« Y a pas d’ amour sous les Tropiques, juste des filles qui vendent ou non leur cul pour le caillou. Dans ce milieu, entre hommes et femmes, tout est faussé. L’amour n’a pas sa place. »
« Elastique nègre » est le premier roman de Stéphane Pair, journaliste à France Info et dans un entretien à venir, pour l’instant en cours d’élaboration, il nous en apprendra plus sur la génèse de ce roman, entre autres.
« Sous la lune, le chasseur de crabes a vu progresser un groupe d’hommes dans la mangrove. C’est là, dans les entrailles mêlées de la terre et des eaux, qu’on retrouve le corps d’une femme blanche.
Qui était-elle ?
Les rêves du lieutenant-colonel Gardé sont pleins d’amantes à la peau lisse et noire comme celle des boas. Il mène l’enquête sur le cadavre du canal des Rotours, mais se heurte au mutisme et à la méfiance. En tête des suspects, le jeune dealer Vegeta, cerveau du réseau local, roi parmi les chiens, consumé par une douleur secrète. »
Avant tout et la quatrième de couv ne l’indique pas, ce roman se passe en Guadeloupe et peut-être ma culture littéraire est nettement insuffisante mais les polars traitant des Antilles françaises ne sont pas légion et c’est bien regrettable tant la Guadeloupe et surtout, surtout ma très chère Martinique, mériteraient une bien plus large couverture, à la mesure des trésors qu’elles possèdent et offrent à qui sait s’adapter, apprend à se tropicaliser.
Démarrant comme un polar classique avec le début d’une enquête autour d’un cadavre d’une femme retrouvé dans la mangrove menée par un flic métropolitain et son équipe, « Elastique nègre » prend très rapidement son envol avec une narration de la criminalité dans l’île par le biais du trafic de drogue dans l’île et dans toutes les ramifications de la zone, Montserrat, sainte Lucie, la Dominique et accessoirement Madinina.
Et c’est passionnant tant l’alternance de pages explosives, tendues et violentes centrées sur le personnage de Vegeta, petit caïd local qui a voulu jouer avec le feu avec son impitoyable boss bahaméen et de passages plus didactiques montrant l’organisation, les méthodes et l’économie souterraine est pertinente offrant une lecture qui dépote et qui en même temps apporte des éléments de connaissance sur la peste que sont devenus le trafic et la consommation de crack dans la région. Ayant vu et vécu, à l’époque des faits relatés dans le roman, pendant quatre ans aux Terres Sainville à Fort de France, l’émergence du même phénomène, je donne beaucoup de crédit aux faits relatés par Stéphane Pair.
Tout au long des 279 pages, on découvre aussi une Guadeloupe que les touristes de passage n’auront pas le temps de découvrir ou n’en auront pas le désir, une île, loin des clichés, mais qui vit avec ses joies et ses malheurs, ses réussites et ses échecs. Le portrait dessiné de l’île est rude parce que les personnages ne sont guère chérissables si on excepte certains mômes hélas bien mal nés. Mais aussi quel bonheur pour qui les a déjà connus l’évocation de mornes, carbets, traces, lolos, Compère Lapin, mangrove…des mots ou expressions créoles, la dancehall.
Roman éminemment riche « Elastique nègre » séduira tous les amateurs de polars désireux de bien comprendre l’univers dans lequel évolue une intrigue et de voir l’envers du décor.
Mi plisi!
Wollanup.
😀 Tout pareil, sauf que je ne connais pas les lieux !
On est quand même souvent du même avis,Simone. J’attends de te lire.