En partance pour un périple de conserve avec cet anthropologue Russe entre son pays natal et la Papouasie Nouvelle-Guinée en obliquant par Paris. Le voyage sera rude et exigeant.

« Ayant décidé d’écrire la biographie romancée d’un anthropologue russe – un certain Nikolaï Mikloukho-Maklaï (1846-1888) –, l’auteur retrace le parcours de cet aventurier qui s’exila volontairement en Nouvelle-Guinée et finit par faire l’objet d’un culte étrange. Mais ce qui aurait pu donner lieu à un « petit bijou ciselé » prend vite avec Claro une autre tournure. L’entreprise littéraire vacille sous les heurts d’une voix soudain plus personnelle. Chaque élément de la vie de Mikloukho-Maklaï se double alors d’un règlement de comptes. Dès qu’il commence à prendre chair, à s’animer, l’auteur brise le processus d’incarnation pour livrer au lecteur, rageusement ou froidement, un récit parallèle, aussi intime que sujet à caution. Biographie accidentée d’un misanthrope aux semelles de vent, Hors du charnier natal est à la fois un récit à double-fond et une confession rageuse. Entre l’auteur et son sujet, l’écriture s’avance, têtue et coriace, prête à donner autant de coups qu’elle en reçoit. S’engageant dans le récit comme si c’était une partie de roulette russe, Claro lâche le mort pour le vif et retourne sans vergogne l’autofiction contre elle-même. »

Claro est écrivain et traducteur  pour les écrits de William Vollman, Thomas Pynchon, Hubert Selby Jr. ou autre Salman Rushdie. Depuis 2004 il est de même le co-directeur de la collection « LOT 49 » aux éditions du Cherche Midi.

Cette pérégrination revêt pour moi, humble lecteur, un exercice de style littéraire et de rhétorique. C’est aussi le signal fort d’un pourfendeur de notre langue dans sa volonté de la malaxer, de la triturer. En embarquant dans cette diagonale du fou où son terminus, berceau de l’encéphalopathie spongiforme autrement appelée « Creutzfeld-Jakob », sera le berceau du culte du personnage central décrit. Bercé, secoué, amadoué, dérangé, nos dendrites s’émoustillent, nos synapses s’affolent à la lecture de l’écrit. On en sort groggy par l’afflux de figures de style, telle la prétérition, dire une chose en affirmant qu’on ne la dit pas, le champ lexical fourni.

Le titre semble tiré d’un poème de 1893 de José Maria de Heredia « Les Conquérants ».

Jubilatoire sur son prisme littéral !

Chouchou.