Traduction : Jean Rosenthal
On a tous un imaginaire foisonnant en ce qui concerne l’Histoire si celle-ci avait été modifiée et quelles en seraient les impacts sur notre futur, comment le monde aurait évolué. Cet ouvrage nous propose justement de nous fondre dans un Londres, la Grande Bretagne, sous la tutelle, la férule de l’empire nazi et par le biais d’une enquête associant les différentes factions de l’organigramme du Reich, l’extrapolation historique fonctionne.
« Angleterre, 1941.
Londres est occupé par l’armée nazie.
Churchill est mort, le roi George croupit au fond d’une cellule et la loi martiale terrorise le pays.
Douglas Archer, commissaire à Scotland Yard, se voit confier une enquête de la plus haute importance : le Dr Spode, brillant physicien qui travaillait pour les nazis, a été assassiné et retrouvé avec d’étranges brûlures sur les bras.
Et si ce meurtre était le signe avant-coureur de bouleversements autrement plus graves ?Et si le monde était sur le point de changer pour toujours ?… »
Len Deighton, né en 1929, est un historien, écrivain britannique, auteur de nombreux romans d’espionnage. Ecrit en 1978 antérieurement à Fatherland de Robert Harris reste l’une des premières uchronies à avoir été publiée, présentant ce postulat de la victoire Allemande en 1941 et l’annexion de l’ensemble du Royaume Uni.
L’enquête, par certaines scènes et certains angles, m’a fait penser aux enquêtes de Bill Crane, et en particulier Le Gardénia Rouge, écrite par Jonathan Latimer par le charme suranné d’un personnage à la Bogart. Son entregent, ses relations distanciées, franche du collier avec son entourage et ses supérieurs, son attitude vis à vis de la gente féminine, évoquent bien cette similarité. La cadence et le découpage de l’écrit très scénarisés à sa lecture entrevoient bien les raisons de son adaptation télévisée pour la BBC. Effectivement l’avancée du récit cadrée évoque aisément sa transposition sur petit écran. Les personnages restitués avec une acuité fine et ciselée ne souffrent pas d’un quelconque discrédit et leurs complémentarités constituent un édifice cohérent, solide.
Toute uchronie est synonyme d’imaginaire débridé mais l’auteur a su adjoindre quelques passages véridiques tout en les associant à des libertés propres à l’exercice. Porté par cette enquête haletante, sans verser dans la surenchère, elle montre les failles d’un empire qui se pensait parfait.
Livre édifiant pour sa réécriture d’une histoire traumatisante où l’enquête s’inscrit parfaitement dans ce contexte.
Chouchou.
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