“Août 1979. Michael, douze ans, disparaît dans les bois de Rivière-aux-Trembles sous les yeux de son amie Marnie Duchamp. Il semble avoir été avalé par la forêt. En dépit de recherches poussées, on ne retrouvera qu’une chaussure de sport boueuse. Trente ans plus tard, dans une ville voisine, la petite Billie Richard, qui s’apprête à fêter son neuvième anniversaire, ne rentre pas chez elle. Là encore, c’est comme si elle avait disparu de la surface de la terre.
Pour son père comme pour Marnie, qui n’a jamais oublié le traumatisme de l’été 79, commence une descente dans les profondeurs du deuil impossible, de la culpabilité, de l’incompréhension. Ils ne savent pas qu’un autre drame va frapper le village de Rivière-aux-Trembles…”
Encore une histoire de disparition d’enfants, sujet plus très neuf, sera tenté de dire le lecteur du magnifique Bondrée de Andrée A. Michaud sorti il y a deux ans et plusieurs fois distingué au Québec à sa sortie en 2013 . Et en fait plutôt que dire encore, il serait bon de dire déjà puisque cette nouveauté de Rivages est sortie en 2011 outre atlantique soit deux ans avant Bondrée. Rivages pourra peut-être nous éclairer sur ces choix éditoriaux, préférant Bondrée pour faire entrer l’auteure canadienne sur le marché français.
Mais pour autant ce n’est pas une version bredouillante, un brouillon de Bondrée qui vous est proposé et “Rivière tremblante” est une belle manière de rentrer dans l’univers noir de Andrée Michaud dont l’oeuvre se situe aux marges du polar; celui-ci encore plus que le précédent.
Le décor reste québécois, la rivière se substitue au lac d’un village de vacances, la forêt est encore là, toujours aussi menaçante mais il manquera quand même l’ambiance de cette petite société en vacances à cheval sur la frontière entre le Canada et les USA racontée dans “Bondrée” avec ces mélanges de langue, de conventions sociales des deux communautés se retrouvant tous les étés, lui donnant un vrai cachet, un souffle original et beaucoup de charme.
Dans “Rivière tremblante”, l’auteure a choisi une voie originale pour raconter les deux disparitions en s’attachant au calvaire de deux victimes collatérales des disparus: une petite fille amie du disparu des années 80, soupçonnée de faux témoignage et le père de la disparue de 2009, soupçonné tout court et quand une autre disparition survient, le cauchemar refait surface pour Marnie qui n’a jamais pu étouffer le poids de la perte de son copain de jeux et pour Bill qui pleure la perte de sa fille.
“Rivière tremblante” qui brille par la belle plume de Michaud souffre néanmoins de son arrivée postérieure à “Bondrée” mais aussi des parcours qu’auront pu emprunter les lecteurs sur un thème si classique. La perte, les remords, le sentiment de culpabilité, l’incertitude des souvenirs sont là, bien montés, bien montrés mais jamais ils ne provoquent la tension ou le malaise infligé par la lecture de “Une douce lueur de malveillance” de Dan Chaon sorti il n’y a que quelques semaines. Pareillement le cataclysme vécu par les parents, par ceux qui restent n’est jamais aussi aussi terrifiant, dur, que le pandémonium infligé au lecteur par Joseph Incardona dans “derrière les panneaux, il y a des hommes”.
Néanmoins, pour retrouver le verbe de Michaud, comme pour la découverte de son univers original, “Rivière tremblante” fait parfaitement l’affaire, s’avère même recommandable… si vous n’êtes pas trop tatillon sur la notion de polar.
Esquisse de Bondrée.
Wollanup.
PS: Andrée A. Michaud sera présente au magique festival AMERICA ce weekend à Vincennes, événement et auteure immanquables.
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