
Patrick Horvath est un producteur, scénariste et réalisateur américain. Parmi ses films figurent Entrance, The Pact 2 et Southbound. Il travaille aussi comme illustrateur et dessinateur depuis de nombreuses années. Beneath the trees where nobody sees est son premier roman graphique, paru à l’origine découpé en 6 chapitres, réunis dans un album unique.
Dans la paisible petite ville de Woodbrook, tout le monde se connaît. Mais connaît-on vraiment ses voisins ? Que font-ils quand ils pensent que personne ne les voit ? C’est ce que va tenter de découvrir Samantha Strong, avant que le tueur qui sévit en ville ne mette en péril sa parfaite petite vie…
Il y a un choix de déstabiliser le lecteur avec cet album. En effet, Patrick Horvath nous plonge dans un univers (élaboré) d’animaux anthropomorphiques, plus fréquemment rencontré dans les histoires pour enfants. Les habitants de Woodbrook sont ourse, chien, souris, chat, truie, lapin, taupe, furet… Hormis leur tête et leurs membres, leur vie quotidienne, leur comportement, leurs émotions, leurs pensées, leurs secrets sont aisément décryptables : en cela, ils nous ressemblent. Ils seraient d’ailleurs jolis, leur père ayant donné aux planches où ils évoluent de douces couleurs qui mettraient la larme à l’œil aux nostalgiques des productions du Père Castor.

Vous avez ignoré le signe trouble envoyé par la couverture et ce personnage vu du ciel traînant par-delà une clairière un sac… ensanglanté ? La douce mise en confiance proposée par Patrick Horvath ne dure pas. La paisible communauté de Woodbrook abrite un tueur expérimenté, bien intégré, qui a jusque-là cherché à tout prix à préserver la quiétude de son environnement. Ses méfaits, il va les commettre loin de là. Et puis un jour, tout déraille. On retrouve le cadavre mutilé d’un citoyen de la ville…

Patrick Horvath manifeste un sens du détail de-ci de-là, magnifié par ses cases, un sens du suspens aussi, qui font de la lecture de son histoire un véritable plaisir. Il faut toutefois avoir le cœur bien accroché : côté boucherie, il y a du level (même si la palette chromatique travaillée n’a pas retenu le véritable rouge hémoglobine). Que les enfants retournent vite se blottir dans les bras de Nounours, laissant les grands à leur effroi jubilatoire. N’est-il pas étrange en effet de se retrouver presque compréhensif à l’égard de l’assassin local, défié par un mystérieux adversaire ?

Un petit bijou de décalage pervers. L’année débute à peine mais cet album a toutes les chances de figurer dans un top personnel ou un autre de la communauté bédéphile.
Little Bic Man
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