Pandora est prête – la révolution n’attend pas. Et elle vaut bien une balle dans la tête.
Pandora Guaperal et Georges Berchanko sont deux intérimaires pour la société Vadim, et leur journée ne sera pas comme les autres. Lui, après un entretien fatal, se retrouve avec deux macchabées sur le dos, une jeep, un flingue et une liasse de billets de 500. Elle manquera de se faire lyncher par tout un village après la destruction d’un calvaire.
Afin d’oublier leur malheur, les deux intérimaires échoueront et se rencontreront dans un bar côtier pour bourgeois et Parisiens nantis. Commencera alors une histoire d’amour, et l’idée de faire la révolution.
« Révolution », c’est le genre de titre qui casse la baraque. Cette fois, taper du poing sur la table ne suffira pas. Alors, on s’attend à entrer dans le vif du sujet dès les premières pages. Mais, la révolution, ça se prépare comme se prépare l’intrigue d’un roman. C’est un peu long, on a envie de savoir où l’auteur veut en venir. Intrigue banale pour personnage banal, Georges, un peu gauche – rustre, mais attachant. Intrigue peu commune pour Pandora. Pandora, femme de chantier, rentre dedans, qui a pour mission de détruire un monument religieux dans un village de fous.
Et puis, il y a quelques événements étincelles, qui incitent nos protagonistes à se révolter, à ne plus avoir peur d’être hors la loi.
De toute manière, ils n’ont rien à perdre.
Alors, pourquoi ne pas bloquer la circulation en plein milieu des grandes vacances ?
Plaquer un flingue contre sa tempe pour inciter le peuple à se révolter n’est pas banal, et pourrait même sembler complètement délirant. Pourtant, quand on y croit, tout est réalisable. Une vraie alternative à ce qui a déjà été proposé. Alors il suffit d’un seul geste pour dérégler le système, les repères et foutre le merdier. Pandora et Georges y arrivent parfaitement. Mais est-il suffisant pour éveiller l’esprit ?
« – En attendant, on est deux. Et à deux, on peut tout juste distribuer des tracts.
– Qu’est ce que tu racontes ? On peut faire beaucoup mieux que ça. […] Tu veux que je te dise ? Toi, comme moi, on s’est juste rendu compte qu’on risquait nos vies pour l’équivalent d’une formule sandwich-boisson-dessert de chez Paul. Et des gens comme nous, y’en a plein partout. Des gens à qui il manque juste une toute petite étincelle pour qu’ils s’enflamment d’un coup. C’est ça qu’ils ont pas compris, les autres crétins de Nuit Debout. Les énervés, ils en voulaient pas. Tout ce qui les intéressait, c’était des discours construits, qui prennent un minimum de temps en usant d’un maximum de dialectique. »
Alors, bien évidement ; nos deux protagonistes vont être confrontés à tout une palette de personnes : surtout dès qu’ils ne veulent pas écouter ou qu’ils ne sont pas prêts ? Les vacances sont plus importantes. D’ autres, qui n’ont que des injures comme réponse et qui s’imaginent capable de déloger cette « salope » de la route, en vain. Certains y mettront trop leur cœur et formeront une genre de milice répressive contre les vacanciers aux apparences trop bourgeoises. D’autres soutiendront le mouvement comme ils pourront via les ondes de radio ou encore grâce à un petit cahier d’écolier : « C’est quoi le truc qui vous pourrit le plus la vie ? »
C’est sur cette bonne note interrogative que nous finirons par dire que ce roman pousse à la réflexion et éveille l’esprit.
Et on en a gros sur la patate !
Bison d’Or.
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