Doit-on s’attendre désormais à une livraison annuelle de Jacky Schwartzmann ? Juste un an après le réussi “Demain, c’est loin”, il revient avec un encore plus réjouissant “pension complète”, ersatz voulu de polar mais réel moment de plaisir méchant, de mauvaise foi assumé où se cache une réelle tendresse déjà rencontrée dans le précédent roman.
Dino a quitté sa barre HLM lyonnaise il y a une vingtaine d’années pour le Luxembourg accompagné d’un compagnon d’ infortune avec l’idée géniale et honnête qui devait les rendre riches. Las, un fiasco mais Dino a su gagner le cœur d’une riche héritière locale et depuis vingt ans, il file le parfait amour avec Lucienne de trente deux ans son aînée. Dino un gigolo? Pas pour lui, il clame son amour pour elle comme sa haine de sa belle-mère bientôt âgée de 100 ans qui n’a visiblement pas encore l’intention de casser sa pipe. Dino est un naïf, un candide ou un faux-cul de classe mondiale, vous jugerez. A 45 ans, il est bien malheureux de quitter le Grand-Duché pour quelques temps suite à un pétage de plombs pas bien vu de sa belle et des autorités et il échoue dans ce camping du sud de la France, antichambre, porte de l’enfer des vacances populaires des populations européennes attirées par le soleil. Il rencontre et sympathise avec son voisin de bungalow, un écrivain goncourisé venu chercher l’inspiration et c’est le début de la fin, la fin de la tranquillité puisque les cadavres s’accumulent très vite aux Naïades tandis qu’au Luxembourg son horizon s’assombrit salement.
Il est certain que les amateurs de polars purs et durs ne trouveront pas leur compte dans cette farce sanglante, Jacky Schwartzmann semblant n’utiliser le polar uniquement parce que le Noir sied si bien aux romans sociétaux. Et comme dans “Demain, c’est loin”, l’auteur se plaît à dézinguer sans aucune pitié les travers de ses contemporains qui le gênent ou qui l’énervent avec une mauvaise foi évidente. Les lieux et les gens rencontrés et racontés étant certainement les fruits d’expériences vécues ou observées avec minutie.
On rit beaucoup parce que beaucoup des propos sonnent très juste et que vous trouverez sûrement en lui un excellent messager pour dénoncer nos turpitudes et bien sûr, bien plus risibles, celles de nos semblables. Et qu’importe si la vraisemblance de l’intrigue était partie, elle aussi, en vacances quand il a écrit son pamphlet, le verbe et le rythme tout comme les péripéties sont au zénith d’un soleil méditerranéen estival. Dès les premières pages, les premiers mots, les personnages âgées, les petits enfants, les banquiers, les Luxembourgeois, les chansons de Bashung (???), les bourgeois, les Belges tatoués, la marque des cuvettes de toilettes sur les cuisses des vacancières… tout le monde morfle. Ça cogne dur, à la batte en alu parfois et on en redemande surtout quand il défonce nos têtes de turc, nos souffre-douleur et autres personnes toxiques de notre existence.
Réjouissant.
Wollanup.
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