
«Il en allait ainsi chez les Pelletier. Émotions, secrets, silences, aveux et déclarations se succédaient, il y aurait eu un roman à écrire sur les pensées des uns et des autres. Une vie de famille.» (Pierre Lemaitre, Le Silence et la Colère)
Le premier volet de la tétralogie Les Années Glorieuses était Le Grand Monde (2022). Le second, Le Silence et la Colère (2023). Le troisième, Un avenir radieux (2025).
Les Pelletier, ce sont Jean, François, Hélène, Etienne…et Dagobert…Non, je plaisante… et Joseph et c’est un chat… Si cette allusion irrévérencieuse au Club des cinq me traverse l’esprit, c’est peut-être parce que Pierre Lemaitre, lui-même, reconnaît volontiers dans le Dictionnaire amoureux du polar (paru chez Plon en 2020) avoir « palpité des heures et des jours » avec ces « histoires approximatives ! » du Club des cinq… Il avait 8 ou 9 ans …
Revenons aux Pelletier. Leur histoire est loin d’être approximative ! Aujourd’hui, ils sont en couples, ont des enfants (sauf le plus jeune, Etienne qui est mort à Saïgon)…C’est d’ailleurs Colette, une petite fille mal aimée, maltraitée, violentée, qui relance l’histoire…Sa mère est haïssable «d’une injustice ravageuse. », son père, incapable « de résister à la perversité des attaques » de sa femme, se libère du poids de l’humiliation en tuant des jeunes femmes …des excès de violence inouïs qu’il semble oublier, jusqu’à la prochaine victime…
Le reste de la famille, pourtant souvent bienveillante, va devoir faire face à une manipulation extravagante des Services du Renseignement , autrement dit l’espionnage, qui, jouant sur sa corde patriotique et sa loyauté vont entraîner François, le brillant journaliste, dans les serres terrifiantes de la police Tchèque…(on est en 1959 !)
Si on prend cet ample roman sans en avoir lu les premiers volets, qu’on se rassure, les événements précédents sont évoqués comme des souvenirs qui nous reviendraient naturellement et suffisent pour suivre la trame du récit.
On est tellement près des personnages, que l’émotion ressentie semble nous protéger de la fébrilité et l’anxiété de l’époque: guerre froide, menace nucléaire, guerre d’Algérie… C’est tout le talent de l’auteur !
Le travail de Pierre Lemaitre est précis, méticuleux. Son style est à la fois fluide et charpenté. Les mots sonnent juste.
«Pour le moment, on se gorgeait de profits, plus ou moins licites, on roulait plus vite, on lavait plus blanc, tout se vendait, tout s’achetait. Mais rien ne resterait impuni. Les années à venir allaient demander des comptes à ceux qui avaient vécu sans compter et sans crainte du lendemain. C’est ce que craignait Jean, et il n’avait pas tort.» : Dans l’épilogue, c’est le quatrième volet qui se profile: Les Belles Promesses, qui va paraître le 6 janvier prochain toujours chez Calmann-Lévy. On a hâte !
Soaz.
Du même auteur chez Nyctalopes: Couleurs de l’incendie, Trois jours et une vie.
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