The Enchanters
Traduction: Sophie Aslanides et Séverine Weiss.
« Los Angeles, 4 août 1962. La ville est en proie à la canicule, Marilyn Monroe vient de succomber à une overdose dans sa villa, et Gwen Perloff, une actrice de série B, est kidnappée dans d’étranges circonstances. Cela suffit à plonger le LAPD dans l’effervescence. Le Chef Bill Parker fait appel à une éminence grise d’Hollywood, l’électron libre Freddy Otash, qui va mener une enquête aux multiples ramifications et rebondissements. »
Tout d’abord, on ne vous fera pas l’affront de vous présenter James Ellroy. On ne vous cachera pas non plus que ses derniers romans nous ont particulièrement gonflés. On a eu beau s’y mettre à plusieurs pour le couvrir, rien n’est sorti sur le blog. Alors Ellroy serait-il devenu pénible à lire ? Evidemment non, mais certainement que les thèmes retenus avaient une portée plus limitée. Peut-être aussi que l’écriture, le style semblaient donner l’impression un peu de se moquer du lecteur perdu dans des énumérations sans fin de personnages ? L’auteur semblait se fiche éperdument de la compréhension du lecteur courageux certes mais pas non plus masochiste et encore moins pigeon. Mais, mais La tempête qui vient annoncée et qu’on avait ratée dans son précédent roman est bien arrivée avec les enchanteurs, brûlot haineux et hypnotique sur Hollywood.
En écrivant une histoire commençant à la mort de Marylin, Ellroy sait déjà au départ qu’il va accrocher le passant sous toutes les latitudes. En insérant un index, certes lapidaire, des personnages, nombreux, à la fin du roman, Ellroy donne également de belles et précieuses clés vers la compréhension de cette intrigue folle. Après le style, la patte Ellroy, c’est à vous de voir. Ellroy n’inspire jamais des sentiments tièdes, il n’aimerait pas non plus. On peut adorer comme on peut logiquement détester pour les mêmes raisons mais jamais l’indifférence ne l’emporte. Ça passe ou ça casse mais quand Ellroy est en forme, difficile de ne pas être emporté par une écriture qui dans son expression, son rythme, sa musique, colle parfaitement à l’intrigue, aux états d’âme des personnages, seuls les grands y parviennent.
Dans Les enchanteurs, Ellroy empoigne une kalash pour flinguer autant qu’il peut Hollywood. Vérités mais aussi rumeurs et faits totalement inventés sont balancés, assénés pour souiller stars, producteurs, réalisateurs, flics, politiques. Il cogne… dégueulasse tout, crée une intrigue de premier plan de tueur en série mais s’épanouit réellement dans le flingage systématique des plus grands mythes américains. Si vous avez ou tenez à garder une image un temps soit peu glamour de Marylin Monroe, malheureux, n’ouvrez jamais ce roman.
Etrange microcosme que ce Hollywood du début des années 60 où chacun tente de tenir son voisin, son adversaire par les couilles avec des dossiers « secrets ». Dans ce monde où on aime tant fouiner dans les poubelles du voisin ou de l’Histoire, Ellroy nous offre en guide le pire des fouille-merdes de la Cité des Anges, Freddy Otash. Une pourriture, une vraie saloperie et un simple passage sur sa fiche Wikipedia pourtant déjà éloquente ne permet pas de cerner dans sa réelle envergure l’éventail de ses activités criminelles. Ellroy aime beaucoup Otash déjà mis en lumière plusieurs fois par le passé. Le rythme du roman, un brin ralenti par une multitude de rapports de police, est génialement soutenu, l’intrigue pue l’urgence, on sent la folie de Olash, on perçoit la fièvre de Ellroy, ou le contraire.
Le Dog mord encore et c’est Marylin Monroe qui morfle. Du grand Ellroy!
Clete.
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