Chroniques noires et partisanes

Catégorie : Chroniques (Page 2 of 150)

TROIS ENTERREMENTS d’Anders Lustgarten / Actes Sud.

Three Burials

Traduction: Claro

Trois enterrements est le premier roman du dramaturge Anders Lustgareten dont la pièce Lanpedusa a été jouée dans quarante pays. Cette attention à la tragédie des migrants s’avère le principal moteur de ce roman.

« Comment Cherry, infirmière et mère de deux enfants, s’est-elle retrouvée en cavale au volant d’une décapotable rose, flanquée d’un policier menotté et du cadavre d’un réfugié assassiné ? Dans quelle quête pour la justice s’est-elle embarquée ? À ses trousses, un inspecteur de police raciste et enragé… Mais que peut bien faire d’autre une femme dotée d’une conscience dans l’Angleterre d’aujourd’hui ? »

Fan de « Thema et Louise », Cherry s’embarque dans une histoire totalement barrée, on l’aura compris à la quatrième couverture et vous le découvrirez très bien par vous-même. Disons seulement : Cherry ne s’est jamais remise du suicide de son fils et croit reconnaître ses traits, un matin d’ivresse, sur le visage d’un môme qui a traversé une partie de l’Afrique, survécu à l’enfer lybien pour traverser la Méditerranée et finir rejeté, mort, sur une plage de la Manche. Et c’est le début d’un gros bordel…

Etrange roman qui en surprendra plus d’un, racontant de manière très humaine, à hauteur d’homme, le drame des migrants qu’il habille d’un humour particulièrement noir, limite gênant parfois, de manière délibérée et totalement assumée. Se lisant très rapidement, Trois enterrements fait particulièrement bien le taf d’un Noir qu’on apprécie, franc, direct, garanti sans aucun filtre. Certes, ce roman n’est pas exempt de quelques faiblesses notamment dans ce désir d’épouser de trop nombreux thèmes qui tiennent à cœur au primo- romancier et Trois enterrements s’avèrera surtout maladroit en mettant en parallèle l’enfer des migrants et le mal être, le mal vivre des jeunes Anglais.

Néanmoins, le roman ouvre pas mal les yeux sur la tragédie vécue par ces gamins qui n’ont, de toute manière, rien à perdre… sauf la vie mais n’est-ce pas leur ordinaire depuis la naissance ? Eminemment politique, soulignant un côté sombre du Royaume Uni que confirme l’actu récente de la perfide Albion, Trois enterrements percute, atteint sa cible et peut être rangé à côté des romans de Joseph Incardona par exemple. On y retrouve cette rage contenue, cette colère froide devant le devenir de l’humanité, cette volonté de montrer les « invisibles » et un humour vachard particulièrement bien senti voilant un temps la tristesse, la peine. Lustgarten a choisi le combat, la lutte avec ses armes et peu importent les quelques imperfections, le message passe.

« Quand tout changement possible venant d’en haut est exclu, quand le pouvoir n’est que malveillance, que faire ? On se replie sur soi ? Ou on va chercher les autres et on se bat ? »

Clete.

KONG JUNIOR de Jean-Christophe Cavallin / Seuil.

À quelques encablures de Venise, sur l’horizon de la lagune se profile Poveglia. L’île abandonnée abrite les ruines d’un ancien asile. Lorenzo Kiesler prétend que King Kong est mort là-bas, au milieu des aliénés. Certain qu’il est son petit-fils, il regarde sa fin injuste comme une prémonition du meurtre de la nature. Quand la Mostra organise une soirée en l’honneur du King Kong de 1933, Lorenzo décide de s’y rendre et de venger son grand-père.

Jean-Christophe Cavallin, Docteur en Lettres Modernes, également professeur à l’université Aix-Marseille où il est responsable du master « écopoétique et création », signe avec Kong Junior son premier roman. Un premier roman qui n’est pas son premier livre puisqu’il est déjà l’auteur de quelques ouvrages. A l’évidence, pour ce qui est de la littérature, Jean-Christophe Cavallin connaît son rayon, mais est-ce que cela est assez pour faire d’un premier roman un bon livre ?

Quand j’écris sur un livre, pour exprimer mon avis j’entends, généralement je m’attarde un peu sur l’histoire avant de me prononcer sur l’écriture, ne serait-ce que quelques lignes. Mais je dois dire ce qui est, il m’est délicat de m’étendre ici sur l’histoire. Je me suis perdu dans la quête qui est celle de Lorenzo Kiesler. Je ne me suis pas perdu comme si j’avais décroché, comme si je n’appréciais pas ce que je lisais. Non. Je me suis perdu comme si je m’égarais dans un rêve. Un rêve trouble mais fascinant. Je me suis laissé entraîner par Lorenzo Kielser, qui lui-même semble perdu, dans Venise et ses alentours, plus belle et mystérieuse que jamais. Un étrange imaginaire se mêle ici à une réalité bien concrète. Un peu comme si l’on était plongé dans un brouillard dans lequel on perçoit les contours de ce qui nous entoure mais où tout semble insaisissable.

Ce qui frappe dès que l’on entame la lecture de Kong Junior, et qui m’a d’une certaine façon fait perdre le fil du récit bien que celui-ci ne fasse que 200 pages, c’est la façon d’écrire de Jean-Christophe Cavallin. Il est d’emblée évident que, bien que ce livre soit un premier roman, il est l’oeuvre d’un auteur confirmé qui semble avoir passé une vie à façonner une langue d’une poésie et d’une richesse folles. De l’esthétique magnétique de ses phrases à la musicalité envoûtante de son écriture, il y a une puissance littéraire d’une beauté tout à fait particulière qui se dégage du texte. Il n’y a pas une phrase dont on ne se régale pas.

« En regardant le vestibule au toit crevé de ciel bleu, avec son lustre de guingois, ses murs mangés d’éboulis, j’ai pensé aux chambres souterraines dont un coup de pioche éventre le plafond et dont la lumière du jour dissout les fresques antiques. Dans cette ruine où rien ne bouge, je savais que quelque part, assis au pied d’un mur ou sur un éboulis, Ritz était en train de s’éteindre. Est-ce que j’aurais dû le chercher ? J’avais défloré sa nuit. J’avais voulu l’éclairer, lui montrer comme elle était belle et je l’avais condamnée. Le rai de lumière nocive que j’y avais introduit la rongerait comme un acide. Ritz avait vécu dans le noir, mais sur tous les murs de ce noir respiraient de grandes fresques encombrée de héros, d’animaux légendaires, de combats mystérieux. Bientôt tout cela aurait disparu. Le jour y était à l’œuvre comme le ver dans le fruit. »

Kong Junior est un roman envoûtant à l’écriture puissante qui est l’apanage des grands auteurs. Jean-Christophe Cavallin a un talent d’écrivain indéniable et une passion pour la littérature qui ne fait aucun doute. Une lecture tout à fait étonnante et qui tient plus d’une confirmation que d’une première fois.

Brother Jo.

ZEM de Laurent Gaudé / Actes Sud.

ZEM de Laurent Gaudé / Actes Sud

Zem ? On le connaît !
Dans Chien 51, (Nyctalopes, octobre 2022), il était un « chien », ayant fui une Athènes en faillite, rachetée, comme grand nombre de pays, par le consortium GoldTex…Un policier désespéré errant dans une zone sordide de Magnapole…En le suivant dans cette «  zone du dehors »  nous nous étions même attendus, parfois, à croiser ces « furtifs » d’ Alain Damasio…


Alors, évidemment quand Zem sort en librairie ou quand on apprend qu’il va apparaître sur les écrans le 15 octobre prochain dans un film de Cédric Jimenez avec Gilles Lellouche, on éprouve à la fois du plaisir et de l’appréhension…Ce Zem là va-t-il être à la hauteur de notre attente ?

« La ville se prépare aux festivités de la cérémonie des Cinq Cents Jours. »
« Tout aurait dû se passer ainsi. Les docks qui travaillent. Les journalistes qui font tourner les caméras  pour pouvoir fournir aux informations des images du découpage des blocs jusqu’à plus soif… » Des blocs de glace qui arrivent du Groenland transformé en comptoir par GoldTex pour fournir « trois cent mille bouteilles d’une eau qui a connu les mammouths et l’ère glaciaire. Une eau d’avant la pollution humaine, pure comme l’éternité. »

« Mais soudain, un chariot porte-container surgit. Il déboule de la droite, dans le dos des journalistes, et roule vers le quai. Il va étrangement vite. » 

Il percute un bloc de glace, fait éclater un container qui laisse apparaître… « Cinq corps. Trois inconnus et deux « Rebuts.», se tenant les uns les autres et bourrés d’antidouleurs…

« Qui sont ces gens ? Et qu’est-ce qu’ils fuyaient ?»

 « Le surgissement du container au port est-il une mise en scène très bien réfléchie ? « 

C’est l’enquête que devront mener Zem, aujourd’hui garde du corps de Barsok chef de la Commission des Grands Travaux, et l’inspectrice Salia Malberg : « deux déracinés qui s’accrochent à leurs enquêtes pour ne pas se noyer. »

Par de discrètes allusions Laurent Gaudé nous rappelle habilement la trame essentielle du livre précédent.
L’intrigue policière est parfaite.
De courts paragraphes scandent sa progression.
« Inspirer, expirer » s’impose Salia à elle-même et le récit va suivre ce rythme haletant.

Mensonges, Cynisme, violence, barbarie, pillage des ressources, mépris, voire déni, du vivant chez ces nouveaux « maîtres du monde » (mais ne croisons-nous pas les mêmes chaque jour sur nos écrans ?).

Nous allons donc éprouver beaucoup de tendresse pour Zem et Salia, leur fragilité cachée qui les submerge parfois, leur amitié. Ils sont sans compromissions. Ils gardent aussi l’espoir qu’il y ait « d’autres mondes » et que la vie soit toujours « plus forte que tout. »

«Je ne sais pas ce que tu as mis en moi, Zem, il y a des années de cela, mais cela a peut-être à voir avec la rage ou la résistance.»(Salia)

Comme dans chien 51, l’auteur a choisi un genre littéraire auquel il ne nous avait pas habitués (au travers de ses pièces de théâtre, de ses romans, de ses nouvelles, de sa poésie …il écrit quand même depuis 1999 !) mais on y retrouve toujours le même souffle, le même élan, la même puissance, la même précision d’écriture.

Soaz.

PS : Il y a un autre « personnage » , une sorte de bidule qui m’a attendrie. A mon grand étonnement d’ailleurs, puisqu’il s’agit de Motus, le DataGulper de Salia, un programme d’assistance intelligente… « presque timide », qui hésite et affirme son désir de loyauté !

« Si les machines peuvent désobéir par loyauté, peut-être faut-il encore croire en l’avenir. » ?

LE MONDE EST FATIGUÉ de Joseph Incardona / Finitude.

« Êve est une sirène professionnelle qui nage dans les plus grands aquariums du monde. Mais personne n’imagine la femme brisée, fracassée, que cache sa queue en silicone. Quelqu’un lui a fait du mal, tellement de mal, et il faudra un jour rééquilibrer les comptes.
En attendant, de Genève à Tokyo, de Brisbane à Dubaï, elle sillonne la planète, icône glamour et artificielle d’un monde fatigué par le trop-plein des désirs. »

On suit Joseph Incardona depuis de nombreuses années maintenant et chacun de ses romans s’avère un régal. Grand défenseur des humbles, des bousillés, des oubliés du libéralisme cannibale, des victimes du système dont tout le monde se fout, le Suisse nous raconte des destins tragiques mais surtout la résistance de ces personnes qui affrontent le grand capital broyeur d’existences. « Homme à femmes » depuis quelques années, Joseph Incardona fait d’elles les héroïnes modernes qui ne lâchent rien dans l’adversité, de belles rebelles qui se lèvent, luttent seules pour un avenir meilleur. Dans les plus récentes parutions, on pourra citer les magnifiques Les corps solides de 2022 et Stella et l’Amérique de 2024, ses deux derniers romans. Le monde est fatigué est donc une nouvelle variante de « la lutte des classes » avec l’histoire d’une femme flinguée par la vie, la connerie, le fric roi. Mais ici, pas d’apitoiement, on a presque brisé Eve mais surtout on a fait de la jeune femme une guerrière que personne ne pourra arrêter dans sa quête.

« Parce que dans rêve, il y a Êve. »

Alors, les fans dont je suis, trouveront peut-être que le garçon tourne un peu en rond, que peut-être cette histoire comme les réflexions sur l’époque qui l’accompagnent ont déjà été écrites par le Suisse. « Ce n’était pas mieux avant. C’est pire maintenant. » Bien sûr, on a déjà senti la rage et la colère sous-jacentes chez le Suisse mais pourtant, il faut le reconnaître, on ne l’en lasse pas. Comment en vouloir à ce brillant avocat des filles, des femmes, des mères, ces victimes depuis l’aube des temps? … Les nouveaux lecteurs, eux, seront certainement impressionnés par la patte de l’auteur, le pouvoir émotionnel dégagé par ce roman.

On n’en dira pas plus faisant ainsi l’économie de certaines péripéties à l’image d’un auteur un tantinet paresseux parfois à nous dévoiler les détails du décor. La guerre d’Êve s’avère instantanément addictive et le final, démentiel, politiquement jouissif emporte tout, merci beaucoup Joseph Incardona !

Redoutez le chant des sirènes…

Clete.

PS: De Joseph Incardona également chez Nyctalopes:

STELLA ET L’ AMÉRIQUE, DERRIÈRE LES PANNEAUX IL Y A DES HOMMES, LES CORPS SOLIDES, LONELY BETTY, 220 Volts, CHALEUR, LA SOUSTRACTION DES POSSIBLES.

REVE D’UNE POMME ACIDE de Justine Arnal / Quidam.

« Une famille. Plusieurs générations de larmes et de calculs. Des femmes pleurent et s’en remettent aux médicaments. Des hommes comptent, aimantés par les chiffres.
Depuis longtemps, une enfant se souvient qu’elle a regardé.
« 

Après deux romans publiés aux éditions du Chemin de Fer, Les corps ravis (2018) et Finir l’autre (2019), la Messine expatriée à Paris, Justine Arnal, revient avec un nouveau roman, Rêve d’une pomme acide, chez Quidam éditeur cette fois. Un livre qui a tous les atouts pour faire parler de lui.

L’histoire écrite par Justine Arnal est autant une histoire familiale qu’universelle, une histoire locale qu’une histoire sans frontières. Elle nous immerge dans une famille où les femmes, selon un schéma malheureusement bien connu, sont réduites à une existence rythmée par leurs tâches domestiques répétées et pesantes. La cellule familiale se referme sur elles et les enferme. Une vie parfois étouffante où les larmes se mélangent aux médicaments. Autour d’elles, les hommes, plus occupés à compter leurs sous et tout ce qui est chiffrable, plutôt qu’à épauler les femmes, sont incapables de prendre conscience de la réalité qui est la leur et de s’impliquer comme il se doit pour changer la donne. Au fil du récit, le noyau dur de cette famille constitué d’une mère, d’un père et de leurs trois filles, va imploser avec le suicide de la mère. Une brutale et tragique secousse qui va mettre tout ce petit monde en émoi.

Dans son récit, Justine Arnal fait preuve de beaucoup de clairvoyance et de subtilité. Le fait d’être psychologue et psychanalyste de son métier n’y est probablement pas pour rien. C’est avec justesse qu’elle rend perceptible tout ce qui pèse sur cette famille. Ecrit d’une plume douce et poétique, à la forme parfois changeante, le texte est riche en émotions mais ne déborde jamais dans le pathos. On est pris par son écriture qui insuffle de la lumière à une histoire pourtant douloureuse.

Il y a dans Rêve d’une pomme acide un fort ancrage local. Situé entre la Lorraine et l’Alsace, Justine Arnal fait souvent référence aux mœurs locales et étaye son histoire d’expressions en alsacien. Etant moi-même alsacien et de l’âge de Justine, j’ai été on ne peut plus sensible à cela et à toutes les références ici présentes. Cette empreinte locale est très réaliste et donne une couleur particulière au récit. C’est donc une perception très subjective, mais cela a éveillé chez moi beaucoup d’images et de souvenirs, me donnant d’autant plus l’impression que Justine Arnal était dans le vrai. La fiction fut ainsi bien moins fictive.

Sans nul doute, le roman de Justine Arnal est une précieuse surprise dont le charme mélancolique séduit. Un livre sensible qui dit beaucoup de la vie en seulement 200 et quelques pages. C’est une belle et sincère voix qui s’exprime ici. On en reprendrait bien encore un stück, comme on dirait par chez nous.

Brother Jo.

A LA TABLE DES LOUPS d’Adam Rapp / Seuil.

Wolf at the Table

Traduction: Sabine Porte

A la table des loups est le premier roman traduit en français de l’auteur américain Adam Rapp. Inconnu chez nous, Adam Rapp a écrit une trentaine de pièces de théâtre, autant de romans jeunesse, a réalisé trois longs métrages dont Blackbird, une adaptation d’une de ses pièces, a participé à de nombreuses séries comme l’écriture du pilote de Dexter: new blood. Il est aussi l’auteur de deux autres romans inédits en France.

« Lorsque les frère et sœurs Larkin quittent le nid familial, chacun poursuit un fragment du rêve américain. Myra est infirmière en prison tout en élevant son fils, Lexy incarne la bourgeoisie des banlieues chic, Fiona plonge dans la bohème new-yorkaise, et Alec, autrefois enfant de chœur, disparaît dans les méandres de l’Amérique profonde. Si leurs existences sont radicalement différentes, une constante semble les rapprocher : la violence la plus sauvage rôde autour d’eux et, à leur insu, la mort les frôle à plusieurs reprises. Puis leur mère commence à recevoir d’inquiétantes cartes postales, dont elle choisit d’ignorer le message.« 

A la table des loups est la saga d’une famille de l’état de New-York, très loin de la folie de la ville, dans l’arrière pays. A priori, rien ne distingue ce roman de toutes ces histoires américaines où les protagonistes courent derrière un supposé rêve américain. Une mère très bigotte, un père souffrant d’un syndrome post-traumatique de la seconde guerre mondiale et leurs cinq enfants dont le dernier mourra très rapidement. Démarré à Elmira en 1951, le roman s’achèvera à Los Angeles en 2010, c’est donc à une long périple dans l’histoire américaine que nous convie Adam Rapp. Racontant le destin de trois des filles, leurs joies et peines, A la table des loups insuffle aussi autre chose de bien plus effroyable, une violence quasiment invisible mais néanmoins très perceptible, créant dès la première page un malaise qui ne nous quittera jamais.

Vers la moitié du roman, alors qu’on a surtout suivi le parcours de Myra Lee (on comprendra à la fin pourquoi) le drame, l’horreur qu’on pressentait se matérialise, explose à la tête de l’ainée de la famille et d’Ava sa mère. Alec, le fils dont on avait perdu la trace à 19 ans quand ses parents l’avaient viré de chez eux, pour avoir volé l’argent de la quête, donne de ses nouvelles… Le contenu des cartes postales, sibyllin d’apparence, envoyées depuis différents coins paumés, ne souffre pourtant d’aucune contestation et révèle au grand jour l’horreur pressentie depuis le début, depuis la première scène où le cauchemar restait tapi derrière un tableau d’apparence enchanteur.

Comment réagir quand le mal touche votre famille ? Que faire quand l’horreur vous ébranle, vous faire perdre toutes vos convictions, vos croyances?

 » Mais son Dieu a toujours été un Dieu de vengeance. Il a ôté la raison à son mari, il lui a ôté la santé et une grande part de son bonheur. Il lui a même ôté son petit frère alors qu’il était encore bébé. il s’est montré impitoyable. Pourquoi en irait-il autrement aujourd’hui? »

Animé d’une réelle force narrative, suggérant l’indicible sans jamais le montrer, offrant parfois quelques clés très troublantes au détour d’une page A la table des loups est un roman redoutable, triste à fendre le cœur parfois, développant les mécanismes d’une omerta familiale, laissant un trace indélébile et interrogeant sur les désordres de la psyché, sur les maladies mentales. A la croisée de certaines œuvres de Joyce Carol Oates et de Lionel Shriver A la table des loups s’avère terriblement noir, triste mais immanquable pour la finesse de son écriture et pour la réflexion sur nos choix qu’il propose, qu’il impose. L’étoffe des grands romans noirs.

Clete

NULLE PART OÙ REVENIR de Henry Wise / Sonatine.

Holy City

Traduction: Julie Sibony

Après dix années passées à Richmond, Will Seems revient dans la petite ville où il a grandi, pour prendre un poste d’adjoint au shérif. Il y retrouve cette terre du sud de la Virginie hantée par l’histoire, celle des riches plantations de tabac et de l’esclavage, que le progrès semble avoir oublié. Dans ce paysage désolé, entre marais et maisons abandonnées, le temps semble en effet s’être arrêté, les fantômes sont partout. Et Will va bientôt devoir affronter ceux de son propre passé lorsqu’un de ses amis d’enfance est assassiné. Alors qu’un vieil homme est suspecté, la communauté noire de la région engage une détective privée, Bennico Watts, pour l’innocenter. Si celle-ci ne s’entend guère avec Will, leur enquête va les mener tous les deux vers le snakefoot, ce territoire marécageux où depuis toujours se réfugient les exclus et les dépossédés, et où cohabitent aujourd’hui les descendants d’esclaves et les white trash. Bientôt ils vont réaliser que pour élucider un crime, la compréhension du lieu importe parfois tout autant que le mobile.

Après David Joy (Caroline du Nord) et S.A. Cosby (Virginie) géographiquement relativement proches, tous les deux publiés aux éditions Sonatine, voici venir une nouvelle voix, Henry Wise, lui aussi originaire de Virginie. Il doit y avoir un truc dans l’eau ou dans la bouffe pour voir émerger autant d’écrivains dans le même coin ! Donc Henry Wise, c’est avec Nulle part où revenir, son livre lauréat du Edgar Award 2025 du meilleur premier roman américain, qu’il débarque chez nous. Mais est-ce qu’il connaîtra autant de succès que ses pairs en France ?

Retour au pays pour Will Seems, un adjoint au shérif encore plutôt frais dans sa fonction. Quand tout le monde ou presque rêve un jour de pouvoir s’échapper de la petite ville de Dawn, lui décide d’y revenir après en être parti quelques années. Ici, beaucoup semblent avoir des choses à se reprocher, parfois de lourds secrets, et vivent avec le poids de leur passé. Will Seems aussi a ses propres fantômes, ses propres blessures à panser, et son retour à Dawn est un moyen pour lui d’essayer de réparer ce qu’il peut réparer, ce pour son propre salut, et peut-être d’alléger sa culpabilité et sa douleur. Alors qu’un meurtre va secouer la communauté locale, Will Seems va devoir concilier sa propre quête et une enquête qui ne va pas lui simplifier la vie.

Scénaristiquement parlant, on ne va pas se mentir, rien de très neuf ni de très original dans Nulle part où revenir. Tout est assez attendu et prévisible dans l’action. Mais parfois, une bonne recette bien exécutée peut suffire. Pour autant, Henry Wise ne se contente pas d’appliquer la recette, il lui apporte une touche personnelle qui lui donne une saveur particulière. En comparaison d’autres romans du genre, celui-ci est un peu plus écrit. Il a notamment l’art et la manière pour les descriptions assez riches et souvent très belles, pour ne pas dire poétiques. C’est quand il nous immerge dans les paysages que je l’ai trouvé le plus convaincant, créant ainsi une atmosphère très prenante et apportant au récit une véritable plus-value qui lui confère une évidente crédibilité.

Nulle part où revenir est un roman noir dans les règles de l’art, bien ancré dans le Sud profond des Etats-Unis. Une histoire classique mais une écriture plus délicate que de coutume. Henry Wise nous plonge dans l’Amérique rurale avec une plume qui nourrit de sérieux espoirs pour la suite. Il risque fort de se faire une vraie place parmi ses pairs du moment.

Brother Jo.

LES DEUX SŒURS de Cathy Bonidan / La Martinière

Nyctalopes suit Cathy Bonidan depuis ses débuts avec Le parfum de l’hellébore (un premier roman récompensé par onze prix littéraires) et a chroniqué ses romans quand ils abordaient la noirceur que nous chérissons ici. Victor Kessler n’a pas tout dit, sorti en 2020 en pleine pandémie, fut l’occasion de constater qu’on avait eu méchamment tort de cantonner la dame dans le « feel good ». Elle n’y a jamais évolué si on sait bien lire ses romans, y compris les plus légers comme Chambre 128 où derrière une certaine fantaisie se lisaient des situations difficiles. Traduit dans neuf pays ce roman a connu une belle carrière américaine, toujours présent en anglais mais aussi en français dans les bibliothèques publiques des plus grandes villes comme New York. « Nul n’est prophète en son pays« , semblait dire ce beau succès à l’étranger.

« Depuis son plus jeune âge, Barbara prend soin de sa sœur Edwige, dont l’enfance traumatisée ne cesse de la poursuivre – au point de mettre de côté sa propre vie. Jusqu’au jour où les deux sœurs quittent leur Normandie natale pour le petit village de Sainte-Colombe, dans les Hautes-Alpes.
Au creux des montagnes, elles prennent un nouveau départ : Edwige est accueillie à bras ouverts, se passionne pour l’écriture et, bientôt, son état psychologique se stabilise. Barbara, quant à elle, tisse de nouvelles amitiés. Soutenues par leur tante et la petite communauté, les deux sœurs tentent de se reconstruire. Mais le passé d’Edwige n’a pas fini de se rappeler à elles. Barbara, tiraillée entre le besoin de protéger sa sœur et son propre désir d’indépendance, doit faire face à des choix difficiles. »

Il est évident que si je n’avais pas déjà lu l’auteure qui nous avait accordé un entretien en 2020, jamais je n’aurais choisi cette histoire qui ne nous concernait pas vraiment. Alors cette quatrième n’est pas fausse, elle est juste indigemment incomplète. Lacunaire pour ne pas effrayer un nouveau lectorat séduit par l’intrigue plus légère de son dernier opus Où la vie nous conduira ? Or, l’auteur confirmée qui écrit maintenant depuis le golfe du Morbihan, tout comme la gamine de Sarcelles qui s’inventait des histoires puis l’instit de banlieue qui écrivait en secret avant l’école, aime changer de monde comme de genre à chaque nouveau roman, cultive son indépendance. Pas de formatage. Juste le plaisir d’écrire et l’envie de raconter des histoires humaines qui la mènent là où les personnages la portent.

Si, bien sûr, les liens entre Barbara et Edwige sont au coeur, Les deux sœurs est avant et tout simplement un putain de polar et il n’y a aucune honte à ça, enfin pas chez nous toujours. Deux histoires criminelles autour des deux sœurs s’y côtoient. L’une est un meurtre et tout accuse Edwige, jeune femme traumatisée dans l’enfance et qui n’a plus eu envie de grandir. L’autre affaire, assez glauque, se situe dans le passé des deux jeunes femmes à Rouen et évoque un aspect de la criminalité particulièrement vicieux et rarement traité dans la littérature policière. Comme à l’accoutumée, la violence est cachée mais la peine, la douleur, la souffrance sont contées avec délicatesse, respect.

En situant son intrigue principale dans un village perdu des Hautes-Alpes, Cathy Bonidan rend à nouveau un chaleureux hommage à cette France qu’on ne voit plus, ces villages semblant assoupis mais qui maintiennent des espaces de solidarité et de bonté. Parfois, par contre on y emporte les secrets dans la tombe. Chez Cathy Bonidan, on croise toujours ces bonnes personnes, souvent âgées dont l’humanité peut faire fondre. Tendre la main, offrir un sourire ou un toit, prendre soin. Roman de la ruralité certainement, Les deux sœurs est de plus traversé, éclairé, par le plus beau personnage créé par Cathy Bonidan à ce jour: La Bessonne, petite vieille, burinée par le temps qui voit tout et qui sait tout, fausse méchante et vraie malheureuse.

« Survivre, on croit que c’est le bonheur. Pour un peu, on allumerait un cierge et on danserait la gigue sur la tombe de ceux qu’ont pas eu cette chance. Ben non! Quand on est la dernière, on porte tous les péchés des morts ».

Bien rythmé, le roman développe une intrigue maline avec de nombreux faux-semblants et fausses pistes. Les deux sœurs permet également à Cathy Bonidan, témoin de son temps, d’enrichir et de développer les thèmes toujours présents dans son oeuvre : l’enfance maltraitée, le don de soi jusqu’au sacrifice d’une vie, les liens familiaux, la vieillesse, la solitude et tous ces gens qui anonymement aident, font du bien…

Cathy Bonidan s’est vêtue de noir et cela lui va très bien. Une sale histoire et un beau roman. Classe !

Clete

IL ETAIT UNE FOIS DANS LES AMÉRIQUES de David Grann / Editions du Sous-Sol

David Grann est journaliste et travaille depuis 2003 pour le magnifique et précieux magazine The New Yorker qu’il alimente d’enquêtes, d’histoires, de destinées qu’on a du mal à croire réelles tant elles défient parfois l’entendement.

Ce recueil regroupe deux nouvelles sorties dans The New Yorker il y a une dizaine d’années et éditées en France par les éditions Allia et une histoire beaucoup plus dense qui fait les trois-quarts du livre et éditée par Robert Laffont. L’ouvrage est titré Il était une fois dans les Amériques parce qu’aucune ne se déroule aux USA. Cuba, le Guatemala et l’Amazonie sont le décor de ces aventures complètement folles.

On vous a déjà parlé de David Grann auteur du fantastique Les naufragés du Wager en cours d’adaptation par Martin Scorsese himself avec Di Caprio dans le rôle principal. Le dernier film du réalisateur était lui-aussi une adaptation d’un excellente enquête de David Grann La note américaine devenu Killers of the Flower Moon interpété notamment par Di Caprio encore et Robert De Niro. Mais Scorsese n’est pas le seul grand cinéaste à avoir été séduit par le travail de Grann comme vous pourrez le constater plus loin.

Chronique d’un meurtre annoncé

« Lorsqu’en 2008, mandaté par l’ONU, le juge Castresana atterrit au Guatemala et s’empare de l’affaire du meurtre de Rodrigo Rosenberg, avocat guatémaltèque estimé, il ne sait pas qu’il s’apprête à ouvrir une véritable boîte de Pandore. » Le Guatemala, pays parmi les plus dangereux du nouveau millénaire, est le théâtre d’un meurtre, un de plus finalement dont on ne découvrira jamais les vrais commanditaires… Mais l’ONU mandate un spécialiste des affaires délicates en milieu hostile, qui va enquêter dans l’adversité et sera lui-même surpris, effrayé par ce qu’il découvrira.
« Une fois résolu le mystère de l’assassinat de Rosenberg, c’est la panique et non le soulagement, qui a submergé castresana. Il trouvait l’histoire si incroyable – c’était sans doute l’épisode le plus bizarre dans les annales des complots politiques – que tout le monde, pensait-il, l’accuserait d’avoir créé une fiction mensongère, comme il y en avait eu tant d’autres, afin de protéger le gouvernement. »

Yankee Comandante

Cette novella datée de 2012 raconte l’histoire extraordinaire de William Alexander Morgan, Américain ayant épousé la cause de Fidel Castro et s’étant battu pour libérer Cuba du tyran Batista. Le leader cubain le fera fusiller en 1961…

« Le Comandante yankee, c’est William Alexander Morgan, figure héroïque de la révolution cubaine pour les uns, traître national pour les autres. Cet homme intègre n’aura eu qu’un mot à la bouche : Liberté. Mais aussi : Vengeance. En 1957, il se joint aux forces rebelles menées par Fidel Castro pour libérer Cuba du dictateur Batista. Son mobile : venger la mort de l’un de ses amis, torturé et jeté aux requins pour avoir fourni des armes aux rebelles. Ce renversement politique permet l’accession au pouvoir de Fidel Castro, le même qui ordonnera qu’on le fusille, le 11 mars 1961. Salué pour sa bravoure, Morgan avait obtenu le plus haut grade, celui de commandant, à l’égal de l’autre figure étrangère de cette rébellion, l’Argentin Che Guevara. Cependant, cet Américain proche de Castro éveille bientôt des soupçons… » Révolutionnaire ou agent double ? Quelles étaient ses réelles motivations ?

La cité perdue de Z

« Considéré comme le dernier des grands explorateurs victoriens, Percy Harrison Fawcett était de ceux qui s’aventuraient dans des contrées inconnues avec pour seules armes une machette, une boussole et une ferveur quasi mystique.
Ce colonel passionné d’aventures avait déjà acquis de son vivant l’étoffe d’un héros : ses expéditions légendaires, suivies par une presse avide d’exploits, fascinaient le monde entier.
Lorsqu’il engage en 1925 une expédition au cœur de l’Amazonie, Fawcett a la certitude qu’elle renferme un fabuleux royaume, une civilisation raffinée dotée d’une architecture monumentale. Accompagné de son fils Jack et de son ami d’enfance Raleigh, le colonel s’enfonce dans la forêt. Mais bientôt, l’expédition ne donne plus aucun signe de vie, laissant en suspens le mystère de la cité perdue. »

Sorti aux USA en 2009 et l’année suivante chez Robert Laffont cet ouvrage raconte le destin tragique du cartographe Percy Fawcett disparu en 1925 avec son fils lors d’une expédition pour découvrir une cité perdue au plus profond de l’Amazonie, synonyme d’une civilisation avancée. L’Aventure humaine avec une majuscule transpire de ces pages un peu comme dans l’histoire du Wager. La disparition de Fawcett a entraîné une dizaine d’expéditions au cours du XXème siècle. Une fois de plus la crème du cinéma américain s’est emparé de l’oeuvre de Grann et c’est James Gray, très attachant réalisateur, qui a tourné l’histoire en 2016. Même si vous avez vu le fim, la lecture de cet opus vous réserve de belles surprises car le long métrage ne rend pas compte de l’obsession de Grann qui, en cours d’écriture, se demande s’il n’est pas lui aussi gravement contaminé par la quête de cette cité. Une fois de plus, Grann a effectué un travail d’orfèvre accédant aux sources les plus intimes de la vie de l’explorateur.
« Mes fouilles dans la vie de Fawcett m’ont amené à puiser largement dans ces documents inédits: journaux intimes, carnets de route, lettres de sa femme et de ses enfants, courriers de ses compagnons les plus proches, mais aussi de ses concurrents les plus âpres. »

Nombreux sont les journalistes qui se lancent dans la « non fiction » mais aucun n’atteint la perfection, la maîtrise du récit, la précision d’un David Grann conteur hors pair. Si vous aimez les destins extraordinaires d’hommes habités par une passion dévastatrice qui les mènera à leur perte, si vous aimez quand la réalité est tellement plus forte, plus belle que n’importe quelle fiction, quand l’écriture vous emporte au plus profond de la noirceur, Il était une fois dans les Amériques vous séduira, vous enchantera, vous comblera bien au-delà de vos espérances.

Clete

LE GOÛT DES SECRETS de Jodi Picoult et Jennifer Finney Boyland / Actes sud.

Mad Honey

Traduction: Marie Chabin

« Je plonge dans une mer de monstres : des caméras cyclopes avec leurs yeux aveugles et noirs braqués sur moi, des micros dardés comme des baïonnettes dans ma direction.
Connaissiez-vous Lily Campanello ?
Pourquoi votre fils l’a-t-il tuée ?
Asher a-t-il un passé de garçon violent ? »

Asher est le fils d’Olivia, il a dix-huit ans, plein d’attentions délicates pour sa mère. « Il a un tempérament tellement doux » murmure son amoureuse Lily.

Dans Le Goût des secrets, deux voix alternent, mélangeant le présent et le passé, comme à contre-courant : celles d’Olivia et de Lily. Elles se côtoient (dans le New Hampshire), l’une ayant échappé à un mari violent, l’autre à un père dont on sait seulement qu’elle le hait.


Au début, on a parfois l’impression d’être immergé dans un traité d’apiculture…Il n’y aura plus aucun secret… pour la vie des abeilles ! Olivia nous raconte, par petites touches, l’organisation de la ruche, la récupération d’un essaim, la récolte du miel, ou comment allumer un enfumoir…

« Quand on travaille avec des abeilles, on commence par les enfumer. » nous explique-t-elle, et, peu patiente, j’ai eu un peu peur que cet enfumage agisse aussi sur le lecteur…Mais non, ce sont au contraire, Mille petits riens (un autre ouvrage de Jodi Picoult (2018) qui nous captivent et nous entraînent vers le drame : La mort de Lily.

Asher crie son innocence « Je me rappelle juste avoir vu la mère de Lily devant moi, et elle me demandait ce qui s’était passé. Elle a appelé les secours et ensuite elle s’est agenouillée près de Lily et là, je… je me suis écarté. Et ensuite, la police est arrivée. »

Emprisonnement, procès, et de multiples rebondissements…

Une étincelle de violence surprise dans les yeux d’Asher, un pli mauvais au coin de sa bouche…le souvenir d’un mur de plâtre enfoncé dans la chambre de l’ado et le poison du doute s’insinue dans le cœur d’Olivia. Et si…comme son père … ??

Le titre anglais Mad honey fait peut-être mieux ressentir l’atmosphère du roman :
«L’arme secrète du miel fou, bien sûr, c’est que l’on s’attend à quelque chose de doux sans penser un instant qu’il peut être mortel.»

L’écriture ressemble aux gestes de l’apicultrice (et aux mouvements des abeilles?)…Simple, efficace, mesurée, fluide. Toute en douceur et subtilité pour aborder des thèmes difficiles comme ceux de la violence faite aux femmes, le rapport au mensonge, (Est-ce que le fait de ne pas tout dire revient à mentir? Quelle est la différence entre ce qui relève du secret et ce qui relève de
l’intime ?), la construction de l’identité…

Les autrices ? Jodi Picoult et Jennifer Finney Boylan. Les éditeurs n’en révèlent quasiment rien et nous laissent attendre les notes des autrices elles-mêmes pour que le secret se dévoile.

Alors, on dira simplement que les deux autrices, engagées pour la défense des Droits humains abattent (avec délicatesse), tout au long de ce livre, des « pyramides de préjugés ».

Soaz

Du même auteur chez Nyctalopes: La tristesse des éléphants.

« Older posts Newer posts »

© 2025 Nyctalopes

Theme by Anders NorenUp ↑