Plongée au coeur au coeur d’une instruction judiciaire politique où les mécanismes sont disséqués minute par minute afin de mettre en évidence les déliquescences d’un pouvoir perverti. C’est une autopsie d’un dossier sensible et dans toute nécropsie on attaque par les viscères pour fissurer l’affect, se terminant par la boite crânienne permettant la mise à jour de la psyché, les tenants et aboutissants qui ont motivé les mis en cause à franchir la ligne jaune.

« Tous pourris. C’est le sentiment qui prévaut dans cette commune du Sud-ouest quand le maire et ses adjoints sont arrêtés à la sortie d’un conseil municipal, comme de vulgaires voyous. Robert Delacour ne comprend pas. L’édile pensait être protégé. C’était sans compter sur deux flics, Christian Chabreuil et David Vallespir, qui n’ont que faire du poste occupé par cet homme, Mais qui vont devoir subir pressions, mensonges et trahisons pour mener à bien leur enquête.

Une commune du sud-ouest de la France. Tous, maires, premier adjoint, élus, cadres administratifs, chefs d’entreprises de la région, se connaissent et font des affaires ensemble. Ils sont tous mouillés dans un dossier de corruption qu’une équipe de flics a pris en main avec une idée : traquer ces élus comme ils le feraient avec les grands voyous. En détention provisoire, le maire qui, au fil du temps, s’est transformé en petit empereur local, se suicide. Provoquant la polémique, mais aussi obligeant ses « amis » et ses « ennemis » à se dévoiler. »

Christophe Gavat est commissaire de police. A ce jour, il est en poste à Marseille, il a été notamment le numéro un de la P.J. de Grenoble. Proche de Michel Neyret, il signe son premier roman après avoir publié deux témoignages. Son premier ouvrage a été adapté pour France 2 par Olivier Marchal, sous le titre Borderline, dont il a cosigné le scénario.

L’écriture et la structure sont fortement marquées par le pedigree de l’auteur. En maîtrisant les codes du milieu, il s’affranchit des approximations, d’incohérences dans les thématiques relatées. Mais le style et l’atmosphère suggérée manquent de profondeur et de captation. Bien qu’étant dans un tempo sustento, la mayonnaise manque d’assaisonnement et de tenue. La motivation de l’écrit et son fond tentent de décrire des dérives d’ordre politique sur des abus de biens sociaux et de détournement de fond public mais n’est pas qui veut David Simon.

En revanche, le roman présente un bénéfice, une moralité en filigrane. Car en menant de front deux affaires distinctes, la P.J. de Bayonne nous montre et démontre que des pouvoirs opposés s’affrontent et laissent au rebut, ou plutôt hiérarchisent des priorités qui ne devraient pas l’être, l’une d’elle, se retrouvant reléguée à un statut subalterne. Cette exemple concret peut, en effet, afficher les choix de la justice pas toujours en adéquation avec le bien de la communauté et où l’homicide ne « rivalise » pas avec le sensationnalisme, le buzz médiatique.

Cet écrit a donc un intérêt de fond propre et connaissance précise du terrain en manquant de littéraire et de faculté à « ventouser » son lecteur.

Chouchou.