Traduction : Alexandre Pateau (Allemand)
La période post seconde guerre mondiale évoque le chaos, la reconstruction, matérielle et humaine. Les cicatrices sont béantes et le devoir de mémoire reste un enjeu majeur dans cette reconstruction des êtres, des peuples. Le Voyage de Lilya présentera certains attributs d’un exil salvateur, en ce sens où ses recherches de vérité sont d’or. Dans le bruit et la fureur des suites de ce conflit mondial, les enjeux politiques, géopolitiques, restent aussi, voire surtout, des enjeux plus particuliers humains.
« En 1946, le futur de la Palestine est plus incertain que jamais. Tandis que les Britanniques restreignent fortement l’émigration, des centaines de milliers de survivants de la Shoah disséminés en Europe tentent d’obtenir un visa, soucieux de gagner le Moyen-Orient. Lilya Wasserfall appartient à l’une des factions sionistes qui mènent, avec leur propre force paramilitaire, une violente lutte souterraine contre la puissance mandataire internationale. À ce titre, on l’envoie à Jérusalem à la recherche d’un scientifique disparu, Raphael Lind. Là, elle rencontre le frère de ce dernier, Elias, qui lui fournit des documents prouvant que Raphael vit toujours. Commence alors un périple incroyable qui l’amène de Londres jusqu’en Allemagne, au camp de Bergen-Belsen, point d’orgue de son voyage. Au fil de son enquête, Lilya commence à comprendre que les SS ont obligé Lind à travailler sur des recherches top secrètes sur les gaz toxiques… »
Lire est un acte militant, un acte de choix mais aussi une volonté délibérée de dévier de son quotidien. On, je lis en ayant la conviction ancrée de m’extraire d’un quotidien, de vivre par procuration une autre existence. Cette volonté paradoxale d’addiction passe par la recherche de valeurs propres à nos choix livresques. J’y cherche donc des thématiques qui me parlent, des sujets, qui ont ce pouvoir inexpugnable d’évasion et/ou d’écho avec nos préceptes éducatifs et culturels. L’ouvrage, outre son fond, se doit de posséder des attributs intangibles de qualités d’écriture qui peuvent certaines fois supplanter l’histoire. Et c’est donc l’alchimie de cette somme qui produit la différence, qui multiplie un quotient d’empreintes marquantes, indélébiles.
Cette digression n’en pas une mais elle démontre que le résultat d’une lecture repose sur ces critères. Cet ouvrage en possède les principaux mais ce qui a fait défaut c’est un sentier mieux balisé, des accotements moins flous. J’avais devant les yeux, devant mon imaginaire, un canevas réjouissant, jouissif qui néanmoins perdait en lisibilité, en lumière, en clarté. L’auteur, à l’image de Rachel Singer, est rentré de plein pied dans cette volonté saine, honnête, de déconstruire l’Histoire pour reconstruire une histoire de rédemption, de quête d’une patrie. C’est un archet séduisant exhibant des flèches capables d’atteindre la cible, lui manque, peut-être, un esprit hermétique et la volonté de ne pas balancer une salve de flèches concomitantes. L’essentielle de ma soif de lecture était bel et bien là mais le particulier était érodé, parsemé.
Fort en pointillé… !
Chouchou.
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