Di rabbia e di vento
Traduction: Paolo Bellomo et Agathe Lauriot dit Prévost
Quel plaisir de retrouver Alessandro Robecchi que nous avions découvert l’an dernier à la faveur d’un roman “Ceci n’est pas une chanson d’amour » dont le titre évoquait méchamment Public Image Limited de John Lydon et qui était en fait gavé de Bob Dylan, Dieu du héros Carlo Montessori, animateur vedette et producteur génial de tv poubelle pour la chaîne qu’il nomme “l’unsine à merde”. Ce roman était un bon polar milanais et peut-être plutôt une farce policière. A quelques pages de la fin, on se demandait comment le héros allait pouvoir s’en sortir et comment Robecchi allait bien pouvoir ne pas se gaufrer dans le final. Mais, vraiment contre toute attente, l’auteur avait réussi le sans faute.
Ce deuxième roman, toujours plus délicat à conclure a donc véritablement valeur de test pour savoir si la série en cours en Italie, un roman par an depuis 2014, soit 8 histoires est un filon à suivre…
“Carlo Monterossi, détective à ses heures perdues, est ravagé par la culpabilité : après avoir pris un verre avec Anna, une escort girl avec laquelle il a partagé un moment de surprenante sincérité, il est parti de chez elle sans fermer derrière lui, laissant le champ libre à un meurtrier tortionnaire.”
Si le premier roman se montrait parfois extravagant dans sa collection de doux dingues et de furieux malades, dans sa succession de scènes improbables et pas toujours du meilleur goût, on passait néanmoins un grand moment de bonne humeur. A l’époque j’avais “osé” parler d’un côté westlakien que je fus agréablement surpris de retrouver dans la bouche du célèbre critique littéraire Michel Abescat. Indéniablement, on retrouve cette filiation à laquelle on peut ajouter le regretté Andrea Camilleri dans l’art de se foutre des flics. Si furieux pouvait être attribué à “Ceci n’est pas une histoire d’amour”, sérieux et appliqué conviendraient bien à ce deuxième opus beaucoup plus réfléchi, tout en laissant néanmoins échapper, à bon escient, une étonnante verve.
Il semblerait qu’une équipe soit née autour d’un Carlo Montessori dans une rage peut-être un peu exagérée contre le tueur d’une personne qu’il n’a côtoyé que deux heures dans sa vie. Mais qu’importe, on le suit d’emblée, lui et ses deux complices, un journaliste peu bavard mais très efficace et un flic, roi du travestissement en filature, sorte d’inspecteur Cluzot malchanceux qui trouve d’entrée le moyen de se faire exploser la tronche alors qu’il est déguisé en moine.
L’intrigue est parfaitement maîtrisée, les dialogues et les situations sont souvent savoureux, bref, le roman est très réussi. Assurément, Alessandro Robecchi est un auteur à suivre.
Clete.
Laisser un commentaire