« La Finlande : ses forêts, ses lacs, ses blondes sculpturales… et son Championnat du Monde de Sauna.
Chaque année, des concurrents viennent de l’Europe entière pour s’enfermer dans des cabines chauffées à 110°. Le dernier qui sort a gagné.
Les plus acclamés sont Niko et Igor : le multiple vainqueur et son perpétuel challenger, la star du porno finlandais et l’ancien militaire russe. Opposition de style, de caractère, mais la même volonté de vaincre. D’autant que pour l’un comme pour l’autre, ce championnat sera le dernier. Alors il faut se dépasser. Aller jusqu’au bout. »
Alors, j’ imagine très bien que certains font déjà la moue à la lecture de la quatrième de couverture et ils auront bien tort d’aller voir ailleurs. Le sujet est étrange, j’en conviens mais il est traité par Joseph Incardona et celles et ceux qui ont lu « Trash Circus » et surtout l’extraordinaire « Derrière les panneaux, il y a des hommes » paru également chez Finitude et récompensé en 2015 par un très mérité prix de la littérature policière savent que le Suisse est extrêmement dangereux et que sa plume, bien souvent trempée dans le vitriol est redoutable. « Chaleur » est tiré d’un fait divers réel et Incardona a voulu aller plus loin, l’adapter pour le raconter à sa manière.
Le ton est nettement moins douloureux que précédemment mais l’auteur, à sa manière virtuose, raconte une histoire passionnante, sans temps mort, dans une tonalité plus légère mais où persistent néanmoins la morgue pour certains de ses contemporains qu’on lui connait, le sarcasme et une écriture percutante malgré une certaine atténuation qui pourrait être prise pour de la légèreté ou de l’ironie vite démentie par la lecture du roman.
Au travers de la narration de cet événement « sportif » finlandais un peu incongru pour les populations non scandinaves ou des régions boréales de la planète, Joseph Incardona nous raconte le duel de deux hommes, un terrible fait divers qui a entraîné la disparition de cette compétition en 2010. Si Incardona semble « amusé » en début de narration, ne vous laissez pas endormir par sa prose car ce qui suivra sera moche, très moche. Au fur et à mesure que le roman avance, on pressent à petites doses homéopathiques, le drame qui risque de se produire.
Alors, il est certain que ce roman ne fera pas l’unanimité. Ce qu’ Incardona balance sur nous les hommes, à longueur de romans, n’est pas très réjouissant mais souvent très juste. Par l’animation de ses personnages, il est capable d’appuyer là où ça fait mal, de révéler certains travers ordinaires de la gente masculine que nous préférons parfois taire, masquer ou ignorer. Incardona fait mal, ne cherche pas à séduire mais à nous mettre en face de nos pratiques stupides, vicieuses ou malsaines et du coup, la réflexion peut s’avérer embarrassante voire douloureuse.
C’est aussi, bien sûr, un roman sur le dépassement de soi, la conquête de l’inaccessible étoile… pas une minute de répit dans la lecture (mécanique suisse bien huilée) et de longs moments de réflexion ensuite. Surtout, gardez bien en tête que ce n’est pas une fable.
Brûlant !
Wollanup.
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