Traduction: René Solis.
“C’est une mafia, oui, mais c’est toujours une mafia de pauvres. Le secret c’est que leur rêve n’est pas de devenir riche, mais d’être quelqu’un. Quelqu’un de différent de ce qu’ils étaient. Parce certains d’entre eux, comme Miguel Angel, étaient pauvres depuis toujours, mais aussi humiliés, frères de gamines violées, fils de parents alcooliques, nomades. Ils étaient le rebut. Personne dans cette vie ne veut être Miguel Angel Tobar.”
Les Salvadoriens Oscar et Juan José Martinez sont frères, exercent la profession de journaliste pour l’un et d’anthropologue pour le second et ont joint leurs compétences pour écrire un magnifique document sur l’organisation criminelle la plus récente et certainement la plus terrible: la Mara Salvatrucha 13, émanation d’un enfer biblique ou pas d’ailleurs, peu-importe votre interprétation de la terreur..
Ils sont 100 000 en Amérique centrale, plus de 30 000 aux Etats-Unis et sont devenus le gang le plus puissant mais aussi le plus cruel. On commence de plus en plus à les rencontrer dans les polars, leur cruauté faisant passer bientôt les Zetas et autres saloperies pour de gentils plaisantins. On ne va pas prendre de gants non plus pour parler de ces ordures, les auteurs ne montrant pas non plus la moindre compassion, la moindre indulgence dans leur écrit.
Ce document souvent effrayant par ce qu’il dévoile de la nature humaine met en vedette un tueur, plus de 50 assassinats à son actif et autant comme comparse assistant, Miguel Angel Tobar, dit “El Niño de Hollywood”. “El Niño”, c’est son nom de mara succédant à celui de clown de ses débuts. Inutile d’imaginer les alentours de Sunset Boulevard comme territoire du gus même si L.A. sera souvent le théâtre, non, Hollywood est le nom de son quartier pourri, l’origine de sa clique.
Oscar et Juan José Martinez ont interviewé pendant des centaines d’heures ce Mara qui a trahi passé du statut de prédateur à proie, devenant la cible de tous les apprentis tueurs pré-ados de la MS13. A trente ans, Tobar est un rescapé pour un Mara, ainsi les hommes et femmes de la cinquantaine qui compléteront et enrichiront ses aveux, sont les témoignages de miraculés. “El nino de Hollywood” très informatif, souvent surprenant, raconte le Salvador, les gangs angelinos, les politiques salvadoriennes et ricaines sous Reagan, la corruption, la misère, la violence, la mort et parfois ça cogne dur, dans les faits comme dans ce que cela soulève d’ inhumanité.
Si “El nino de Hollywood” est un remarquable document sur le MS13, on pourra néanmoins regretter de ne pas avoir fait le choix d’une écriture chronologique de l’histoire. Les incessants allers retours entre les époques peuvent parfois égarer le lecteur sans néanmoins le perdre. Dans tous les cas, si le sujet vous intéresse, c’est du lourd mais du tout un thriller comme suggéré sur la quatrième de couverture. On y apprend notamment qu’au tout début de son histoire la MS13 regroupait des fans de Black Sabbath !!! J’ai toujours su que le hard rock ne dézinguait pas que les oreilles…
Personnellement toujours, une fois le livre terminé, j’ai aussitôt noté de ne jamais mettre le pied au Salvador. Enfin, je m’aperçois qu’une mort là-bas avait nettement moins d’importance que la bite de Benjamin Griveaux chez nous.
Choc !
Clete.
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