Ah les polars ritals, pas à dire, c’est rarement décevant. Il y a souvent un héritage Fajardie, Manchette que l’on ne rencontre plus guère chez nous ou alors j’ai raté les bons romans. Antonio Manzini en est à son deuxième roman mettant en scène son flic, vraie tête de con, Rocco Schiavone en guerre contre l’humanité en général et la région d’Aoste où il sévit en particulier.

« Ester Baudo est retrouvée morte dans son salon, pendue. Le reste de l’appartement a été saccagé, et ce qui semble à première vue être un suicide se révèle vite un meurtre. On fait appel à Rocco Schiavone, ce drôle d’inspecteur, amateur de joints matinaux et de jolies femmes. Dans la petite ville grise et froide d’Aoste, il croise et interroge les proches de la victime. Il y a Patrizio le mari, Irina, la femme de ménage biélorusse à l’origine de la découverte du cadavre, ou encore celle qui semble avoir été la seule amie de la défunte, Adalgisa. Si la vie de la victime se dessine peu à peu, le mystère reste entier. Qui pouvait bien en vouloir à la calme et tranquille Ester Baudo ? »

Un cadavre, un suicide qui n’en est pas un et le début d’une enquête toute ordinaire pour le sous-préfet Shiavone macho, violent, irascible et haïssant au plus point la région montagneuse et enneigée où il travaille après avoir été écarté de Rome qu’il regrette infiniment. Le climat, les gens, ses adjoints, ses supérieurs, les femmes qu’il ne peut conquérir et celles dont il ne peut se dépêtrer, tout le fout de mauvaise humeur au point qu’il commence sa journée en se fumant un petit pétard dans son bureau.

L’enquête s’avérera un peu plus compliquée qu’il n’y paraît au départ mais l’intérêt du roman n’est pas tant dans la découverte du coupable mais bien dans ces quelques jours passés avec le fascinant et anachronique sous-préfet. Rocco Schiavone est un personne passionnant dont les zones d’ombre légèrement dévoilées montrent la complexité de l’homme ainsi que le drame qui le ronge et qui le rend si imbuvable malgré les doses non homéopathiques de cannabis qu’il inhale.

Le grand intérêt de ce roman est la personnalité très charismatique de Rocco, as de la réplique qui tue et c’est un vrai bonheur de le suivre dans sa recherche de vérité dans ce coin d’Italie embrumé et froid. Ressemblant un tout petit peu au Montalbano de Camilleri mais en version beaucoup plus rock n’ roll, suicidaire et même ripou, Rocco ne fait jamais dans la demi-mesure et très étrangement se rend, par ses outrances, trèstrès, attachant.

Le choix très louable du thème développé dans ce « Froid comme la mort » prouve qu’on ne peut et ne doit pas identifier Rocco à son auteur Antonio Manzini à qui on doit de belles pages empreintes de bienveillance. Espérons que les éditions Denoël qui ont eu la bonne idée de nous faire découvrir cet auteur transalpin vont s’empresser de nous proposer les deux enquêtes suivantes encore inédites qu’on puisse revenir rapidement dans la vallée d’Aoste avec Rocco, ses joints et ses Clark’s dans la neige.

Intempérant!

Wollanup.