Chroniques noires et partisanes

Catégorie : Chroniques (Page 3 of 150)

L’HOMME QUI AIMAIT LES LIVRES de Patrick DeWitt / Actes Sud.

The Librarianist

Traduction: Emmanuelle et Philippe Aronson

Il est des romans qu’on lit, qu’on apprécie vraiment mais qu’on laisse de côté parce qu’ils ne semblent pas être tout à fait de la délicieuse noirceur qu’on privilégie ici. Et puis au moment où on va baisser le rideau pour l’été, on s’aperçoit que ces romans qui prennent des traverses frôlent peu ou prou les univers aimés, on se dit que si on a été profondément touché par l’histoire, le propos ou les deux, certains, on le souhaite, y trouveront aussi leur bonheur. Ainsi, nous exhumons de nos archives quatre romans de cette année qui, loin d’être des seconds couteaux, s’avèrent être de dangereuses lames à l’écriture brillante et parfois inoubliable.

Ma première entrée dans l’univers de Patrick DeWitt s’est produite avec son deuxième roman Les Frères Sisters, un western qui sera adapté à l’écran par Jacques Audiard dans un film éponyme. Tout en appréciant la verve, la folie, certaines trouvailles de DeWitt, force est de dire que, hélas, l’histoire à succès de ces deux grands bourrins dangereux ne m’a pas particulièrement ému et ne m’a point donné une quelconque envie d’y retourner. Une impression coupable de ne pas avoir vu la richesse que tout le monde vantait et admirait.

Oui mais voilà, avec le temps, les goûts peuvent changer. Certains détails indécelables, improbables peuvent vous troubler… Peut-être une allusion, s’avérant finalement très, très fausse à l’univers de Wes Anderson dans un canard bien-pensant, gardien du bon goût littéraire. Non, plus sérieusement une dédicace sur la première page à la mémoire de David Berman, leader de Silver Jews et de Purple Mountains qui a décidé de nous quitter en 2019. Brother Jo vous a déjà présenté ce perdant magnifique en chroniquant Au nom du pire de Pascal Bertin qui lui était consacré aux éditions du Gospel.

« L’existence de Bob Comet, bibliothécaire à la retraite, s’écoule tel un long fleuve tranquille : il n’a pas d’amis, son téléphone ne sonne jamais, et si quelqu’un frappe à sa porte c’est pour lui vendre quelque chose. Depuis longtemps, Bob a abandonné l’idée de connaître son prochain, ou de s’en faire connaître, et sa seule façon d’être au monde est la lecture. Lors d’une de ses longues promenades, Bob croise la route d’une vieille femme égarée et la raccompagne à la maison de retraite. C’est là qu’il tombe sur un appel à bénévoles. L’opportunité pour lui de faire découvrir ses romans préférés aux résidents, mais aussi, de manière tout à fait inattendue, l’occasion de se réconcilier avec son passé et, peut-être, d’affronter la nostalgie féroce d’un amour perdu…« 

Dès le départ, on sent le grand écart entre un nom Bob Comet qui évoque un héros survolté de Comics et la réalité de ce bibliothécaire en retraite qui veut donner un peu de sa vie, de son temps à faire encore connaître les trésors de la littérature. Une toute petite maison de retraite comme théâtre des opérations, on se dit que le bouquin, qui ne démarre pas pied au plancher mais de manière très touchante, a peu de risques de nous affoler. Et pourtant, le roman, entre émotion et sourires, captive rapidement, enchante par son humour, sa finesse, sa tendresse et laisse des impressions, des sentiments très troubles. On oscille souvent entre peine et ravissement comme dans le cinéma de Chaplin. Bob Comet par son innocence, sa gentillesse, émeut. La vacuité d’une existence, les rendez-vous ratés, les trahisons, les abandons, son désir d’aider de manière modeste les plus démunis est émouvante. C’est vrai que l’on ne prend plus le temps de rencontrer des types comme Bob Comet mais des mecs gentils, ça existe. Sont juste invisibles dans le monde nombriliste des réseaux sociaux. Nous sommes en 2005, Bob Comet a soixante-douze ans et on se surprend à se passionner pour sa vie sans charme, sans éclats, sans couleurs ni saveur quand DeWitt, perfidement, nous ébranle par une étonnante révélation avant de clore sèchement sur cette époque et nous propulser dans le passé.

En 1959 Bob va connaître l’amour d’une vie et découvrir une amitié qu’il espère aussi éternelle… Las, bien sûr, Bob Comet est l’éternel perdant, le malchanceux pathétique, l’éternel second. DeWitt, dans une nouvelle pirouette, nous invite aux quatre jours de fugue de Bob en 1945 quand il part à la recherche d’une quelconque affection qu’il n’a jamais trouvée auprès de sa mère. L’épilogue nous ramènera en 2006 pour assister à une conclusion un peu chagrinante.

On s’étonnera un peu du titre français car le roman traite finalement très peu des livres. Le titre original, The Libriarist, habillait beaucoup plus habilement le personnage, donnait des impressions sur l’existence du héros. Alors, on a du mal à imaginer un bibliothécaire en parfait aventurier, et on a bien tort bien sûr… Là, je fais gaffe car je suis en train, mine de rien, de niquer deux amitiés de longue date, ayant survécu pourtant à d’autres tempêtes… Bref, on se trompe souvent en ne représentant pas assez les bibliothécaires en guerriers aux multiples combats, missions et quêtes. Dans l’imaginaire populaire, un bibliothécaire mène une vie aussi rangée que les livres qu’il dépose dans les rayonnages et Bob en est le parfait exemple.

Lire était une chose vivante, toujours en mouvement, qui lui échappait, qui grandissait et qui, il le savait, ne prendrait jamais fin.”

Souvent drôle, touchant, L’homme qui aimait les livres est un grand roman. Chaleureux comme sait l’être Richard Russo, Patrick Dewitt en racontant une histoire ordinaire, crée un roman extraordinaire. Bonne route Bob Comet !

Clete.

DANS LES PINS : SIX BALLADES MEURTRIÈRES d’Erik Kriek (scénario & dessin) / éditions Anspach

Né à Amsterdam en 1966, Erik Kriek est un dessinateur, illustrateur et auteur de bande dessinée néerlandais. Son style mêle histoires fantastiques, horreur, musique et culture populaire. Il s’est fait remarqué en France par deux albums, L’exilé, et son histoire de vengeance sur fond de culture viking et La mare, et son histoire de deuil et de folie dans une atmosphère fantastique et inquiétante. Notez que Dans les pins avait été précédemment publié dans un format à 5 ballades meurtrières.

« In the pines, in the pines, Where the sun never shines, And we shiver When the cold wind blows  » (chanson populaire américaine, vers 1870). Dans les pins est un recueil de six nouvelles graphiques inspirées par des murder ballads, ces chansons folkloriques qui racontent des événements tragiques, qu’ils soient réels ou imaginaires. Ces récits sombres abordent des thèmes tels que les amours impossibles, le crime passionnel, la jalousie et la cupidité. Ce genre musical est profondément enraciné dans la tradition américaine. Des artistes, tels que Dolly Parton, Johnny Cash, Bob Dylan ou encore Nick Cave, se sont essayés à ce folk sanglant, à cette country & western de cauchemar. (…) Dans les immenses forêts de pins des Appalaches, il se passe des choses qui ne doivent pas voir la lumière du jour…

Si les murder ballads font partie intégrante du patrimoine americana, les textes sélectionnés par Erik Kriek s’égrènent entre le XVIIIe siècle et la première ou la deuxième moitié du XXe, jusqu’à il y a peu. En effet, Where the wild roses grow, la chanson écrite et interprétée par Nick Cave trouve ici une adaptation. Réunies par le genre, les histoires abordent également des thèmes communs : la mort tragique, les amours tourmentées, la violence et la cruauté, les fantômes du passé. Erik Kriek sublime la contrainte de scénarios de facture classique par sa narration et son découpage. Difficile d’échapper alors aux ambiances poisseuses, aux séquences angoissantes.

Passé la très belle couverture en trompe-l’œil sinistre et l’impression de gravure vintage des pages intérieures, le travail visuel s’impose fortement : des cases sans bordures, au contenu très dense, des clairs-obscurs omniprésents. Pour différencier les histoires, Erik Kriek a fait le choix d’une trichromie renouvelée : noir + blanc + un autre pinceau (bleu, mauve, jaune…etc). Cette parure n’en fait ainsi que mieux ressortir la noirceur terrible de ces ballades et de leurs personnages, souvent de vraies gueules, expressives.

En bonus appréciable, en fin d’album, quelques éléments de contexte et un lien vers des titres du groupe Blue Grass Boogiemen, auquel Erik Kriek participe.

Pour les amateurs de folklore musical, de noirceur épaisse et de dessin typé.

Little Bic Man

LEGITIME DEMENCE de Laurent Philipparie / Actes Noirs – Actes Sud.

Légitime démence est le quatrième polar de Laurent Philipparie criminologue et commandant de police mais également son premier dans la collection Actes Noirs d’Actes Sud.

« Une opération de police vire au cauchemar. Le capitaine Thierry Bar tue le leader des « Servants de Gaïa », premier groupe écoterroriste français. Quand sa supérieure et amie, Catherine Novac, suspecte une bavure, il n’a d’autre choix que de l’exécuter elle aussi…Traqué par toutes les polices du pays, et prêt à tout pour accomplir une mystérieuse mission, Bar élimine un à un les membres du groupuscule terroriste. L’enquête est confiée au commissaire Nicolas Novac, frère de la commandante assassinée, qui, guidé par une experte des mouvances écoguerrières, met au jour un effroyable secret… »

Ce roman de Laurent Philipparie plaira certainement à tous les amateurs de thrillers explosifs où les situations chaudes et les coups de théâtre, très impressionnants, s’enchaînent pour créer une addiction certaine. De par sa fonction, l’auteur dresse un tableau assez cinglant de la police, de l’inertie dans sa lutte contre la criminalité handicapée par une hiérarchie et des politiques adeptes du principe du « pas de vagues ». C’est une police désabusée, déconsidérée, désarmée qui est confrontée à une criminalité de plus en plus diversifiée et insaisissable. L’exemple le plus frappant de ces nouveaux maux qui nous guettent est ici l’écoterrorisme ; ces écoguerriers qui, sous couvert de protection de la planète et des animaux, s’attaquent aux humains, fomentent des complots et pourraient presque faire passer Poutine et Trump pour de jolis plaisantins. Sont contés des groupuscules fictifs mais aussi des organisations réelles ayant pignon sur rue et dont les desseins et les vues sur l’humanité sont particulièrement terrifiants.

Si on peut trouver que la figure du mal combattue ici par le commissaire Novac possède quand même beaucoup de talents pour une seule et même personne, il n’empêche que l‘histoire ne souffre d’aucun temps mort et apporte son lot d’enseignements sombres qui donnent à réfléchir.

Clete

RICCARDINO d’ Andrea Camilleri / Fleuve Noir

Riccardino

Traduction: Serge Quadruppani

L’an dernier, on vous avait proposé La méthode sicilienne, l’avant dernière enquête de Montalbano, le flic d’Andrea Camilleri, très grand auteur italien décédé en 2019 et dont on vous a déjà parlé plusieurs fois au cours des années.

L’écrivain a beaucoup écrit et on le retrouve dans le catalogue de plusieurs éditeurs français comme Métailié ou Fayard, mais sa plus grande réussite reste le cycle Salvo Montalbano, 30 volumes dont deux encore inédits chez nous. Montalbano a eu le droit à sa série TV (8 saisons) qu’on a pu voir sur France 2 à une époque et qu’on peut retrouver aujourd’hui sur Polar+.

Riccardino est le dernier de la série. Ecrit en 2004, 2005, cet épisode semblait boiteux pour Camilleri. En 2016, il l’a retravaillé afin de donner une issue à la saga Montalbano. Evidemment, cette ultime histoire s’adresse en priorité aux connaisseurs mais peut, éventuellement, donner envie de plonger un peu plus dans l’univers un peu foutraque et délicieusement sicilien du commissaire. En effet, si les enquêtes sont souvent de première bourre avec une réelle investigation, dans un commissariat où Montalbano a vraiment beaucoup de mal avec ses adjoints à la comprenette très limitée, la vraie star de la série c’est la Sicile, ses senteurs, ses odeurs, son soleil, ses gens et sa mafia évidemment.
Ajoutons que la traduction des enquêtes de Montalbano, utilisant un parler sicilien très particulier, a toujours posé problème. En France, le talent et le travail du traducteur exclusif pour la France Serge Quadruppani (journaliste, écrivain, traducteur et essayiste) , en gardant beaucoup du dialecte et des régionalismes siciliens, ont contribué de manière conséquente au charme des frasques du commissariat de Vigata, ville imaginaire inspirée de Porto Empedocle.

« Il y eut un crime et Montalbano le résolut. Ou bien… Dans cette ultime enquête, plus que jamais, les apparences sont trompeuses. Quatre amis se retrouvent dans la tourmente à la mort de l’un d’entre eux. Quand il apparaît que ce Riccardino partageait beaucoup plus qu’il n’est en général partageable avec ses meilleurs amis, la conclusion de l’affaire semble s’écrire d’elle-même. Du moins c’est ce que voudrait l’Auteur, s’invitant dans l’histoire par un tour pirandellien, au grand dam du commissaire. Mais Montalbano ne serait pas Montalbano s’il s’en laissait conter, même par son propre créateur. Montalbà, la scène est à toi ! »

Riccardino n’atteint pas tout à fait les sommets de certaines enquêtes, mais il était difficile de passer outre la dernière de Salvano Montalbano. Surtout, cette conclusion nous permet de remercier Andrea Camilleri pour toutes ces grandes heures passées sous le soleil sicilien.

Grazie mille maestro

Clete.

NOIR COMME LA NEIGE de Lilja Sigurdardottir – Les enquêtes d’Aurora, T3 / Métailié Noir.

Traduction: Jean-Christophe Salaün

« L’obscurité était totale dans la chambre lorsque Elín se réveilla. Derrière l’épais rideau, elle discernait par la fenêtre entrouverte un faible sifflement monotone – le vent jouait toujours la même mélodie hésitante. »

C’est la première phrase du livre mais ce n’est pas elle qui va accrocher le lecteur ! Elin a 47 ans, elle est amoureuse de Sergeï, …Il a 27 ans, musclé à souhait, grosse chaîne en or et voix câline pour parler à longueur de journée à…sa mère…Et on se doute, dès le début, que celui-là terminera vraisemblablement dans le peloton de tête des inévitables méchants (russes comme d’hab !)…et qu’Elin va vite dégringoler de son « nuage cotonneux »

C’est l’autre affaire, traitée en alternance avec les déboires d’Elin, qui peut nous attirer :

« Un coureur avait découvert le conteneur. Il venait faire son jogging dans le coin tous les matins avant 8 heures avec son chien et avait appelé le service environnemental de la ville pour demander ce qu’un conteneur de six mètres de long faisait là, au cœur d’une zone naturelle protégée. Un employé municipal était venu évaluer la situation et, ouvrant le conteneur, avait immédiatement vomi sur sa combinaison orange. Les premiers policiers dépêchés sur place avaient eu du mal à décrire ce qu’ils voyaient. Le conteneur abritait un tas de cadavres, avaient-ils dit. Un tas. »

Daniel Hansson inspecteur de la brigade criminelle, arrivé sur les lieux: « Il y en avait une en vie, souffla-t-il. Elle était encore vivante au milieu de ce tas de cadavres. Ils ont dû la maintenir au chaud. »

« Une en vie »…donc elle va sans doute parler, donc elle va sans doute être recherchée par les mafieux…on sent un peu tout à l’avance non ?

C’est lui et sa collègue Héléna, qui vont faire le gros de l’enquête. La part d’Aurora, détective privée, inspectrice financière…(Il est bien précisé, dans le titre Les enquêtes d’Aurora, T3)…me semble un peu réduite…Elle va davantage s’employer à séduire Daniel, qu’à s’impliquer totalement dans l’enquête . Il n’est même plus trop question de la recherche de sa sœur qui semblait pourtant être un fil rouge dans les tomes précédents…

L’écriture est banale, voire souvent délayée, avec de fréquentes redites et il est affligeant par exemple d’assister plusieurs fois à la toilette complète d’Aurora et à ses exercices de planche dynamique ( ?!)…alors que la traite d’êtres humains semblait être le cœur du livre…
On retrouve souvent l’expression « teinte bleuâtre »…de la nuit, des écrans, des néons, des cadavres…Alors…un roman bleuâtre ?

Ce sont les toutes dernières pages du roman, quand un rythme se met en place, qui peuvent lui valoir sa place ici, Le premier tome, Froid comme l’enfer, avait eu sa chronique dans Nyctalopes, et Lilja Sigurdardottir y était reconnue comme une « Islandaise convenable »…

Donc, d’autres synonymes ? Acceptable, présentable…

LA VEUVE de Glen Chapron (scenario & dessin) / Glénat

Né en Bretagne, près des Monts d’Arrée, Glen Chapron part étudier la gravure à Paris à l’École Estienne, puis l’illustration aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Il y rencontre les futurs membres du Collectif Troglodyte et Julia Wauters avec qui il lance le fanzine Écarquillettes. Après avoir publié Once upon a ride (Collectif Troglodyte) et dessiné Daphnée & Iris (« Kstr », Casterman) et Vents Dominants (Sarbacane), il vit et travaille à présent à Nantes où il navigue entre illustration jeunesse et bande dessinée. Après L’Attentat, sa première collaboration avec les éditions Glénat, il réitère avec Une histoire Corse, puis avec cet album aujourd’hui.

1903. Affamée, à bout de force, une jeune femme fuit à travers les Rocheuses canadiennes, sans regarder derrière elle. Que fuit-elle, ou plutôt qui ? À ses trousses, deux brutes déterminées à venger la mort de leur frère la traquent telle une bête sauvage. À 19 ans, Mary est déjà veuve et meurtrière. Aussi seule que démunie, elle réussit pourtant à semer ses poursuivants au cours d’une cavale oppressante dans les montagnes, la nature suppléant les lois des hommes… Déterminée, Mary, qui porte le secret d’une vie brisée, fait des rencontres fortuites, de celles qui changent une vie. Autant de confrontations étonnantes, révélatrices d’un passé mouvementé que l’on appréhende par petites touches… Des personnages avides ou généreux, des débrouillards ou des ermites lui permettent de tenir la distance… Malgré la peur au ventre, chevauchant à travers les sombres forêts escarpées, une furieuse envie de vivre permet à Mary de choisir son propre destin : celui d’une femme libre.

N’avions-nous pas dit que nous éviterions de chroniquer des adaptations en bandes dessinées de romans ? Ou alors pas très fort. Il y a trois bonnes petites raisons pour s’autoriser quelques lignes 1/ c’est un western 2/ c’est un très bel album 3/ c’est un très bel album. Glen Chapron a adapté le roman éponyme de l’auteur américain Gil Adamson, qui a une suite d’ailleurs, Le fils de la veuve, de belle facture tous les deux.

On parle principalement de vengeance dans La veuve, un thème familier dans l’univers western (mais pas seulement). L’auteur Glen a surtout un prétexte pour nous raconter une histoire d’émancipation féminine dans un univers très masculin et violent. Et un décor des plus rudes. Le récit est haletant et le personnage principal, très attachant, se dévoile au fil des pages. Mais qualité remarquable, l’utilisation du trait, jeu entre l’épaisseur et la finesse, avec l’intensité du noir, donnent un aspect particulièrement trouble et sombre aux atmosphères de cet album, découpé avec dynamisme. Il est sorti depuis le début de l’année alors nous ne bavarderons pas plus.

Une quête émancipatrice et violente inscrite dans un univers graphique idéal pour des « chroniques noires ». Et, comme on dit, quand c’est beau, c’est bon.

Little Bic Man

FILS PRODIGUES de Colin Barrett / Rivages.

Wild Houses

Traduction: Charles Bonnot

Georgie.
C’est le chien.

«C’est quoi comme race ?
– C’est le chien de la mère, répondit Dev. »

Dev. Un géant.
« Guette ses paluches, renchérit Sketch. On dirait des godets de pelleteuse. » 
Un costaud que tout le monde supposait débile parce qu’il ne se défendait jamais, n’était pas bavard et qu’il vivait « au milieu de nulle part » dans la maison de sa mère qu’il avait trouvée morte dans le potager.
Seul avec sa douleurs dans sa tête, « insaisissable et granuleuse. », sa migraine nébuleuse et flottante, crissant contre les recoins de ses pensées. »


« Dev se considérait comme un rien. Il était calme et discret, mais pas à un point qui sortait de l’ordinaire. »

Mais l’histoire ?

D’abord, il y a quelque chose d’étrange dans ce livre :
Pour moi, tout se passe comme si Colin Barrett avait écrit, dans la même veine que les sept superbes nouvelles qui constituent son livre Jeunes loups paru en 2016, un très beau texte sur le personnage magistral de Dev (et son chien ). Et un autre sur la lucide, généreuse et bosseuse Nicky. Et j’aurais beaucoup aimé ces deux nouvelles.

L’écriture est précise, ciselée, dense, sensible et j’aurais partagé l’enthousiasme des critiques.

Et puis on dirait que l’auteur a imaginé que ces deux personnages feraient tout aussi bien les sujets d’un beau roman…Il a alors bricolé à la va-vite une intrigue un peu faiblarde sur fond de peinture sociale…désenchantement, picole, drogue…

Et à partir de là ?

« On est dans la merde, Georgie », lance Dev dans la nuit.

Dans le comté de Mayo, en Irlande, Les Ferdia, deux dangereux escrocs kidnappent le jeune frère d’un trafiquant de drogue minable qui leur doit une grosse poignée de billets. Comme ils se sont insinués petit à petit dans la vie et la maison de Dev ils y planquent le gamin et donnent leurs ordres…

L’écriture se délaie, se délite. Le livre se vide de sa substance, s’effiloche…

Et on est déçu de voir l’émotion soulevée par Dev (et le chien !), la mélancolie, l’humanité, se dissoudre dans la banalité d’une écriture qui cède à la facilité…

Soaz.

CLETE de James Lee Burke / Rivages.

Clete

Traduction: Christophe Mercier

« L’incontrôlable Clete Purcel retrouve sa Cadillac pillée par un gang lié au trafic de drogue. Il se sent personnellement atteint car sa petite nièce est morte d’une overdose de fentanyl. Il va partir en croisade avec son fidèle ami Robicheaux et mettre au jour une affaire autrement plus complexe et dangereuse. »

James Lee Burke est le meilleur auteur de polars vivant. Souvent imité, jamais égalé, le vieux Texan année après année nous sort un nouvel épisode d’une de ses deux séries. La première suit la famille texane Holland à diverses époques de l’histoire très tourmentée de l’état dont est originaire James Lee Burke. La seconde série qui nous intéresse aujourd’hui, la plus populaire, l’immanquable, l’inimitable est consacrée à « Belle Mèche » Dave Robicheaux, Cajun pur jus, flic par intermittences à New Iberia au fin fond du bayou louisianais. Cette série se compose de vingt-quatre histoires où Robicheaux combat le Mal aidé de Clete Purcel, son fidèle ami depuis leurs débuts ensemble au NOPD, la police de la Nouvelle Orleans. Robicheaux est parti s’installer ensuite dans le bayou pendant que Clete Purcel entamait une carrière de détective privé dans la fournaise de la Big Sleazy. Pour autant, la séparation n’a pas nui à leur amitié, »podnas » pour la vie.

En 2019, Burke avait sorti un roman simplement intitulé Robicheaux censé se centrer sur Dave, un focus qui s’était avéré vain tant la série est déjà centrée sur lui, le clone littéraire de son auteur… Signalons que Robicheaux a été interprété à l’écran en 1996 par Alec Baldwin de manière très anecdotique dans Vengeance froide inspiré de Prisonniers du ciel, le deuxième volet de la saga où se crée vraiment le mythe Dave Robicheaux. Tommy Lee Jones a revêtu aussi le costume du flic de New Iberia qui lui allait impeccablement, magnifié par la caméra du grand Bertand Tavernier dans In the Electric Myst, adaptation du petit bijou Dans la brume électrique avec les soldats confédérés, une des rares histoires dont Clete Purcel est absent.

Consacrer cet opus à Clete Purcel semble être une idée bien plus réjouissante. Et elle le sera particulièrement, mais reconnaissons que les fans de l’auteur vivront également des hauts mais aussi des bas, alternant le meilleur et le moins bon de Burke… et chacun mesurera sa tolérance, sa bienveillance face aux erreurs commises par le meilleur d’entre les meilleurs sur cette histoire. Mais consacrons-nous à ce Clete Purcel, électron libre aux tendances psychopathes avancées, brute épaisse se fondant en gros nounours pour les femmes en difficulté, une énigme et un danger.

Clete tel qu’il se présente au début :
« Dave ne deshonora jamais son insigne, moi, si. J’ai accepté des pots-de-vin de la mafia, j’ai buté acidentellement un témoin fédéral, j’ai dû me tirer vite fait de Big Sleazy et rejoindre les gauchos au Salvador. J’ai aussi travaillé pour les Ritals à Las Vegas, Reno et dans le Montana, où ils tentaient de construire sur Flathead Lake des casinos dans le style du Nevada, ce qui aurait transformé l’Etat en toilettes géantes. »

James Lee Burke est né à Houston au Texas le 5 décembre 1936 et aura donc 89 ans en fin d’année. Chaque année, il nous gratifie d’un nouveau roman. Un bonheur, mais jusqu’à quand cette petite magie ?
Inévitablement, vu son âge, sans vouloir l’offenser, peut-être que certaines fonctions s’affaiblissent. Burke semble connaître une légère faiblesse avec la temporalité, le temps de manière générale. Il y a quelques années, il avait déclaré que sa fille Alafair, auteure également, le suppléait. Mais ça ne semble plus suffire tant certaines erreurs sont regrettables. Que Burke ne soit plus trop au point avec la chronologie, la temporalité on peut aisément le comprendre mais visiblement personne chez l’éditeur ricain n’a fait le boulot. Par le passé, s’étaient déjà produites quelques erreurs mais on faisait semblant de ne pas les voir. Là, reconnaissons qu’il n’y a eu aucun travail éditorial et c’est bien dommage parce qu’on voit rapidement qu’il y a des trucs qui déconnent. Dans ce roman situé en 1998, Burke parait inclure des éléments de 2025 et qui n’étaient d’aucune actualité à l’époque. En 1998, les USA ne souffraient pas encore d’une génération d’ados le portable collé à la tempe et ne subissaient pas non plus une invasion de fentanyl. Plus grave ou plus risible, dans tous les cas, regrettable, Clete, à un moment, s’épanche sur l’extrême solitude de Dave et parle de ses malheurs avec ses épouses et particulièrement de la quatrième, décédée dans un accident de voiture… c’est bien triste tout ça mais totalement déplacé puisque en 1998, Robicheaux ne peut pas la regretter puisqu’elle est bien vivante et qu’il ne l’a pas encore rencontrée. Sept ans après, dans Swan Peak elle part dans le Montana avec Robicheaux pour oublier le traumatisme de Katrina qui s’est produit fin août 2005.

D’autres confusions nées peut-être d’un certain manque de viligance de l’auteur font que les pensées et considérations sur la vie de Clete sont identiques à celles qu’on attribuait avant à Robicheaux. Des réflexions habituelles sur la guerre mais amplifiées, plus loin dans le passé criminel de l’humanité puisqu’on remontera jusqu’à Roland à Ronceveaux.
Cet angle neuf fait parfois apparaitre Robicheaux comme un simple comparse et il faut un petit moment d’acclimation. Ainsi certains souffriront peut-être d’une légère frustration, reconnaissons néanmoins que cette affaire concerne Clete Purcel et il est donc légitime qu’il soit aux commandes de l’hallali. Comment des types ont-ils pu s’en prendre à la Cadillac de Clete ? Suicidaires, inconscients ou complètement ravagés par la dope ? Toucher à la Cad de Clete ? La Pink Caddy de Clete, c’est un symbole, la monture du cinquième cavalier de l’apocalypse. Quand Robicheaux la voit débouler au soleil couchant dans une nuage de poussière, il sait que les ennuis ont commencé, que Clete a encore commis l’irréparable.

On peut s’interroger sur un choix qui fera sourire le lecteur français. Dans le roman intitulé Dans la brume électrique avec les soldats confédérés, Robicheaux était victime d’hallucinations et taillait le bout de gras avec des soldats morts pendant la guerre de Sécession. Pas de jaloux, Burke fait subir le même traitement à Clete Purcel mais dans une version XXL. Clete, lui, est en communication avec…Jeanne d’Arc et son armée de 50 000 soudards français. La Pucelle d’Orléans le guidera tout au long du roman. Sans commentaire…

Alors Clete vaut-il la peine d’être lu ? Evidemment, c’est du Burke, du Robicheaux et c’est même une succulente énorme madeleine de Proust pour les admirateurs de Burke, un roman immanquable. Faisant référence à plusieurs histoires anciennes, Burke ravive les mémoires, fait ressortir des détails cocasses oubliés comme cette liaison improbable entre Clete Purcel et Helen Soileau.

Burke est un écrivain formidable et sa plume, une fois de plus, éclabousse le roman de sa classe. Le vieux cowboy n’a rien perdu de son talent pour balancer des répliques assassines et c’est un régal. Alors, bien sûr, on regrettera que la fin ne résolve pas tous les mystères. Il faudra attendre une suite pour savoir ce qu’il advient de certains nuisibles encore en liberté et de ce mystérieux virus qui menace l’humanité. Mais, avant tout et essentiellement, sachons apprécier à sa juste valeur une nouvelle histoire comme on les aime tant et savourons cette chance d’avoir à nouveau vécu quelques grandes heures avec le duo Dave Robicheaux/Clete Purcel. Merci monsieur Burke.

Clete.

Burke chez Nyctalopes: UN AUTRE EDEN, LES JALOUX , UNE CATHÉDRALE À SOI, NEW IBERIA BLUES, ROBICHEAUX, LA MAISON DU SOLEIL LEVANT, TEXAS FOREVER 

PS: une curiosité à la gloire de James lee Burke !

L’ENVERS DE LA GIRAFE de Pascal Dessaint / Rivages Noirs

Après des années passées dans le Nord, Pascal Dessaint revient sur ses terres toulousaines et il semblerait que la cité violette ravive la malice qui était souvent la sienne à ses débuts et lui donne l’occasion de continuer son combat pour l’environnement tout en retournant vers des intrigues noires qu’il avait délaissées ces dernières années.

« Dans un quartier populaire de Toulouse, Gaspard est chargé de la vidéosurveillance d’un carrefour. Il voit des choses curieuses et apprend avec stupeur que sa femme a un amant depuis longtemps. Lucas, lui, se passionne pour les girafes dont il a fait un objet d’étude, mais sa vieille mère acariâtre lui pourrit la vie, un vrai cauchemar. Zélie a pour spécialité de se lancer dans des combats environnementaux aussi sincères que dérisoires, à la consternation de son compagnon Pierre qui est transporteur spécialisé en matières dangereuses. Enfin, il y a celui qu’on surnomme « L’Homme à la craie », un botaniste qui parcourt le quartier armé d’un bâton de craie pour répertorier les « mauvaises herbes » qui poussent çà et là. Il a vécu un drame et est peut-être sur le point d’en vivre un autre car il est à couteaux tirés avec son voisin. Le destin va mettre en présence ces quatre obsessionnels, ça ne peut pas bien se passer.« 

Et ça ne se passera pas bien du tout mais avant, en prenant son temps, Pascal Dessaint va nous conter des vies très ordinaires, nous peindre avec son talent habituel quatre personnes un peu barrées, un peu perdues ayant tous un amour de la nature, de ses traces visibles dans un environnement humain agressif pour elle, la ville. Les plantes sauvages des murets, les chardonnerets, les pigeons et les goélands mais aussi les arbres qu’on doit élaguer participent pleinement au destin de ces quatre personnages avec leurs plaies, finalement, pas si éloignées des nôtres. De vraies histoires de vie, du social de proximité, du réel, sans message particulier mais une belle attention pour ces vies sur le fil, au bord de la chute. Des rencontres très émouvantes: de belles personnes capables de ramasser un escargot qui va se faire écraser en tentant de traverser une rue, de doux rêveurs que Pascal Dessaint dépeint avec l’empathie qu’on a toujours sentie chez lui.

Et puis il y a une girafe… une girafe sur une place périphérique de Toulouse et qui est la belle attraction « perchée » du roman. Et ces gens qui se côtoient vont être un moment connectés, de manière sans doute plus modeste mais très proche dans l’idée de Magnolia du brillant Paul Thomas Anderson.


Pascal Dessaint que l’on pensait pouvoir qualifier de Hitchcock toulousain avec cette intrigue empruntant à Fenêtre sur cour, Les oiseaux et même avec une touche de Psychose, casse le mythe en nous offrant un scène finale dantesque mais s’approchant plus à des blagues genre « Flip Flap la girafe« . Un très bel épilogue, un final improbable… Je ne sais pas ce que prend monsieur Pascal Dessaint mais vous me mettrez la même chose!!!

L’envers de la girafe sans clinquant ni esbroufe offre une intrigue virtuose très dépaysante « et en même temps » si proche de nous. Une belle humanité, très loin de la médiocrité du moment dans le polar.

Recommandable.

Clete

De Pascal Dessaint chez Nyctalopes: Un Homme doit mourir.

AU NOM DU PIRE de Pascal Bertin / Le Gospel.

En 2019, la mort du musicien David Berman marque profondément les esprits des fans de rock indépendant, toutes générations confondues. Dandy provocateur et intemporel, chanteur et poète ultra charismatique, il s’est fait connaître avec le groupe Silver Jews qui compta un temps en ses rangs Stephen Malkmus et Bob Nastanovich du groupe Pavement. En quelques albums clés, il a contribué à remettre de la poésie dans le rock’n roll des années 1990 et 2000, conjuguant humour noir, écriture littéraire et charisme de crooner grunge. Artiste maudit, il est considéré par de nombreux fans et journalistes comme un musicien aussi important que Bob Dylan ou Patti Smith en leur temps. 

Ecrit par Pascal Bertin – le journaliste (Libération, Tsugi, France Inter…) – à ne pas confondre avec son homonyme contreténor (mais peut-être que lui aussi donne de la voix), Au nom du pire : David Berman et Silver Jews face aux démons de l’Amérique est le deuxième livre des éditions Le Gospel, après L’Histoire de secrète de Kate Bush (et l’art étrange de la pop) de Fred Vermorel, consacré à un artiste musical. Cette fois-ci il est question de David Berman, un nom peut-être moins grand public que Kate Bush, mais dont l’oeuvre en a passionné plus d’un et en passionne aujourd’hui encore.

Avec une carrière à ce point erratique, comprenez par là quelques albums (sept au total, de 1994 à 2019), qui longtemps ne furent pas accompagnés de concerts, ni même d’interviews, ainsi qu’un unique recueil de poèmes (quand bien même l’étiquette « poète » lui fut toujours collée à la peau) et  un autre recueil de dessins qui lui aussi n’a jamais connu de suite, tout en ajoutant à cela une « pause » de bien huit ans après avoir officiellement mis fin à son groupe les Silver Jews en 2009, on peut dire qu’il aurait été facile d’imaginer que le nom de David Berman et son oeuvre finissent par complètement disparaître des radars. Néanmoins, il y a un truc qui s’appelle le talent et cela aura suffi à ce qu’il devienne l’un de ces artistes cultes dont l’influence aura perduré au fil des années. 

L’avant-propos de Pascal Bertin se veut clair dès la première phrase sur le contenu du livre : « Ceci n’est pas une biographie. » Pour ceux qui espéraient une biographie tout ce qu’il y a de plus classique, rassurez-vous, Au nom du pire reste tout de même très biographique. Pour autant, il est vrai que Pascal Bertin essaye de construire un propos autour de l’oeuvre et la vie de David Berman, plus qu’il ne s’attarde en détail sur toute la vie de l’intéressé. Tel que je l’ai perçu, Pascal Bertin nous donne une lecture personnelle de la vie d’un artiste qu’il admire. Il ne multiplie pas les interviews pour étayer son propos, il se contente essentiellement du témoignage de Bob Nastanovich de Pavement et ex-Silver Jews, qui en quelque sort sert ici de fil conducteur. Une démarche qui se veut relativement pudique et sobre. 

C’est en mettant en perspective la figure paternelle, Richard Berman, un célèbre avocat lobbyiste tout ce qu’il y a de plus détestable et ombre qui aura toujours pesé sur son fils, ainsi que les changements et les travers de l’Amérique vécus sur plusieurs décennies, que Pascal Bertin fait le choix de nous raconter David Berman. En puisant dans ses textes et en analysant ses choix de vie et artistiques, il nous dépeint David Berman en témoin profondément conscient de son environnement et en artiste en marge des canons de son époque. Le parcours d’un homme hanté, traversé ou habité, c’est selon, dont la fin tragique et brutale des suites d’une dépression qui le rongea tout au long de sa vie, a malheureusement sonné le glas d’un œuvre qui nous aurait sans doute encore réservé quelques belles surprises. 

Au nom du pire est le tout premier ouvrage publié à ce jour sur David Berman et les Silver Jews. Pascal Bertin signe ici un livre qui est à l’évidence le travail d’un passionné avant tout, mais qui a le mérite d’être assez accessible pour ne pas s’adresser qu’aux initiés. De quoi donner envie de se plonger à nouveau dans toute cette musique et tous ces textes, avec peut-être un regard différent mais une émotion toujours intacte. 

Brother Jo.

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