THE SEAS
Traduction: Alex Ratcharge

Cette petite ville de pêcheurs, ravagée par l’alcoolisme, est si loin au nord que toutes les routes vont vers le sud. Face à l’océan, une jeune femme esseulée s’imagine sirène. Elle espère le retour de son père disparu ; rêve d’ailleurs, et de l’objet de son désir dévorant – Jude, un vétéran de la guerre en Irak, fracassé et trop âgé pour elle, raisons pour lesquelles il refuse d’être plus que son ami. Cette relation, fusionnelle à défaut d’être charnelle, est autant un refuge qu’une source de frustration. Comment se réinventer au sein d’une famille au deuil impossible, désemparée et excentrique ? Comment partir de ce trou quand on a rien ?
Écrivaine américaine, Samantha Hunt s’est d’ores et déjà fait remarquer aux Etats-Unis. Dès son premier roman, Seul l’océan pour me sauver, publié en 2004 outre-atlantique, elle s’est fait un nom. Un premier roman qui aura même terminé dans les finalistes du prestigieux Women’s Prize for Fiction, anciennement Orange Prize for Fiction, récompense décernée au Royaume-Uni. Il aura fallu un certain temps, mais le roman en question arrive enfin chez nous, et ce grâce aux éditions Le Gospel.
Le résumé donne le ton, il y a quelque chose de pas bien joyeux dans cette ville du nord des Etats-Unis où évoluent les protagonistes du roman. Une poignées de personnages qui vivent au bord de l’océan, avec quelques traumas qui pèsent sur leur vie, et dessinent pour certains les contours de leur quotidien. Chacun, à sa façon, essaye de vivre avec le poids du passé. Le tout est d’arriver à ne pas se laisser submerger par les émotions et les sentiments, à garder le cap quand bien même les vagues se lèvent, parfois jusqu’aux impitoyables scélérates. Mais pour une jeune femme de 19 ans, sans horizon clair, cela peut être aussi intense que difficile.
D’une plume légère et poétique, Samantha Hunt nous immerge avec beaucoup de délicatesse dans une famille haute en couleurs. Le souffle de son écriture est tel que l’atmosphère brumeuse du livre nous enveloppe instantanément. Si notre protagoniste principale a du mal à trouver les mots pour exprimer les maux, ce n’est pas le cas de Samantha Hunt dont le langage est riche. Par une sorte de réalisme magique, ce sont les thèmes du deuil, de l’amour impossible et de la sexualité féminine qu’elle développe dans ce conte intemporel.
Seul l’océan pour me sauver est un roman tragique d’un bleu mélancolique. Il est aussi vaste et profond que l’océan lui-même. On est porté au gré des vents parfois tempétueux et on guette l’embellie ou le phare qui illuminera l’obscurité. Ce n’est pas de l’embrun que vous sentirez sur votre peau, mais bien des larmes.
Brother Jo.
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