Chroniques noires et partisanes

Catégorie : Marie-Laure (Page 1 of 7)

LA VALSE DES TULIPES d’Ibon Martin / Actes noirs Actes sud.

Traduction: Claude Bleton

Le pays basque espagnol. Espace reculé, qui vit encore au rythme des marées, de ses magnifiques paysages sauvages, de ses légendes, loin de l’activité frénétique des grandes métropoles. 

La vie paisible est secouée par le meurtre effroyable d’une journaliste de premier plan dans la région. Elle a toujours combattu la corruption, et essayé d’informer, sans langue de bois ni échappatoire. 

La résolution de ce crime doit devenir une priorité.  Une équipe est donc constituée au pied levé, dirigée par Ana Cestero, et constituée de personnages assez hétéroclites mais qui vont arriver à former un véritable groupe malgré la personnalité assez forte de chacun.

Le meurtre de la journaliste est un point de départ à « l’œuvre » d’un tueur en série. Le groupe va devoir se dépasser, affronter certains fantômes, savoir être vigilent face à des non-dits, des mensonges, et la force d’une religion dans un milieu où elle est profondément ancrée.

Le lieu où se déroule l’histoire est un personnage à part entière dans ce livre. La force des éléments s’intègre parfaitement à l’intrigue et donne une atmosphère  particulière aux évènements qui s’enchaînent. Beaucoup d’impasses, de confusions font grimper le suspense au fil des pages jusqu’au dénouement final.

Mais indépendamment de l’histoire de tueur en série, tout l’intérêt  et la beauté de ce livre résident dans la force et le détail apporté à chacun des personnages. Ils se complètent, sont forts, touchants et on les suit les uns après les autres, chacun apportant une touche différente à l’histoire, chacun devant faire face à sa condition ou à son passé.

Une belle découverte qui donnera lieu, sans nul doute, à une nouvelle équipe d’enquêteurs à suivre… et nous les suivrons, dans leurs contradictions, leurs forces et leurs faiblesses. Dans l’attente, plongez dans ce roman, et dans ce pays basque tellement beau et puissant à l’image de ces personnages !

Marie-Laure

ENTRE FAUVES de Colin Niel / Le Rouergue

La chasse. Le débat a envenimé notre été avec d’un côté les pros chasse et de l’autre les « ayatollahs de l’écologie ». Le roman de Colin Niel ne nous aidera pas, à mon sens, à prendre parti. Par contre il nous permet de comprendre que tout n’est pas blanc ou noir, de n’importe quel côté où on se place.

L’histoire commence avec une photo, celle d’une jeune fille, un arc à la main, avec en arrière-plan,  le cadavre d’un lion. Quel est le contexte de cette photo, que s’est-il passé, dans quelles  conditions a été prise cette photo ? Peu importe, sa diffusion sur les réseaux sociaux génère un torrent de critiques, d’insultes, de violences envers cette jeune fille dont l’identité n’est pas dévoilée.

Il s’agit, en fait d’Apolline, jeune étudiante vivant à Pau, passionnée de montagne et de chasse. 

Martin, lui, est garde forestier dans les Hautes-Pyrénées, profondément anti-chasse, il est hanté par la disparition de Cannelle, la dernière femelle ours réintroduite dans les Pyrénées et tuée en 2004. Il fait partie d’un groupe internet qui traque les photos de tueries d’animaux sur les réseaux sociaux pour dévoiler les identités des chasseurs et les livrer en pâture à la vindicte populaire. Et là, il rêve de trouver cette meurtrière de lion et de déchainer toute sa violence et sa frustration sur elle.

Nous suivons donc Apolline et Martin, sur deux temporalités différentes : avant la chasse, on participe au voyage en Namibie pour traquer cette bête sauvage, on découvre ce pays, la vie de ce peuple Himba qui doit apprendre depuis des millénaires à partager le territoire avec des bêtes féroces. Ils ont toujours partagé leur terre mais le changement climatique pousse de plus en plus au rapprochement. La diminution des points d’eau oblige les prédateurs à se rapprocher des hommes pour trouver de la nourriture. La cohabitation devient de plus en plus difficile.

 Et, sur une autre période, nous sommes dans les Pyrénées, après la chasse et la parution de cette photo, on participe à la traque de Martin pour découvrir l’identité de la chasseuse. Le contexte n’est pas tout à fait le même, l’opinion publique est beaucoup plus sensible à la disparition d’un animal majestueux et le regarde plus comme un meurtre que comme un sport ou un moyen de défense.

Le parallèle entre la Namibie et les Pyrénées n’est pas anodin.  La réintroduction de l’ours provoque beaucoup de débats, entre l’aspect écologique, et la cohabitation entre les bergers et l’animal. Les conditions de vie ne sont pas les mêmes mais la problématique reste la même : comment vivre, élever du bétail, et partager son territoire avec de grands prédateurs. 

Ce livre nous interroge sur notre rapport à la nature bien sûr, mais aussi sur notre rapport à la chasse. Que l’on soit urbain ou rural notre imaginaire nous donne une certaine image, positive ou négative. Elle déclenche une passion, amour ou mépris, et cette passion est profondément enracinée en nous, depuis l’époque où l’on chassait pour notre survie.

Colin Niel, une fois encore donne vie à ses personnages, avec leurs forces et leurs faiblesses. On partage leurs souffrances, leurs peurs, leur courage, et bien plus encore, on les comprend, on se met à leur place quel que soit le côté de la barrière qu’ils ont choisi. Un roman ni pro ni anti chasse mais poignant, profondément humain et qui nous interroge sur notre rapport aux autres, à la nature, et à notre facilité à condamner…

Marie-Laure.

DES LENDEMAINS QUI HANTENT d’Alain Van Der Eecken / Rouergue Noir.

Nous sommes à la veille des vacances de Noël et des fêtes associées. Deux jeunes s’introduisent dans une école maternelle armé jusqu’aux dents, et tuent une institutrice et un petit garçon. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis, témoins une fois de plus d’une tuerie de masse, mais dans une petite ville de Bretagne. 

Je ne lis presque jamais les 4èmes de couverture, et là encore je n’ai pas dérogé à cette règle. Du coup, quand j’ai commencé ce roman, ma première impression a été de dire : « encore un meurtre d’enfant, une explosion de famille, je n’en ai pas envie ! ». Et bien c’est tout le contraire qui s’est produit.

Oui c’est une histoire très dure, avec une fois de plus, la disparition d’un enfant. Mais Alain Van Der Eecken ne cherche pas à nous apitoyer. Il nous donne la perspective du père de ce gamin, Martial, qui est greffier au tribunal de cette petite ville. Nous décortiquons cette histoire, cette enquête au travers des yeux de ce père, mais aussi de cet officier de justice. Et quel coup magistral ! On est à la fois ému et triste pour cette famille mais aussi témoin de la mise en marche de cette énorme machine judiciaire, des petits arrangements, des coups bas, des négociations entre chacun.

Martial cherche à comprendre ce qui s’est passé et nous sommes sur le fil du rasoir entre cette quête de vérité et la vengeance sous-jacente qui porterait une lueur d’espoir au travers de cette souffrance d’un père orphelin. 

Chaque personnage a ses propres failles, et avance dans une atmosphère de fin du monde, avec des tempêtes, et le naufrage de l’Erika en arrière-plan. Chacun ressent une certaine détresse, une confusion qui les font interagir entre eux, et rendent cette histoire profondément humaine et émouvante. 

Vous l’aurez compris, j’ai été très touchée par ce livre, son histoire bien sûr, mais surtout son style et sa narration qui le rendent  vibrant. Vous tournez les pages, entrez dans cette histoire, prenez part aux combats de chaque protagoniste contre les souffrances de la vie, contre leur destin, et vous continuerez à l’avoir en tête longtemps après l’avoir refermé.

Superbe ! 

Marie-Laure.

THE CRY de Helen Fitzgerald / EquinoX/Les Arènes.

Traduction: Alexandre Civico.

Alistair et Joanna sont un jeune couple vivant en Angleterre. Ils viennent d’avoir un bébé Noah, et partent pour l’Australie, retrouver la famille d’Alistair. Ce voyage doit aussi servir à ce jeune père afin qu’il récupère la garde de sa fille ainée Chloé.

Le voyage en avion est long, Joanna est malade et Noah est un jeune bébé qui dort peu et pleure beaucoup. Joanna est épuisée et n’a pas beaucoup d’aide pour s’occuper d’un jeune enfant. On sent dès le vol une grande fragilité dans cette jeune mère, l’arrivée de cet enfant l’a profondément déstabilisé et elle lutte pour s’en sortir et être une bonne mère qui fait peu d’erreur, est à l’écoute, calme et épanouie comme la bonne société l’exige.

Noah finit tant bien que mal par s’endormir, mais, malheureusement, il ne se réveillera jamais. 

Nous nous retrouvons donc face à un jeune couple, qui perd son nourrisson. La perte d’un enfant est probablement une des pires choses qu’il puisse arriver. La mère est jeune et inexpérimentée, elle est maladroite, naïve et influençable et fait entièrement confiance en son conjoint pour prendre les décisions et diriger leur vie. Alistair, lui, est un jeune homme influent. Il est chargé des relations entre le parti travailliste et la presse, et il a toutes les qualités requises pour cela : il est sûr de lui, souriant, séducteur, arrogant, égocentrique menteur et manipulateur. Le portrait n’est pas très flatteur mais ce sont des aspects de sa personnalité qui trouvent toutes sa place dans son travail. Dans sa vie privée, elles peuvent, par contre, être à double tranchant.

Nous sommes sous le soleil écrasant d’Australie, des feux de brousse menacent, tout est fait pour créer une atmosphère écrasante et stressante. Ce contexte sert l’histoire, donne encore plus de puissance à la pression ressentie par chaque protagoniste. C’est un véritable thriller psychologique où chaque personnage est à la fois « Victime, Sauveur et Persécuteur ».

Nous sommes entraînés avec Alistair et Joanna dans une sorte de spirale infernale, où tout se déroule dans une suite logique qui mène à une conclusion à laquelle on peut s’attendre dès le départ.

Donc pas de grande surprise mais une écriture facile à lire qui permet ainsi de tourner les pages sans vraiment s’en apercevoir. En un mot, pas LE grand Roman de 2020, mais qui permet sans aucun doute de passer un bon moment pour les amateurs de thriller psychologique.

Marie-Laure.

MAUVAISE GRAINE de Nicolas Jaillet / La Manufacture de livres.

Dans Mauvaise graine, Nicolas Jaillet nous conte l’histoire de Julie, trentenaire, institutrice, en apparence bien dans sa peau et dans son époque. C’est une maîtresse moderne, qui une fois la porte de sa classe fermée, retrouve ses copines, fait la fête, boit jusqu’à ne plus se souvenir de sa soirée, bref, qui n’a de compte à rendre à personne et le vit très bien. Jusqu’au jour où …

Où elle se retrouve enceinte. Mais de qui ? C’est LA question, car elle a beau être libre, et passer des soirées arrosées, dans son souvenir, il y a bien longtemps qu’elle n’a pas fini sa nuit avec un homme. Et de là, on attaque un second roman, complètement barré où tout part en cacahouète ! Le bandeau de couverture fait référence à Kill Bill, héroïne féminine qui se bat par vengeance. S’il faut une référence à Tarantino, je partirai davantage sur Une nuit en enfer dont il est co-scénariste, et pour lequel, à un instant du film, tout bascule. 

De la même façon, on se retrouve dans un univers parallèle où notre héroïne se découvre de supers pouvoirs et va s’en servir pour comprendre ce qui lui arrive et donner une nouvelle orientation à sa vie.

C’est l’histoire d’une jeune femme de notre époque, qui doit répondre à certaines contraintes, à certains diktats de notre société envers les femmes. Sa jeunesse lui permettait jusque-là de s’en affranchir et de laisser libre court à sa fantaisie et sa liberté. Pour autant, l’histoire la rattrape et elle doit faire des choix : rentrer dans le cadre défini pour elle ou s’assumer et reprendre en main sa vie et ses opportunités.

L’écriture va tout à fait avec l’histoire. Ce sont des phrases courtes qui construisent des chapitres brefs, ce qui permet de donner un certain rythme à l‘histoire. Le tempo est là, agrémenté d’un humour féroce mais présent tout du long. Tout comme au cinéma, nous sommes plongés dans la bataille. Julie nous communique son énergie, des bagarres aux scènes de sexe, rien ne nous est épargné, tout est minutieusement détaillé pour nous jeter au cœur de l’action.

Grinçant, et ça fait du bien !

Marie-Laure !

REPRÉSAILLES de Florian Eglin / Editions de la Baconnière.

 « L’homme a besoin de ce qu’il a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur ».

Une famille suisse, Tom, le père, Adèle la mère et leurs deux filles April et Lucie, sont en vacances en Corse. Ils rejoignent leur premier lieu de villégiature dans l’île en pleine nuit. Et la nuit, les routes corses sont loin d’être tranquilles. Le hasard leur fait croiser la route de véritables monstres, des tueurs sanguinaires. Que faire ? La décision prise par Tom modifiera à jamais le cours de leur vie. Sous fond de mafia corse, de vendetta,  nous voilà plongés dans une histoire de représailles, une histoire de famille, où l’amour que se portent les protagonistes n’a d’égal que la haine entre les autres et la violence inouïe dont va faire preuve chaque personnage.

Que sommes-nous prêts à faire pour protéger ceux que l’on aime ?

Les femmes occupent une place importante dans ce roman, elles sont la force qui permet aux hommes d’avancer et de donner un sens à leurs actes. Elles sont tout aussi violentes, mais leur but est souvent différent. Chaque action est justifiée par le souhait de sauvegarder sa famille, ses enfants, elles reprennent la main pour rattraper les erreurs commises par les hommes. L’instinct de protection les guide et génère une brutalité tout aussi exacerbée que celle produite par les hommes. Nous sommes dans une guerre. Qui sera vainqueur ? Les assaillants qui s’attaquent à ce que toute femme protège, son cadre, ses amours, sa sécurité, ou bien justement, ces mères, ces amantes, ces coéquipières, qui sont prêtes à tout pour réduire en poussière ces monstres barbares.

Vous l’aurez compris, ce livre est extrêmement violent, avec un langage très cru, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’histoire va en fait très vite dès le départ. La confrontation initiale entre Tom et ses poursuivants met la petite famille sur une sorte de rail qui les conduit inexorablement vers le dénouement. Aucune sortie de route possible, aucune option b. Le choix a été fait, il faut l’assumer et continuer d’avancer comme on le peut, avec les quelques atouts que l’on a entre nos mains.

Pas de demi-mesure possible en ouvrant ce livre. Ayez l’estomac bien accroché et plongez dans ce thriller très noir, implacable et brutal, il ne vous laissera pas indifférent.

Marie-Laure.

TU ENTRERAS DANS LE SILENCE de Maurice Gouiran / Jigal.

1916. La guerre s’est enlisée sur le front, personne ne croit plus à une fin rapide dans ce conflit. Les hommes souffrent, meurent, la France a besoin de sang neuf pour aider ses propres soldats. Le tsar Nicolas II envoie donc des hommes pour nous aider à combattre sur notre front.

Maurice Gouiran, avec ses talents de conteur, nous raconte l’histoire de ces hommes, venus de la lointaine Russie, pour participer à cette guerre et aider l’armée française.

Ils se sont enrôlés pour des raisons personnelles, pour fuir la prison, la misère, par idéal patriotique voire par vengeance. Mais peu se sont engagés pour servir le Tsar qui a envoyé ses hommes dans une guerre effroyable dont beaucoup ne reviendront pas.

Pour l’heure, ils débarquent à Marseille sous les hourras de la foule, mais le but n’est pas de s’attacher trop à cette ville et ses habitants, ils doivent vite repartir pour le front.

Nous suivons ainsi une poignée de soldats pendant leur périple sur le front de l’est. Les mois passent et la rumeur de la révolution russe arrive jusqu’à ces hommes engagés sur un autre front que le leur, aux ordres d’un tsar qui a perdu son pouvoir. Ils ont tous en mémoire la révolution échouée de 1905 et commencent à avoir le cœur plein d’espoir pour cette nouvelle tentative de renverser le pouvoir.

Mais que faire en étant si loin ? Continuer de se battre pour survivre à cette guerre effroyable, rester aux ordres de ces généraux qui les maltraitent ou renverser la table ?

C’est un roman sur la perte des illusions et des rêves que l’on peut avoir à 20 ans. La folie à laquelle ils sont confrontés va s’enraciner dans leurs cœurs, dans leurs têtes et changer leurs vies à jamais. Ils vont connaître la fraternité, l’entraide dès le départ de Moscou et plonger ensemble dans la souffrance, le mal du pays et bien sur l’horreur. La naïveté et la fraîcheur qui les caractérisaient seront vite balayées une fois confrontés à la guerre. Leurs priorités, leurs idéaux ne seront plus les mêmes. Comment survivre après avoir connu les champs de bataille, comment continuer à avoir de l’espérance en la vie, à avoir un projet, à espérer en un avenir

Nul n’en sortira indemne, tant physiquement que moralement. Maurice Gouiran nous offre ainsi un grand roman, sur fond historique, qui restera longtemps dans votre tête après l’avoir lu, sur le sacrifice de toute une génération, le don de soi, de sa personnalité et de ses valeurs.

Marie-Laure.


TEL PERE TELLE FILLE de Fabrice Rose / Robert Laffont.

Fabrice Rose est un ancien braqueur, qui a fait la promesse à sa fille de ne pas récidiver. Il s’est donc tourné vers l’écriture et nous offre un premier roman dont le fond est très proche de sa propre vie. 

C’est l’histoire d’Alex, jeune artiste parisienne, fille d’un braqueur en cavale, qui se retrouve mêlée malgré elle à une histoire rocambolesque et sanglante. Son petit ami, Ludo, jeune anarchiste se retrouve dans les locaux de la PJ en même temps qu’un terroriste confirmé. Ni une ni deux, Ludo profite de l’agitation ambiante pour s’enfuir par la fenêtre et voler au passage un sac contenant 120 000 euros : l’argent récolté par le groupuscule islamiste pour financer leurs actions. 

Ludo aurait mieux fait de s’abstenir, et encore plus de planquer l’argent chez Alex, qu’il mêle malgré elle à cette histoire. Elle qui ne rêve que d’une vie de bohème, entre son art et ses amis se retrouve au milieu d’une vendetta sanglante entre des fanatiques, et des truands.

S’en suit une cavalcade rocambolesque où chaque protagoniste est à la recherche de cet argent. On croise une multitude de personnages : des skinheads, des islamistes enragés, des gangsters à l’ancienne hauts en couleur, un tête de brique, en référence à Snatch, aussi fou que celui du film, des enragés, et des opportunistes. 

La narration se place systématiquement à la place du personnage que l’on suit.  L’histoire est ébouriffante et du coup assez drôle. Les personnages, parfois tellement burlesque que l’humour permet de prendre le contrepied de l’histoire.

Malheureusement, je n’ai pas réussi véritablement à entrer dans cette aventure. Le style de l’écriture ne m’a pas emportée et je suis restée spectatrice de l’histoire que je lisais. Je n’ai pas réussi à passer ce cap. Comme quand on lit une BD, il faut que les dessins vous parlent et accompagnent l’histoire, ils servent celle-ci. Dans un roman, ce ne sont pas les dessins mais le style qui doit avoir un ton qui vous transporte. Ce positionnement est totalement subjectif, je le reconnais volontiers. 

Je vous laisse donc juger par vous-même, nul doute que certains sauront être emportés, quant à moi je suis malheureusement restée à côté…

Marie-Laure.


LES NAUFRAGÉS HURLEURS de Christian Carayon / Fleuve.

J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture de Christian Carayon, après son précédent roman “Torrents”, paru en 2018. « Les naufragés hurleurs » est en fait une réédition de 2014 paru aux éditions Les Nouveaux auteurs.

Cette fois, nous remontons le temps jusqu’en 1925. Martial de la Boissière est un homme qui vit reclus, il ne sort que pour enquêter seul, pour le compte d’une société secrète le Cercle Cardan. Un jour, il apprend avec stupéfaction la mort de son ami d’enfance Alain Monsignac lors d’un naufrage. Il n’était pas seul sur le bateau, il était avec sa belle-mère Madame Lestage. Mais Martial ne croit pas à un accident. Alain était un navigateur chevronné qui n’aurait jamais commis les erreurs qui ont conduit à cette noyade.

Il part donc pour l’île de Bréhat, rencontrer la famille Lestage et enquêter afin de réhabiliter le nom de son ami. Nous parcourons donc cette île sauvage, mystérieuse, qui fait la part belle à la sorcellerie. L’île est un personnage à part entière avec sa lande, sa mer agitée et ses habitants qui vivent reclus. 

Christian Carayon nous offre un roman plein de charme et d’émotions. L’enquête est menée comme dans un roman d’Agatha Christie avec souvent une corrélation entre Martial et Hercule Poirot. Nous sommes dans un huis-clos sur cette île, avec une ambiance de fin du monde lors des tempêtes hivernales qui secouent la lande et les côtes escarpées. Chaque protagoniste a des secrets que Martial se fera fort de débusquer. 

Ce livre est fait pour les amateurs d’enquêtes à l’ancienne, la comparaison avec Agatha Christie et son détective légendaire n’est probablement pas fortuite. Mais ce qui porte avant tout ce livre, c’est la qualité d’écriture qui permet de transcrire tout le charme de cette magnifique île bretonne.

Très beau.

Marie-Laure.


FEU LE ROYAUME de Gilles Sebhan / Rouergue Noir.

“Feu le Royaume”. Il s’agit du troisième volume d’une série commencée par « Cirque mort » puis poursuivi avec « La folie Tristan ».

Et avec ce 3ème opus, je ne peux que vous inciter à plonger dans cette série assez originale.

Dans ce volume, nous retrouvons les personnages des précédents, notamment  Dapper, flic, toujours en proie à ses démons. Il a retrouvé son fils, perdu son père sans le connaître et vit sa vie de couple comme spectateur. Marcus Bauman, psychopathe violent, le tient pour responsable de son arrestation, et lorsqu’il s’échappe de prison, il n’a qu’une seule idée en tête, se venger. Et la vengeance pour Bauman ne peut ne caractériser que par un carnage, un bain de sang.

Le rapport entre l’enfance et le monde des adultes continue d’être exploré avec de longs passages décrivant Théo, le fils de Dapper et Ilyas ce jeune garçon interné et étrange que l’on a découvert auparavant. Une relation est née entre ces deux garçons qui va se poursuivre dans ce tome, cet attachement assez inexplicable est d’autant plus fort qu’ils se retrouvent dans le reflet de l’autre. De même on explore une autre phase de la folie, celle d’un tueur sauvage que rien ne peut arrêter.

Je ne peux raconter trop l’histoire au risque de vous spoiler. Je m’attacherai donc à vous convaincre, ou pas, de lire ces livres par la qualité d’écriture de Gilles Sebhan tout d’abord. L’histoire est sombre, les personnages assez mortifères, mais pour autant, chacun d’entre eux essaie de se débattre avec les quelques ressources à leur portée, l’amour, la compassion, la croyance en leur propre force, aucun n’est vulnérable, chacun à sa façon fait preuve d’une volonté et d’une puissance inouïe. L’ambiance est toujours autant oppressante, tendue. L’enquête, car il s’agit bien d’un thriller, est bien menée, avec des retournements et de l’angoisse. Et l’écriture est splendide, noire, poétique elle vous porte au fil des pages et c’est elle qui vous permet de tourner les pages malgré la sensation parfois d’étouffement.

Les amateurs de thriller psychologique seront conquis.

Marie-Laure.


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