Alors, en préambule, je fais partie des rares neuneus qui n’ont pas lu « Au revoir là-haut » mais je vais bientôt m’y mettre ayant appris que l’immense Albert Dupontel allait en faire l’adaptation cinématographique. Je ne suis donc pas de ceux qui attendaient avec impatience la suite du roman récompensé par le prix Goncourt en 2013 et qui finalement doivent se « contenter » d’un roman noir, premières amours de l’auteur et n’ai donc aucun a priori vis à vis de l’auteur.
« À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt.
Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir.
Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien… »
Tout commence bien par la mort d’Ulysse le chien des voisins pour Antoine qui va, et on l’apprend très vite, tuer Rémi par accident, cacher son acte et devenir un assassin à l’âge de douze ans. Un sujet déjà souvent lu, un décor champêtre de nos campagnes qu’on voit si souvent traité en ce moment dans la littérature noire, rien de quoi faire sauter au plafond un lecteur qui découvre Pierre Lemaître et pourtant ce roman a beaucoup d’atouts provenant plus de l’ambiance qu’a su créer l’auteur que d’une intrigue bien menée mais ne faisant pas forcément s’émouvoir tant on est partagé vis à vis d’Antoine. Peut-on être considéré comme coupable de meurtre à 12 ans? Selon votre opinion, vous vivrez ces trois terribles jours d’enquête en tremblant pour l’enfant ou en espérant qu’il soit découvert. C’est selon, mais dans les deux cas en admirant la manière de Lemaitre pour mettre Antoine au cœur de l’événement, lui faire traverser tant d’épreuves avec sa vision d’enfant déformée ou totalement fausse des événements.
Mais la plus grande réussite de « trois jours et toute une vie », c’est d’offrir un beau portrait de la population de cette petite ville au moment d’un drame qui touche toute la communauté. Au centre bien sûr Antoine et sa mère, puis la famille accablée, puis le maire et patron de l’usine, puis l’ensemble de la population réagissant au drame en tentant une solidarité qu’une catastrophe naturelle fera vite exploser. On voit les hiérarchies communales, les rumeurs, les inimitiés, les jalousies, les hypocrisies, les accusations, le rôle encore important de rassembleur de l’église… toute une vie provinciale qui est décrite de façon juste, sans remarques, sans jugements même si en lisant bien la partie consacrée à la messe, on y note des sommets d’hypocrisie, de bons sentiments à gerber du côté clergé comme du côté pratiquants.
Et il y a aussi d’autres réflexions qui me viennent à l’esprit mais que je dois taire pour ne pas spolier l’histoire. L’étude du tissu social de Beauval est passionnante et nul doute que Pierre Lemaitre est fin observateur de ces contemporains et de leurs agissements et comportements. Un bon roman qui séduira les plus sociologues des amateurs de Noir et peut-être ennuiera d’autres par son manque d’action qui cache néanmoins certaines révélations finales surprenantes voire touchantes.
Intelligent.
Wollanup.
Celui-ci me donne davantage envie que « le » Palahniuk. Merci pour tes articles !
Ah,je dois dire qu’il n’y a pas photo entre les deux.Sois le bienvenu Bernhard et merci pour tes encouragements.
Wollanup.