Traduit de l’anglais (Inde) par Josette Chicheportiche
L’Inde a ses rites, ses us et coutumes. Pays en plein essor économique, il conserve, néanmoins, derrière les devantures, aux périphéries des mégalopoles, des scissions profondes sociales et des habitudes ancestrales dans ses relations humaines. Le retour au pays d’un brillant chirurgien oncologue, promis à la félicité, ne sera que désenchantement, surprises malsaines et vérités « boomerang ».
« Après avoir exercé aux États-Unis pendant quinze ans, le docteur Neel Dev-Roy est revenu en Inde pour travailler dans un hôpital de New Delhi. Plein d’enthousiasme au début, il va vite se heurter à une insupportable bureaucratie, une déplorable gestion et surtout une corruption à tous les échelons.
Quand il est confronté au cas si douloureux de la jeune et jolie Mitali Dotto, plongée dans le coma après avoir été poignardée, il va se battre pour essayer de sauver cette patiente qui n’intéresse personne : pas d’argent, pas de famille, pas de relations. Mais il devra redoubler d’efforts, après avoir découvert que Mitali est enceinte de trois mois. Ce n’est plus pour une vie, mais deux, qu’il lutte désormais, contre à peu près tout le monde. »
L’auteur né en 1970 a lui-même exercé aux Etats Unis après avoir étudié la médecine à Bombay, vivant à Calcutta. Et cet ouvrage est le premier à être édité dans la langue de Modiano, l’on peut aisément se dire que celui-ci renferme une part d’histoire personnelle.
Neel rentre donc au bercail bardé d’une expérience médicale solide dans sa spécialité. Son choix de retour est délibéré et acté par son épouse initialement retors à ce virage de vie. Dans une utopie, une crédulité sincère professionnelle, il pense que les portes du milieu hospitalier indien seront grandes ouvertes. Il y découvre un système qui se veut être l’égal des établissements occidentaux, voire leur ravir le leadership, qui derrière les murs opaques d’un théâtre de dupes, en parallèle les démons séculaires d’une société sclérosée par des habitus délétères à cette expansion.
Derrière ses choix, son trajet hospitalier, Neel conserve le but inavoué de renouer avec ce père légendaire, tant dans sa dimension médicale que par son engagement politique, et de remonter un temps jonché de frustrations, de non dits, de zones d’ombres. Son amour pour sa mère décédée et le mystère concomitant de ce père dont l’image instantanée reste voilée déroule le fil d’un écheveau ponctué de nœuds.
L’histoire au médian du récit vire dans une narration et des thématiques proches du polar avec ses manipulations, ses menaces, ses conspirations et l’on se prête volontiers aux combats du personnage principal. Ces thématiques intriquées politique, déontologique, morale et rattachées par des traditions séculaires « trahissent » les idéaux de Neel mais lui permettent irrémédiablement de recouvrer ses racines et comprendre la genèse de son éducation et ses ramifications.
Ouvrage empreint d’émotions, de reconstructions morales, de désillusions abreuvées par des chimères friables, on est emporté dans ce récit sincère qui dresse le portrait sans concessions d’une société mi-dorée, mi-terne. Riche d’enseignements sur cette culture ambivalente et face à un bel objet littéraire on referme ce livre rasséréné.
Eclairant, jubilatoire, remise à plat de valeurs humaines fondamentales !
Très belle découverte.
Chouchou.
Ce que j’ai lu d’auteurs indiens ( souvent des femmes ) m’a bien plu. Le ton, la façon d’écrire et puis ce pays avec ses contradictions, cette culture particulière. Il me tente ce livre
Chouchou a été franchement épaté.
Belle journée à toi Simone.
Oui découverte « fortuite » mais rapidement happé dans ce flot de contradictions et de thématiques multiples!