Traduction : Fabrice Pointeau.

On ne présente plus R. J. Ellory, écrivain britannique fasciné par l’Amérique où tous ses romans se déroulent. Dans celui-ci, écrit en 2012 il nous emmène à New-York, dans un quartier où règne d’une main de fer un truand sans pitié, avec un flic corrompu : Vincent Madigan.

« Sous sa façade respectable, Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd’hui, il a touché le fond, et la grosse somme d’argent qu’il doit à Sandià, le roi de la pègre d’East Harlem, risque de compromettre son identité officielle, voire de lui coûter la vie. Il n’a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune et monter un gros coup pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent très mal, il doit se débarrasser de ses complices, et un enfant est blessé lors d’échanges de tirs. Comble de malchance, le NYPD confie l’enquête à la dernière personne qu’il aurait souhaitée. Rongé par l’angoisse et la culpabilité, Madigan va s’engager sur la dernière voie qu’il lui reste : celle d’une impossible rédemption. »

Vincent Madigan est un vrai pourri, flic corrompu ravagé par la drogue, les cachets, l’alcool, il est aux abois, et imagine ce dernier coup, le seul qui peut lui permettre de se remettre d’aplomb. Au bord du précipice, il tente sa dernière chance mais n’a aucune illusion sur sa propre valeur et n’est pas vraiment surpris quand ça tourne mal. Entraîné de plus en plus loin dans l’abjection et le dégoût de lui-même, s’il se débat c’est plus pour réparer les dégâts qu’il a infligés aux autres, les enfants surtout, les siens dont il ne s’est jamais préoccupé et l’enfant blessée pendant le casse, la mort est une éventualité qu’il accepte.

Ellory rythme son récit en alternant les chapitres où on suit l’histoire et ses rebondissements avec des chapitres où Vincent est le narrateur. On plonge dans les pensées de ce « cœur sombre » et par le style tendu, nerveux, rageur et on ressent son désespoir et le tourbillon où il sombre, parant au plus pressé dans tout ce qui dérape. Un style qui correspond à l’urgence et la rage de la musique du Gun Club ou de son leader Jeffrey Lee Pierce dont les titres des chansons servent de titres aux chapitres du bouquin. Un héros rock n’roll bien noir !

Ellory raconte la quête de rédemption de ce pourri, thème très classique dans le noir, mais il sait raconter des histoires et tenir son lecteur en haleine : par le rythme, par la force de ses personnages car il y a Madigan, mais aussi Isabella, la mère de la fillette blessée et d’autres encore, par l’empathie qu’il réussit à créer avec son « héros ». On plonge avec lui au plus profond de ce cœur sombre à la recherche d’une étincelle d’humanité.

Classique dans le thème mais très bon !

Raccoon