Peckerwood
Traduction: Monsieur Antoine Chainas
Les romans ricains de rednecks ont été popularisés il y a une dizaine d’années par un éditeur très bon dans la littérature noire américaine, sans être le seul comme certains le pensent en l’idolâtrant, et que je ne citerai pas étant blacklisté par son service de presse… Ces romans, situés dans le Midwest et racontant les us et coutumes de tarés bouffés par la meth ont eu leur heure de gloire et puis la répétition a peu à peu engendré une sorte de lassitude. Aurélien Masson, pour sa collection EquinoX, réellement de grand niveau cette année, avait fureté à une époque aux States et nous avait ramené le second écrit de Jedidiah Ayres, la novella Les féroces. Bizarrement, le premier, celui qui nous intéresse aujourd’hui, prêt depuis trois ou quatre ans, si l’on en croit son traducteur, le génial et rare auteur Antoine Chainas, avait dû rester au fond d’un tiroir d’Aurélien.
“Dans une petite ville du Missouri, Jimmy Mondale, shérif corrompu, doit gérer son ex-femme, sa fille rebelle, ses adjoints et son complice : un dangereux trafiquant de drogue qui utilise un magasin de pêche pour dissimuler ses activités illicites. Ajoutez à cela un télévangéliste que deux voyous minables entreprennent de faire chanter, et vous obtenez une bande d’affreux qu’un drame local va entraîner dans une spirale infernale.”
Le Missouri d’abord et on pense d’emblée sur le ton comme sur la forme à l’hilarant Frank Sinatra dans un mixeur de Matthew McBride daté d’il y a presque une dizaine d’années. Ceux qui l’ont lu ne l’ont vraisemblablement jamais oublié. Et puis un flic corrompu, un chef de gang local et sa fille ado bulldog psychopathe redoutable qui veut, avec l’aide du flic, avoir le monopole de la came dans ce trou du cul vérolé du monde. De la came bien sûr, un jeune procureur aux dents démesurément longues, un prédicateur aux mœurs peu recommandables par rapport à son sacerdoce et enfin des abrutis finis, cramés du bulbe, qui agissent avant de réfléchir, quand ça leur arrive, des flingues, des bastons, des cervelles explosées. Tous les ingrédients du genre sont présents, tous les clichés, rétorqueront certains mais que nenni car le premier chapitre, terrible et très malin, annonce la couleur. La plume est parfaite, faisant pressentir certes le pire à venir pour cet abruti prisonnier d’un coffre de bagnole mais surtout l’humour noir, très noir qui va peupler l’ensemble du désastre en devenir. Pas l’ombre d’un misérabilisme chiant comme la pluie et si souvent considéré de bon aloi, aucune compassion ni empathie, il faut dire qu’il est très difficile de trouver une personne sympathique dans la meute, éventuellement un môme de treize ans, si on occulte son alcoolisme déjà bien ancré. Aucune célébration de la beauté sauvage de la campagne, mettez ces abrutis au soleil du littoral californien, ils agiront de la même manière dégueulasse. L’amoralité et l’immoralité triomphent.
Fils de pasteur texan, Aynes est né dans la terrible Saint Louis dont nous avait parlé un jour McBride et se dit amateur de Rockn’Roll et du cinéma de Peckinpah. Il a bien digéré l’influence du cinéaste, le sang macule, explose les pages. Concernant le Rockn’Roll, si des lyrics de Lynyrd Skynyrd sont évoqués, la B.O. sera quand même bien plus bourrin et tant pis pour les derniers amis qui me restent, il faut fouiller (avec des gants cela va de soi) chez plus frustre et binaire: AC/DC et ersatz pour vieux punks à chiens.
Affreux mais également sales, méchants et surtout à hurler de rire, si vous osez… une pépite !
Clete.
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