L’an dernier est paru chez Sonatine “L’Affaire Isobel Vine”. En fait ce titre était le 3ème opus de Tony Cavanaugh, “La Promesse” étant chronologiquement son premier livre avec comme protagoniste Darian Richards.

Une jaquette orne le livre : « Le Mickael Connelly Australien ». Un pendant est donc fait entre ce personnage de Darian Richards et le personnage fétiche de Connelly. Que les choses soient claires dès le début : non Darian Richards n’est pas Harry Bosch. Ce dernier est plus fouillé et plus méticuleux que Darian Richards, mais Connelly a l’avantage d’avoir pu approfondir son héros sur un bon nombre de livres, alors que Cavanaugh commence à peine. Pour autant, le personnage n’en est pas moins intéressant.

C’est un ancien flic de Melbourne, spécialisé dans les serial killers, qui a décidé de quitter son boulot après avoir reçu une balle dans la tête. Il se retrouve dans le comté de Noosa, en Australie, avec son littoral de rêve, ses forêts naturelles, ses parcs luxuriants : c’est un lieu qui a tout d’un conte de fée.

Mais notre héros n’a rien d’un prince charmant. Il est solitaire, taciturne, tourmenté, et ne fait pas de sentiments. Il a franchi la ligne jaune depuis longtemps, pour lui pas de tergiversation, pas de simulacre de justice, il préfère la faire soi-même avec une seule sentence : la mort.

Le décor de l’histoire est donc la Sunshine Coast avec ses mangroves, ses rivières sinueuses, qui sert de terrain de jeu à un tueur : de jeunes adolescentes disparaissent depuis quelques temps, sans laisser de traces. La police du coin ne fait pas grand-chose, n’a aucune piste sérieuse, alors, l’ancien flic se sent obligé de s’investir dans cette enquête mais à sa façon. Hors de question d’apporter son aide officiellement, il va reprendre du service mais cette fois, sans avoir à se préoccuper du règlement ou à avoir des comptes à rendre, il veut apporter une réponse aux familles et rendre justice lui-même.

Il va se faire aider par Maria, une flic du coin, la petite amie de Casey, ancien truand de Melbourne, et Isosceles, geek qui reste bien sûr derrière son ordinateur et aide à distance. Maria est encore jeune dans la profession, elle n’a pas encore de lassitude et de désillusion comme Darian, mais elle est, elle aussi, tourmentée par des cauchemars récurrents. Notre ancien flic va mener son enquête avec elle, quitte à se servir d’elle, je vous l’ai dit, il ne fait pas de sentiments !

L’histoire alterne entre une narration faite par Darian et une faite par le tueur. On entre ainsi dans la tête de ce meurtrier et de ses fantasmes. Darian Richards le bouscule, le sort de sa zone de confort. Un affrontement entre les deux hommes commence alors, vous plongez ainsi dans un duel noir, sombre où une seule issue est possible. Cavanaugh se sert de ce face à face pour donner plus d’ampleur à son personnage : il confronte le mal de l’un aux tourments du second, la folie du meurtrier permet à la fois d’exacerber et de justifier les sentiments et décisions prises par Darian. Dans ce roman, Cavanaugh nous dépeint un personnage hanté par son passé, par la promesse qu’il n’a pas su tenir, retrouver vivante une jeune fille et la rendre à sa mère. Sa retraite dans ce coin paisible d’Australie est une sorte de rédemption et se voir à nouveau confronté au mal absolu, en étant persuadé d’être le seul à pouvoir le vaincre le fait replonger dans ses afflictions.

Il s’agit là d’un thriller étouffant, le scénario est bien ficelé, et notre nouveau héros est parfois aussi angoissant que ceux qu’il traque. La lecture en est facile, et vous entrez dans la peau du tueur et de son chasseur sans même vous en rendre compte, vous êtes accrochés !

Marie-Laure.