Il Methodo Catalanotti
Traduction: Serge Quadruppani.
« Pour le fidèle bras droit du commissaire Montalbano, l’infatigable coureur de jupons Mimí Augello, c’est une nuit comme les autres lorsqu’il doit se sauver par la fenêtre de la chambre de sa maîtresse pour échapper au mari cocu. Ce qui l’est moins en revanche, c’est de tomber à l’étage du dessous sur le voisin allongé sur son lit, élégamment vêtu… et mort.
Le lendemain matin, un appel au commissariat signale qu’un homme a été retrouvé dans les mêmes circonstances, à une adresse différente. Comment est-ce possible ? Qu’en est-il du premier corps ? Ces tableaux macabres ont un bien étrange goût de mise en scène théâtrale…
Montalbano parviendra-t-il à résoudre cette affaire, dans laquelle drame et réalité se confondent et où les cadavres disparaissent comme dans une pantomime ? »
La Sicile, ses odeurs, ses senteurs, ses saveurs, ses ombres et ses lumières, ses chants et ses silences, un petit coin perdu tout au sud de l’île où le pittoresque et le charmant côtoient hélas aussi le sordide. Et pour résoudre des crimes depuis 1994 à Vigata, nom donné dans la série à la ville natale d’Andrea Camilleri de Porto Empedocle, on fait appel à une équipe de bras cassés aux moyens financiers, mécaniques et humains trop limités pour lutter réellement contre la criminalité insulaire mais qui compensent leurs manques par une malice, une volonté sans faille et un peu de chance. L’inénarrable Catarella, le dragueur fou Mimi Aurello et le taiseux Fazio forment la garde rapprochée de Salvo Montalbano, chef de la police. Sorte de Bacri rital, compensant son irritation devant les excentricités de ses subordonnés par des abandons coupables dans les mets les plus riches de la cuisine locale, Salvo Montalbano joue parfois les gros durs, rampe devant son éternelle fiancée génoise gênante et qu’il aime beaucoup plus quand elle est sur le continent, loin de lui. A ce propos, pour les habitués, la relation entre Livia et Montalbano va connaître un rebondissement aussi imprévu que surprenant.
Alors, reconnaissons qu’au départ, l’enquête est mise de côté, le ton est assez léger et on se régale des pitreries de cette belle bande d’éclopés où Mimi et… Montalbano ne pensent qu’à baisouiller. On sent que Camilleri a eu envie de rester dans cette ambiance, célébrer encore les belles choses, les amis, le bon vin et les assiettes fumantes. Mais si l’humour est si souvent présent au début des romans de Camilleri, c’est pour mieux vous saisir quand la chasse est lancée. Chaque enquête de Montalbano révèle des aspects bien sombres de la Sicile où le malheur n’est pas toujours imputable à l’insaisissable Mafia. Cet épisode se déroule dans le milieu théâtral, on aime beaucoup y jouer la comédie et créer l’illusion.
Andrea Camilleri, décédé en 2019, était un immense conteur qui avait aussi un grand respect pour ses lecteurs qu’il a voulu satisfaire jusqu’à la toute fin. Malade et devenu aveugle, il a dû se résoudre à dicter ses derniers écrits et notamment La méthode sicilienne.
Clete
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