Traduction : Pierre Girard.
Jodi Picoult est une romancière américaine célèbre, elle a écrit plus de vingt romans depuis 1990, dont plusieurs ont été des best-sellers. Parmi eux « ma vie pour la tienne » qui a été adapté au cinéma par Nick Cassavetes. Pour ma part, je la découvre avec ce roman « la tristesse des éléphants », beau et étonnant.
« Jenna avait trois ans quand a inexplicablement disparu sa mère Alice, scientifique et grande voyageuse, spécialiste des éléphants et de leurs rituels de deuil. Dix années ont passé, la jeune fille refuse de croire qu’elle ait pu être tout simplement abandonnée. Alors elle rouvre le dossier, déchiffre le journal de bord que tenait sa mère, et recrute deux acolytes pour l’aider dans sa quête : Serenity, voyante extralucide qui se prétend en contact avec l’au-delà ; et Virgil, l’inspecteur passablement alcoolique qui avait suivi – et enterré – l’affaire à l’époque. »
Jenna est complètement seule : elle vit avec sa grand-mère qui refuse de parler la disparition d’Alice, son père ne s’est jamais remis de l’affaire sanglante qui a abouti à la disparition de sa femme et vit désormais à l’hôpital psychiatrique du coin. L’adolescente décide de découvrir ce qu’il s’est passé. Elle sait que la vérité ne peut sans doute que la blesser : soit sa mère est morte, soit elle l’a abandonnée, mais elle s’accroche à ce tout petit espoir que sa mère, encore vivante ait eu de bonnes raisons de ne pas venir la rechercher.
Une enfant abandonnée qui recherche sa mère… les seuls qu’elle réussit à convaincre de l’aider sont un ex-inspecteur de police, alcoolique et une voyante extralucide qui a perdu la liaison avec l’au-delà. Deux êtres décalés, fracassés, qui n’ont qu’une confiance très limitée en eux-mêmes et en leurs compétences pour aider Jenna mais qui ne peuvent refuser, étant bien conscients d’être vraiment les seuls à s’intéresser à cette affaire que tout le monde se félicite d’avoir classée. Ces personnages de gueules cassées sont magnifiques et attachants. Ils forment une équipe singulière qui offre à chacun une parade à sa propre solitude.
Jodi Picoult orchestre brillamment ce roman choral, elle donne la parole à tous les personnages : Jenna, Alice, Serenity et Virgil, chacun d’eux est tour à tour le narrateur. Leur voix s’unissent dans un très beau chant, triste et noir sur l’amour des mères, l’amour tout court, l’amitié, tout ce qui nous réchauffe un peu face à la mort, au deuil, à la perte. On se laisse envoûter par l’écriture, belle, vraie et émouvante, on se prend à aimer les éléphants (le livre est bien documenté) pourtant ils n’étaient pas notre priorité !
Dans une atmosphère un peu étrange, mâtinée de surnaturel, Jodi Picoult nous entraîne dans une véritable enquête, bien ficelée. Elle sait faire monter le suspense, les éléments s’enchaînent peu à peu autour de ce mystère lié à une mort violente et tout est pertinent même si certains indices sont recueillis par Serenity. Chaque piste est vraisemblable, révèle des secrets forcément douloureux pour Jenna, pour Alice…
Jodi Picoult raconte une histoire tristement humaine, une histoire d’amour, de folie, de crime, une histoire très noire mais très belle, avec une fin franchement plus que surprenante, mais je n’en dirai pas plus !
Un roman étrange et magnifique.
Raccoon
Ah ! Tu me fais envie, là !
J’ai beaucoup aimé! Il faut accepter une petite dose de surnaturel… Certains ne supportent pas…
Amitiés
J’avais beaucoup aimé « à l’intérieur » de cette auteure. Et ce roman pourrait être une bonne occasion de la lire une nouvelle fois!
Oui, n’hésite pas, Fanny. C’est beau, fort et émouvant avec une pointe de surnaturel, si ça ne te rebute pas.
Si c’est bien amené, ça pourrait me plaire 😉
A tenter, vraiment!
J’ai lu un de ces romans mais il y a longtemps (le pacte entre deux ados, mais l’un ne se suicide pas ..) bref j’avais beaucoup aimé et là ce roman me faisait de l’œil et après lu ce billet, je le veux !
Je n’ai lu aucun autre de ses romans, je ne peux donc pas comparer. Ce roman et Jodi Picoult sont de belles découvertes pour moi.