
Allez, je ne vais pas y aller par quatre chemins ce texte est poignant. L’auteur nous a habitués à la qualité dans ses précédents romans et en se plongeant dans un polar au sens littéral du terme, il ne se perd pas. D’ailleurs y’a t-il un consensus pour la définition du terme polar? En tous les cas, Antonin en connaît les codes, il maîtrise le rythme et façonne des personnages qui permettent de cadrer son noir récit. L’apanage des grands auteurs, c’est aussi maîtriser un style sans y paraître, se l’approprier sans que le lecteur n’est conscience des efforts consentis. A n’en pas douter, l’auteur domine son sujet et nous ravit d’une lecture qui accapare, où le plaisir reste si fort qu’on la fait traîner en longueur. Car il faut dire, aussi, que les protagonistes croqués permettent inévitablement à s’identifier ou à ressentir une réelle bienveillance, compassion.
« 2001. Les nuits parisiennes voient naître un nouveau monstre. Un serial killer s’en prend aux artistes, transformant chacune de ses scènes de crime en oeuvre mêlant esthétisme et barbarie. L’inspecteur Heckmann, flic vedette du moment, se retrouve en charge de cette très médiatique affaire et se lance dans la traque. Mais bientôt il lui semble que tous ces crimes ne sont qu’un moyen pour le tueur de jouer avec lui… Avec ce roman policier, Antonin Varenne révèle une fois de plus son incroyable talent à nous entraîner dans une course infernale où ses personnages doivent lutter contre leurs propres démons autant que contre le fracas du monde. »
On est à Paris en 2001 et le premier de la classe de la Police Judiciaire est aux prises avec une série de meurtres dans le milieu de l’Art. L’esthétique se mêle au sordide et à l’innommable. Or l’homme de loi présente ses anfractuosités, ses fêlures et dans son isolement, quasi pathologique, il trouvera des alliés de circonstances pour le moins surprenants et contrastés. L’auteur prend le temps de décrire les différents profils et leur associer leur propre histoire sans, pour autant, nuire au rythme romanesque. Et, cette petite musique nous envahit sans prévenir avec force, persuasion et finesse. Elle nous trotte dans la tête et ne nous lâche pas. Addictive, on est perpétuellement poussé à rouvrir le livre pour connaître la suite. Mais, comme précisé ultérieurement, on laisse infuser et on se plaît à disséquer les pages afin de prolonger le contentement. Antonin Varenne manie la plume avec aisance et peut se targuer d’y inclure une dose poétique. Qui peut aborder les écrits de Saint Augustin tout en faisant sens à la trame criminelle?

Mais il aborde, plus prosaïquement, des thèmes du quotidien tel l’héritage, la parentalité, l’amitié, le couple pour se fondre dans un tableau noir et sang. De part ce parti pris, il humanise avec sincérité et sensibilité le paradoxe d’une série d’homicides qui graviront les marches une à une de l’horreur à l’état brut. Sans déflorer la chute du roman, je peux me poser résolument la question si Antonin Varenne apprécie le cinéma américain de base adepte des happy-end? Quoique…
C’est ragaillardi et rasséréné que je referme ce livre en ayant pleinement conscience d’avoir lu un ouvrage de qualité par un auteur brillant qui sait mêler sa belle plume aux desseins pourtant sombres.
Antonin Varenne est un artiste!
Chouchou.
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