Traduction: Pierre Delacolonge.

« Ceci n’est pas un polar pour votre grand-mère, avec des gentils et des méchants. C’est un bouquin pour adulte. Et honnêtement, je dois dire qu’il est moralement répréhensible. Vous allez l’adorer, et à cause de cela, vous allez vous sentir coupable. Mieux vaudra ne pas le laisser traîner : les gens vous regarderont comme si quelque chose ne tournait pas très rond chez vous. Le mieux, c’est peut-être de le glisser dans un autre livre, avec des fleurs sur la couverture. Comme ça quand vous rirez personne ne se fera une piètre opinion de l’état de votre âme.” Aidan Truhen

Qui a donc commis ce roman, également auteur de la citation d’avertissement au lecteur? Ce serait un célèbre auteur britannique écrivant sous pseudo. Pour le NY Times, il s’agirait de Nick Harkaway,  le nom de plume de Nicholas Cornwell, qui écrit de la science-fiction et de fantasy et accessoirement fils du romancier John le Carré. Nul doute que l’oeuvre de son père ne lui a pas réellement servi pour ce roman, son premier dans le genre thriller. Truhen a -t-il eu peur de choquer son entourage et son lectorat pour avancer ainsi masqué ? Peut-être a-t-il simplement voulu se défouler, lâcher tous les chevaux mais sans inquiéter ses fans ? Mais qu’importe le flacon…

Jack Price est à la cocaïne ce qu’Über est au transport. C’est un criminel en col blanc, parfaitement organisé, avec une force de vente décentralisée et un produit de marque. Quand sa voisine du dessous se fait tuer, façon exécution, Jack doit savoir pourquoi. C’est une simple question de business et de sécurité personnelle, mais quelqu’un n’aime pas qu’il la pose. La preuve : les Sept Démons, probablement les sept personnes les pires de la terre, ont été engagées pour le liquider.

Jack Price s’est mis dans de sales draps, il en a conscience mais il a le courage et la confiance des barges, c’est certain, et sa folie lui permet aussi de se montrer très imaginatif dans la manière de se défendre contre les fameux tueurs légendaires les Sept démons. Moins célèbres que les quatre cavaliers de l’apocalypse, moins doués que les sept mercenaires, leur nombre va très rapidement salement diminuer au fur et à mesure des attaques d’un Jack Price particulièrement remonté. En fait, les Sept Démons sont des grosses quiches, Price nous le montrera tout au long de son monologue dérangé de 276 pages.

Alors, qu’en retenir ? Je dois dire que ce roman lu il y a une quinzaine est totalement sorti de mon esprit et a disparu de ma mémoire si on fait exception une des outrances du sieur Price, grand, très grand malade. Attention, c’est déjanté, sauvage, borderline, provoc et se lit très rapidement en donnant le plaisir brut d’une série Z et ce n’est pas non plus négligeable. On est très loin d’un Willocks sorti il y a peu chez le même éditeur. “Allez tous vous faire foutre »  se rapproche d’un comic destiné à faire rire ou tout au moins sourire si vous êtes dans le bon ou plutôt le mauvais état d’esprit. On peut très bien ranger cet opus aux côtés des œuvres de Bourbon Kid ou du Néo- Zélandais Paul Cleave aux romans très violents à l’humour très noir et outrancier semblant sortis d’un cerveau alimenté par des substances telles que celles vendues par Price et également au catalogue des éditions Sonatine. Un de temps en temps, quand  l’envie d’un shot terrible se fait sentir mais qui ne provoquera pas chez moi, loin de là, un début d’addiction avec ce ton qui se voudrait rock n’ roll et qui fait plutôt vieux punk à chien, majeur dressé.

Barré.

Wollanup.