Bombes c’est la corolle de la déflagration, Bombes c’est le point visé et ses dégâts collatéraux. La trajectoire d’une vie de protagonistes disparates sur 24 heures engendrera le chaos, la perte de repères, de morale, de sens commun. On déclenche le chronomètre et l’on craint de distinguer la trotteuse effectuer son dernier pas….

« Greg est grapheur à Lyon, un grapheur militant : sa cible ? Les symboles des catholiques intégristes, remobilisés à l’occasion des manifestations contre le mariage pour tous. Salif est un infirmier d’origine malienne, il vit sur une péniche. Emilie, une jeune autostoppeuse, une zadiste qui voyage avec son chien Joop, a trouvé refuge chez lui. Annabelle a des valeurs, elle, contrairement à ses parents séparés, et à cette belle-mère qu’elle déteste. Elle croit en la famille et elle partage cet engagement avec ses amis. Lorsque ces derniers surprennent Greg et son pote Choukri à grapher sur un pont, des insultes, puis des pierres qui volent. Une atteint Choukri qui s’effondre sur le quai, mort… A partir de cet accident, l’escalade effrayante des non-dits, des malentendus, de la culpabilité et de la vengeance vont aboutir à un drame dont la modernité va de pair avec une violence qui nous laisse le souffle coupé. »

La société est exsangue sur ses fondements moraux, sociétaux, elle a perdu, derrière les apparences de sa concorde suivant les attentats ayant secoué notre pays. L’intelligence collective et les intelligences individuelles sont karcherisées par la fornication coupable, inavouable des pouvoirs médiatique et politique. Le bon sens, l’esprit critique et notre libre arbitre, confinés dans les méandres de nos subconscients, sont mis à rude épreuve.

On embarque dans le récit en suivant des personnages doués de leur histoire propre. Chacun obéit à son échelle de valeurs et à sa conception de la vie. Claquemurés, pour certains, dans leurs certitudes, leurs opinions, on désespère de l’absence de capillarité et la vacuité de leur part réflexive.

Notre société est un tronc dont les racines n’ont pas toute la même origine, la même force, la même chance pour autant elles appartiennent au même arbre. Greg, Salif, Emilie, Annabelle et des personnages périphériques constituent cette matrice et les symboles des travers ou de la déliquescence de notre société actuelle. Il y a de belles âmes dans ce récit mais son pendant obscur reste bien présent dans un réalisme sans concession. Irrémédiablement l’on se dit que les groupuscules terroristes ont réussi leur entreprise de déstabilisation des sociétés occidentales et que le contrepoids reste bien faible…

Rythmé, sachant prendre le temps de donner sens à ses personnages dans leurs différentes dimensions, BOMBES nous propulse à travers les traboules de la cité des canuts dans une poursuite à perdre l’haleine.

Glaçant réalisme !

Chouchou.