Chroniques noires et partisanes

NU COUCHÉ SUR FOND VERT de Jacques Bablon / Jigal.

Vert comme la pousse d’un jeune rameau, vert comme une jeunesse perdue, vert comme l’espoir friable, vert telle la chlorophylle de vie, source d’oxygène florale…Deux collègues, deux flics que beaucoup opposent s’agrègent dans une double affaire indépendante. L’une touche de manière directe Romain et sa vie antérieure, l’autre consume son présent. La « danse » de ces missions capitales pour nos protagonistes évoluant entre passé et événements de l’immédiateté, dressera par ailleurs les portraits taillés à la serpe d’un homme et d’une femme en quête de repères d’épanouissement pour leur futur.

« Margot et Romain. Deux flics d’une même brigade. Ont en commun l’habitude de sortir du cadre autorisé pour régler à leur manière les affaires criminelles qui leur tiennent à cœur. Margot veut retrouver l’assassin du père de Romain, tué par balle, il y a vingt-cinq ans. Une famille au destin tragique… Romain ne lui a rien demandé. Mais Margot ne supporte pas que des tueurs cavalent librement dans la nature. Romain, lui, traque les auteurs du carambolage meurtrier qui a coûté la vie à l’inspecteur Ivo, son coéquipier. Leurs armes ? Acharnement et patience sans bornes pour Margot… Beretta et fusil à lunette pour Romain ! Une plongée dévastatrice où le hasard n’a pas sa place… »

Romain n’a pas une foi inébranlable dans sa confrérie , il n’a pas une vocation profonde. Margot possède cet entêtement et la curiosité, la ténacité qui sied à sa profession. Initialement, il ne semble pas y avoir une chaîne d’atomes crochus entre ces deux collègues, ou en tout cas une réciprocité. Mais une affaire non élucidée attise la pugnacité de Margot en lien direct avec l’histoire familiale de Romain. Dans le même temps, le second nommé est la victime d’une affaire sordide. Il en paie le prix fort et se trouve implicitement, intérieurement, personnellement investi d’une mission qui enfreint des règles, mettant à mal une éthique d’homme, une déontologie corporatiste.

C’est dans ce contexte qu’ils se rapprochent irrémédiablement. Leur ténacité menée par un individualisme caractérisé leur entrouviront-ils les portes de buts rectilignes, indéfectibles ? Leur compréhension d’autrui se fait à demi-mots, ne se révèle que par bribes. Et c’est dans ce flou sentimental que l’ avancée respective de leur graal se fera plus précis, gagnera en rationalité et en épaisseur.

L’auteur a ce don, par une accroche minimaliste, sans esbroufe, de déterminer un décor, une atmosphère universels ne possédant ni unité de lieu, ni précisions superfétatoires. Il vous guide à l’essentiel, sanctifie le miel d’un travail littéraire dépossédé des oripeaux superflus d’un conte méritant l’ascèse, méritant une dose de fleur de sel qui convient à nos appétences de lecteurs. On cherche la moelle et on la trouve dans cet écrit précis surtout pas la mise en valeur de personnages dans leur dimension d’histoire de vie. Nous poussant à l’anoxie, on exalte notre soif de connaissance de la vérité pour ces histoires à tiroirs. C’est dans ce sacerdoce de l’épure, qui outre l’affirmation de son style, son empreinte, réussit à allier empathie pour ses personnages et capacité entière à harponner son lecteur. Pas de gageure dans cette description, un constat : l’archétype de l’auteur de polar.

A.O.P.(olar) doté d’un typique ADN ! Le Bablon nouveau est sur vos étals.

Chouchou.

2 Comments

  1. Claude Le Nocher

    Eh oui, un polar « vrai de vrai », un suspense à l’intrigue captivante, et des personnages attachants.
    Amitiés.

    • Chouchou

      Personellement c’est l’ouvrage de Bablon qui me correspond le plus! Belle journée Claude.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

© 2024 Nyctalopes

Theme by Anders NorenUp ↑