Dans cet ouvrage l’auteur s’attache et nous convie à suivre le retour aux sources d’un être hanté par son passé, son héritage et ses souvenirs. La confrontation rude réservera néanmoins des virages émotionnels, des coups de volant, des changements de cap violents pour certains, surprenants pour d’autres…

« Le major de gendarmerie Remangeon, «le fils du sorcier», est de retour en Sologne. La région de son enfance, pauvre et marquée du sceau de la superstition, s’est muée en source de revenus non négligeables grâce à la chasse, principale activité des propriétaires terriens. C’est aussi là qu’il y a dix ans a disparu Élise, son épouse, que personne n’a jamais revue.
Dès son arrivée, des cervidés sont braconnés sur le domaine d’un commerçant aisé, et l’élevage de faisans de son amie d’enfance périclite de façon irrationnelle… Puis il aperçoit Élise, sans pouvoir l’approcher… Afin d’éclaircir tous ces mystères, le gendarme va devoir accepter son héritage, et maîtriser enfin ce sang noir qui bouillonne en lui. »

 

L’auteur originaire de Seine et Marne et Berrichon d’adoption présente deux passions la lecture et la chasse. De cette synthétique présentation, on ne peut que mieux comprendre la substance du récit et ses ramifications.

Le major Fabrice Remangeon se voit, après une bavure « contrôlée » voire « morale », désavoué par sa hiérarchie… Dans leur infinie bonté, germe l’idée saugrenue, vicieuse de le renvoyer dans son pays natal. On pourrait alors penser que cela ne sera pas vécu comme une brimade. « Reconquérir » sa vie d’ antan est un challenge excitant forçant à une alacrité naturelle. Tout le contraire s’affiche à ses yeux, à son esprit, car les boulets essaimés par son père, en particulier, et les stigmates de son propre vécu sur ces terres ne sont que meurtrissures, aigreurs et héritages lourds à assumer. Mué par aucune volonté de reconstruction et de rédemption, le personnage épicentrique se fourvoie initialement dans un sabotage calculé. Mais voilà, le sang, sa lignée, ses réminiscences lui assènent des piqûres de rappel comme autant de signes de prodrome du désordre psychique et surnaturel tatoué dans sa carte génétique.

La spirale irrémédiable arc-boute dans un maelstrom confondant les rites des panseurs, des rebouteux, les activités de la chasse et ses dérives, son amour passé et perdu,… Cette plongée, accompagnée de personnages centripètes au totem Remangeon, s’exécute en apnée et foule les paliers de décompression.

Par son écriture précise et directe, sa lecture fluide, crescendo affannato, projette les mandrins à notre générateur émotionnel. L’on se complaît naturellement et insidieusement à faire abstraction du côté surnaturel pour ne garder que la sève du discours voulu par son géniteur.

Entre oxymore et litote, le titre même du manuscrit embrase nos sens pour mieux éclairer notre propre pudibonderie.

Apre, rêche, sans concessions, retour aux sources alliant souffrances, noirceur et éclaircie !

Chouchou.