirmé que je devais écrire un roman sur le sujet. Je lui ai répondu que c’était un projet lointain. Il a insisté. J’ai terminé Les Nuits rouges exactement trois ans plus tard, après avoir écrit les autres livres que vous citez.
Finalement, Aurélien Masson avait raison. Il fallait écrire Les Nuits rouges à ce moment-là de ma vie, et sous forme de polar.
2- Écrit-on mieux à partir de son expérience personnelle ? L’éloignement géographique incite-t-il à une réflexion personnelle décentrée de son passé ?
On écrit toujours à partir de son expérience personnelle. On met ses propres tripes sur la table, pas celles d’un auteur imaginaire. Bien sûr, toute la richesse vient de la capacité à étendre le champ de son empathie le plus largement possible. Si on ne peut pas être profondément ému par la parole, le geste ou le regard d’un inconnu, on est limité à une écriture de l’ego peu enthousiasmante. Il faut des collisions sensibles avec ce qui nous entoure, ce qui nous est extérieur, le plus possible.
L’éloignement, donc. Géographique, temporel, intérieur… Ce sont clairement des conditions favorables pour atteindre le cœur de ce que je tenais à exprimer. Même si je n’avais que 9 ans, j’ai un vécu et un ressenti très vifs, très précis de cette année 1979, qu’il était difficile de mettre en mots. Je ne tenais pas spécialement à écrire que tout pouvoir, et surtout politique, ne repose fondamentalement que sur le cynisme, le mensonge et la trahison, voire la maladie mentale pure et simple — c’est une tautologie qui ne fait pas vraiment avancer les choses. Ce qui m’intéressait, c’était les chairs, les corps, les larmes et le sang, les espoirs, la formidable force de vie, la colère des gens de toute une région. La parole politique est irrévocablement vile et obscène en regard de la force de vie qui s’est exprimée dans la révolte des ouvriers. Et elle l’est toujours, dans une forme de plus en plus dégradée, et violemment condamnable. Burroughs parle des mots devenus comme un puzzle émietté jusqu’à l’absurde : c’est exactement le discours politique d’aujourd’hui. Le tournant, c’est Mitterrand, qui après être arrivé au pouvoir par la force tranquille de la manipulation, du mensonge et du cynisme, vend l’intégralité du pouvoir politique à la finance. Eltsine a fait la même chose avec l’URSS, et la liste est longue. C’est un hold-up mondial. Depuis, la parole politique s’amenuise à mesure que la finance lui dévore son pouvoir, pour arriver aux aberrations d’aujourd’hui, qui ne sont plus que des gesticulations ineptes, des doubles injonctions vides de sens. Je me demande sincèrement qui peut encore croire en cette farce tragique jouée par de la canaille en col blanc et aux mains sales, et dictée par le véritable pouvoir, qui est financier. Ou plutôt : est-ce que les médias qui répètent ces turpitudes jusqu’à l’ivresse croient vraiment qu’il y a encore quelqu’un pour les écouter ? Désormais, le mensonge n’est plus dans ce flux permanent de déclarations improvisées qui rivalisent avec les Shadoks (« à force d’échouer, ça finira bien par marcher » est leur unique programme). Le mensonge est dans la parole elle-même, qui voudrait se faire passer pour maîtrisée et performative. Le mensonge, c’est de parler comme un maître quand on est le laquais de la finance, servile jusqu’à l’ignominie. D’ailleurs, le Discours du Bourget constitue un passage tragicomique à la fois dans la vie politique française et dans Les Nuits rouges…
Je m’éloigne du sujet, mais il me paraissait nécessaire de rappeler ces évidences. Il est peut-être également utile de dire d’où je parle. Depuis le zendō et le dōjō que je fréquente quotidiennement. Zen, sabre et plume. Et rien d’autre.
Pour revenir à la question d’éloignement, j’ai fini par comprendre pourquoi ces mots de Dazai Osamu se sont imprimés en moi : « Il sentait toujours la terre noire de son pays natal », écrit-il. Natif d’Aomori, son arrivée dans le Tōkyō des années 1930 a produit quelques anecdotes savoureuses. En écrivant Les Nuits rouges, j’ai senti avec une acuité et une intensité particulières la terre noire de mon pays natal, alors que je vis à dix mille kilomètres. Peut-être aussi du fait que la nature japonaise a peu d’odeurs… Et avec la mémoire de ces forêts sombres, de ces champs écrasés de soleil, de l’asphalte, des usines et du métal, c’est toute l’atmosphère de l’époque qui s’est reconstituée, avec une quantité incroyable de souvenirs, de gestes, de mots, d’ambiances. J’entendais des voix, des discussions, des harangues. Tout ce que j’avais perçu et inconsciemment enregistré en 1979 a nourri l’écriture des Nuits rouges. L’éloignement géographique et temporel a paradoxalement permis un rapprochement intérieur inédit. Je parierais qu’Aurélien Masson l’avait pressenti.
À propos de « 3 minutes, 7 secondes« .
Après L’alignement des équinoxes, trilogie volumineuse, on vous retrouve en 2018 avec 3 minutes, 7 secondes, mais vous n’offrez qu’une novella et de surcroît, plus à la Série Noire mais à la Manufacture de Livres… Il y a une explication ?
Une explication simplissime : la Série Noire ne publie pas de novella. Stefanie Delestré, qui succède à Aurélien, m’a confirmé qu’elle ne projetait pas d’en inscrire au catalogue de la collection. Je pouvais donc en publier ailleurs, même en étant sous contrat avec Gallimard.
Une fois 3 minutes, 7 secondes terminé, on constate très vite que ce n’est pas juste l’histoire d’un crash et que ce petit entretien sera sûrement utile pour donner quelques clés supplémentaires sur votre volonté. Mais, tout d’abord et tout simplement, comment est née cette histoire ?
Le déclencheur, c’est Pierre Fourniaud, de la Manufacture de Livres, qui me demande en septembre 2017 si j’ai une novella dans mes tiroirs. J’avais écrit une histoire inspirée du vécu du soldat japonais Hirō Onoda, qui a continué la Deuxième guerre mondiale jusqu’en 1974, seul sur une île des Philippines. D’ailleurs, j’ai ensuite traduit son récit stupéfiant pour la Manufacture de Livres. Plutôt que de reprendre ladite novella, j’en ai écrite une autre dans le vol qui me ramenait au Japon. Je n’ai pas pu résister à l’idée de la concordance totale du réel et de la fiction : écrire un texte en douze heures, dans un seul segment spatio-temporel, ce qui est également un impératif de la novella : une seule intrigue unie dans le temps et l’espace, mais avec la possibilité de multiplier les personnages et les explorations psychologiques. C’est ce que j’ai fait avec ce qui m’entourait. Stewards, hôtesses, passagers sont devenus des personnages de fiction. Évidemment, je les ai intégralement violés — du moins psychologiquement, mais ils n’en savent rien. Sauf le commandant de bord et le copilote, que j’ai inventés de A à Z. Je me suis moi-même dépouillé et fictionnalisé pour « créer » l’un des personnages. Le plus drôle, c’est l’arrivée à Osaka. Je rallume mon téléphone et je lis le message d’un ami qui me conseille de ne pas traîner pour rentrer à Kyōto, car un typhon approche. Je survole les infos et j’apprends que la Corée du Nord vient de procéder à un tir de missile. Soit exactement l’histoire que je viens d’écrire dans l’avion. Une histoire réelle aspirée dans une fiction, à son tour aspirée dans une réalité plus vaste. Le tout en direct. Welcome back home !
Si cette œuvre semble, au premier abord, très différente, on s’aperçoit vite qu’on retrouve des thèmes, des « obsessions » déjà lues chez vous. N’est-on pas ici aussi dans une nouvelle métaphore du kōan « face au gouffre un pas en avant », qui ponctue chaque histoire de la trilogie des Équinoxes ? La mort serait-elle uniquement un passage, un voyage ?
Si c’est un passage, on est déjà en plein dedans. C’est d’ailleurs l’un des thèmes de Confession japonaise. Dans 3 minutes, 7 secondes, il y a autant d’obsessions que de personnages. Toutes ont un point commun : la mort révèle le sentiment de réalité d’une vie. La mort imminente, dans le cas des passagers de cet avion. C’est un raccourci fulgurant qui permet de sonder de façon violente, crue et directe la psyché des personnages. Plus de temps pour les faux-semblants, les mensonges, les excuses, plus le temps de fabriquer des justifications, des illusions. Plus le temps de fuir. Le révélateur absolu est déjà en action. Donc oui, face au gouffre, un pas en avant. Ce kōan est très sibyllin, très subtil, malgré son aspect brutal. Dans L’alignement des équinoxes, Wolf, l’un des personnages principaux, le comprend de différentes façons. L’une d’elles est : on ne se retrouve pas face à un gouffre par hasard. C’est un rendez-vous que l’on a sans doute provoqué sans en avoir conscience. Il faut donc aller explorer la réalité qu’il contient. Mais il y a beaucoup de lectures possibles de cette phrase de Dōgen. En japonais, elle se formule aussi de cette façon : « arrivé au sommet d’un bambou de cent pieds, continue de grimper ».
Tous ces personnages qui vont connaître la mort en même temps, sont déjà bien dépeints, créant très rapidement un réel intérêt pour les fragments de vie racontés, n’ont sûrement pas été choisis au hasard. On a un peu l’impression de voir au moins deux visages du Japon, l’un éternel et l’autre plus moderne, des codes, des morales différentes mais c’est sûrement beaucoup plus pointu…
Surtout le commandant de bord et le copilote, et c’est tout à fait intentionnel. J’ai un peu forcé le trait entre deux générations, l’une traditionaliste, l’autre occidentaliste, et toutes les deux également perdues. En réalité, ces deux caractères cohabitent profondément chez de nombreux Japonais, et cela forme un équilibre. Bien que souvent, l’occidentalisme ne soit qu’un vernis : grattez un peu, et vous vous retrouvez face à une personne de l’ère d’Edo. Commandant de bord et copilote sont comme les deux hémisphères d’un seul cerveau : l’un ne va pas sans l’autre. Pareillement, j’ai fait en sorte que tous les personnages, aussi différents et singuliers soient-ils, forment les différentes facettes d’une seule et même persona.
Sans rien dévoiler de l’intrigue, vous nous offrez aussi un petit éclairage géopolitique de cette région de l’ Asie. Quelles sont les craintes des Japonais ?
Les Japonais se méfient de tout et n’ont peur de rien… ! Les enjeux japonais actuels sont les mêmes qu’avant la Deuxième guerre mondiale : créer une sphère de coprospérité indo-pacifique. Mais il y a eu entre temps un changement majeur : la position de la Chine, devenue hégémonique, et dont la puissance économique, technologique et militaire, alliée à un régime crypto-totalitaire, est perçue comme une menace par le reste de l’Asie. Pour le dire en deux mots, c’est un allié dangereux. La sphère de coprospérité indo-pacifique devait garantir l’indépendance de l’Asie vis-à-vis de l’Occident. Désormais, elle prend lentement et timidement la forme d’une garantie contre la domination mondiale chinoise.
Avec Internet maintenant, même très loin comme vous à Kyōto, on n’est plus jamais vraiment isolé des siens, de ses racines. Néanmoins, des aspects de votre vie française vous manquent-ils et bien sûr, quand vous rentrez en France, quelle part du Japon vous fait défaut ?
Rien ne me manque de la France. Ma vie est pleinement japonaise. Chaque fois que j’allais en France pour la sortie d’un livre, c’était le Japon tout entier qui me manquait. Je m’accrochais au jet-lag : tiens, c’est l’heure où le soleil se lève. La cloche du temple Kōshōji, le début de la méditation zen, l’heure du iaidō, le chien et la chatte qui me cherchent dans le bureau, l’heure du déjeuner des milans au bord de la rivière, les lueurs du crépuscule, l’effervescence de Kiyamachi-dōri… Je sentais dans mes chairs que tout cela avait lieu et que c’était ma véritable place.
Vous avez été co-fondateur des éditions du Camion Blanc, « L’éditeur qui véhicule le rock ! » et donc vous n’y couperez pas. Quelle zik pour illustrer 3 minutes, 7 secondes ?
Le Boiler Room de Nisennenmondai.
November 25th: The Last Day de Philip Glass.
Aerian de Maximum The Hormone.
Everything In Its Right Place de Radiohead, dans la version enregistrée en 2008 à Saitama.
À propos de « Confession japonaise« .
Paru en 2019 au Mercure de France, Confession japonaise est une lacune dans les chroniques de Nyctalopes, peut-être trop japonais pour nos esprits occidentaux… Pourriez-vous nous le vendre, nous expliquer notre erreur?
(Sourire) Un ami japonais et francophone l’a lu et s’est exclamé : « C’est incroyable, c’est roman japonais ! » Je prenais ça pour un compliment, mais je sentais que quelque chose le gênait. « Vous êtes auteur japonais, mais vous n’êtes pas Japonais ! » ll avait l’air à la fois fier et contrarié, c’était assez drôle.
Si on tient à utiliser des couleurs, Confession japonaise est un roman noir dans la littérature blanche. Il contient une part réaliste et une part fantasmagorique – la seconde étant tout aussi réelle que la première. Ce roman repose sur l’absence de hiatus entre le monde flottant et le monde invisible, celui des humains et des esprits, de l’histoire et de la légende : c’est le même monde et cela s’exprime de façon très concrète. C’est sans doute ce qui est difficile à concevoir pour un esprit occidental.
C’est l’idée qu’il n’y a pas de frontière entre la vie et la mort, que les deux états ou territoires s’imbriquent et communiquent en permanence. On peut le constater dans la vie quotidienne, surtout à Kyōto. Les mythes sont aussi réels que l’histoire, ils ont même sans doute plus de poids dans l’inconscient collectif. Juste un exemple : j’ai récemment vu une exposition de photos de Koga Eriko, intitulée BELL, qui nous fait voir la légende d’Anchin dans le Japon d’aujourd’hui. Il est admis de façon absolument équivalente que son amoureuse Kiyohime s’est transformée en serpent pour le suivre, et que la chose est simultanément impossible. Et cette contradiction va de soi : elle n’en est pas une, en fin de compte.
De la même façon, le narrateur de Confession japonaise vit à la fois dans le monde flottant (visible, celui des vivants, que l’on appelle le « nôtre ») et dans le monde invisible, celui des morts, des esprits, des démons, obake, yōkai, oni, tengu et consorts. Tout ce qu’il voit, expérimente, les personnes qu’il rencontre lui apparaissent soit sous leur aspect et comportement « flottant », soit « invisible ». Tout a commencé pour le narrateur avec le tremblement de terre de Kobe en 1995. Il avait 5 ans et ses parents ainsi que sa petite sœur ont été emportés au royaume des morts. Il est incapable de distinguer les deux mondes, jusqu’à ce qu’il rencontre une jeune femme absolument fascinante — qui est également une renarde, une incarnation d’Inari… Là, l’histoire devient violemment noire. Et solaire, par la même.
Des projets littéraires, des amorces de romans, est-il trop tôt pour en parler ? Vous traduisez aussi pour la SN, un roman qui vous a particulièrement séduit ?
Le dernier roman traduit pour la Série Noire est un excellent souvenir — de lecture comme de traduction. C’est Seules les proies s’enfuient, de Neely Tucker. Une pleine cohérence entre l’histoire et le style, une dynamique narrative qui démultiplie le cadre initial sans le briser, une narration sobre, rugueuse et intense. Nickel.
J’ai écrit plusieurs textes depuis Les Nuits rouges. D’abord un « roman japonais », Ame no neko (Un chat de pluie), que je vais reprendre de fond en comble pour lui donner sa tonalité exacte, maintenant que j’en connais la fin. Ensuite, j’ai rédigé un long texte qui sert de base à un projet plus vaste. Et au printemps prochain doit sortir un récit sur le zen et le sabre, La Caverne aux chauves-souris sous la montagne noire. Une approche pragmatique de la méditation zen en tant qu’expérience totale.
Pour revenir brièvement à votre première question, celle de l’inspiration. Au Japon, on évolue entre de multiples couches d’histoire, de mythologie, de folklore, on trouve des veines narratives partout, à la fois totalement disparates et unies par l’esprit japonais, pour le dire rapidement. Et tout cela se manifeste dans le quotidien. C’est en étant à l’écoute de ces expressions qu’on laisse le roman naître de lui-même… avant de le saisir à la gorge. J’étais en train d’écouter Les Nuits rouges depuis pas mal d’années quand Aurélien Masson m’a poussé à passer à l’action. Déjà pour L’alignement des équinoxes, j’avais l’impression qu’il connaissait le manuscrit avant même que je ne l’écrive. C’est le don de l’éditeur total : celui de lire les manuscrits qui sont en vous.
Je vous remercie.
(Je viens d’apprendre la fermeture des librairies pendant le deuxième confinement. Leur credo est donc : détruisons tout, et on n’aura plus besoin d’échouer. Comme s’il fallait encore des preuves de la soumission absolue des hommes politiques aux GAFAM, dans ce cas précis, ou à Barclays, Capital Group Companies, FMR Corp., AXA, State Street Corp., etc. Tristes, tristes et stupides fossoyeurs. Et le jury Femina décerne quand même son prix, qui ne profitera qu’à Amazon — no comment. Jeff Bezos, champion de la défiscalisation et du salariat au rabais, mais aussi ministre de la Culture, de l’Économie, des Phynances et du Commerce, vous salue bien. Rajoutons Fuck Off And Die de Darkthrone à la play-list. Ouvrir les librairies, avec toutes les précautions sanitaires requises, c’est un acte de désobéissance qui refuse le système de mort culturelle et sociale à l’œuvre depuis des décennies. Il ne saurait plus être question de quémander les conditions de la survie aux laquais de la morgue affairiste.)
Merci à Sébastien pour sa grande disponibilité et la richesse de ses propos.
Entretien réalisé par échange de mails octobre/ novembre 2020.
Clete.
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