Traduction: Michèle Kahn.
«Macha ou le IV REICH » publié chez ACTES SUD est l’œuvre de l’auteur ukrainien Jaroslav Melnik. Il a déjà écrit un certain nombre de romans et de nouvelles dont l’univers allie science-fiction et conte philosophique et pour lesquel il a été récompensé et reconnu. Voilà pour les présentations !
Pour commencer « Macha ou le IV REICH » est un roman à la couverture intrigante et captivante, qui ne passera pas inaperçu dans les rayons des librairies ou de votre propre bibliothèque.
L’histoire quant à elle, est clairement raccord. Je me suis complètement fait embarquer dans cette dystopie. Je regrette que le film soit passé si vite et je dis bien le film parce que c’est la juste impression de ma lecture de ce roman. L’écriture est percutante et très visuelle.
Tout se déroule en 3896 dans un monde ou le IV REICH a tout pouvoir et a balayé les principes et concepts de l’ancien monde. Il n’y a plus de technologies modernes, plus de grosses industries et les hommes sont retournés au travail de la terre, aux valeurs simples…
Dans cette nouvelle société Post Nazi, le nouveau concept est simple, plus de races mais d’un côté les hommes et de l’autre les stors. Les stors sont des hommes qui ont été rendus au fil des siècles et des générations des êtres d’apparence humaine sans capacité de langage ou de réflexion. Ils servent aux hommes de main d’œuvre docile et sont élevés également comme du bétail. Ils fournissent le lait et la viande des hommes qui ne consomment par ailleurs plus d’animaux.
C’est dans ce monde absurde que vit Dima. Il est journaliste à la Voix du Reich et est aussi un as de la découpe de stors, tradition familiale oblige.Il vit avec sa femme et son fils en campagne et est lui-même propriétaire de stors. Sa vie est depuis peu très banale, sa femme Elsa ne le regarde plus et son fils Albert le déconsidère totalement. Il préfère donc passer son temps avec ses stors. Et un soir qu’il va traire une de ses stors, Macha, sa vie commence à basculer. Il perçoit dans son regard quelque chose d’humain. Ses rapports avec elle vont devenir de plus en plus troublants.
Les jours passent, sa vie familiale se délite de plus en plus et Dima s’attache de jour en jour à Macha, ce qui le pousse à revoir sa vision des stors et leur condition. Un soir il assiste à une réunion qu’un groupe anime, le PHC. L’un des membres présente sa femme qui se révèle être un stor et choque l’assemblée qui devient vindicative.
Il reste alors en contact avec ce groupe qui lui explique l’irrationalité de cette société en lui prouvant qu’un stor n’est rien d’autre qu’un homme. Ce groupe a sauvé des nouveaux nés stors et il s’avère que lorsqu’ils sont élevés avec d’autres enfants, ils sont tout à fait semblables en tous points. Dima prend alors totalement conscience du mensonge dans lequel il a vécu ainsi que ces aïeux avant lui et décide de s’enfuir avec Macha afin de rejoindre le groupe et quitter définitivement cette famille qui ne le comprend plus.
« Je tendis la main et grattai derrière l’oreille. Une goutte de lait tombait de sa mamelle gauche. Si on ne la trayait pas tout de suite, le lait allait surgir. Je l’attirai vers moi. La chaleur était telle que je sentais la sueur couler sur mes épaules. Et j’eus tout à coup une drôle d’idée. Au lieu de traire Macha à la main comme je le faisais dans de tels cas, j’approchai mes lèvres de sa poitrine et me mis à la téter. En général, il n’était pas d’usage que de semblables contacts charnels se produisent entre un humain et un stor…
J’étais couché sur ses genoux et elle me soutenait la tête pour que je sois à l’aise. Et pendant que je tétais sa mamelle droite, elle se mit à me caresser la tête. Il me sembla que je perdais l’esprit. C’était comme si elle n’était pas un animal, mais une femme. »
Le périple pour les rejoindre est difficile, intense, philosophique. On assiste à la renaissance d’un homme et à la transformation à ces côtés de Macha qui devient femme.
Le dénouement fait réfléchir et méditer sur les erreurs du passé de notre propre société, celles du présent et peut être celles à venir.
Le récit est d’autant plus troublant qu’il est cohérent, en phase avec ce que notre monde vit et met en place aujourd’hui dans le contrôle des populations. Après chacun y verra ou décèlera les parallèles qu’il a envie d’accepter.
Pour ma part, j’ai adoré et recommande vivement ce roman qui sort du lot.
Nikoma
Vendu, d’autant plus que j’avais adoré Espace lointain, de ce même auteur… !
Et tu as bien raison.