Traduction: Jean-Christophe Salaün

« L’obscurité était totale dans la chambre lorsque Elín se réveilla. Derrière l’épais rideau, elle discernait par la fenêtre entrouverte un faible sifflement monotone – le vent jouait toujours la même mélodie hésitante. »
C’est la première phrase du livre mais ce n’est pas elle qui va accrocher le lecteur ! Elin a 47 ans, elle est amoureuse de Sergeï, …Il a 27 ans, musclé à souhait, grosse chaîne en or et voix câline pour parler à longueur de journée à…sa mère…Et on se doute, dès le début, que celui-là terminera vraisemblablement dans le peloton de tête des inévitables méchants (russes comme d’hab !)…et qu’Elin va vite dégringoler de son « nuage cotonneux »
C’est l’autre affaire, traitée en alternance avec les déboires d’Elin, qui peut nous attirer :
« Un coureur avait découvert le conteneur. Il venait faire son jogging dans le coin tous les matins avant 8 heures avec son chien et avait appelé le service environnemental de la ville pour demander ce qu’un conteneur de six mètres de long faisait là, au cœur d’une zone naturelle protégée. Un employé municipal était venu évaluer la situation et, ouvrant le conteneur, avait immédiatement vomi sur sa combinaison orange. Les premiers policiers dépêchés sur place avaient eu du mal à décrire ce qu’ils voyaient. Le conteneur abritait un tas de cadavres, avaient-ils dit. Un tas. »
Daniel Hansson inspecteur de la brigade criminelle, arrivé sur les lieux: « Il y en avait une en vie, souffla-t-il. Elle était encore vivante au milieu de ce tas de cadavres. Ils ont dû la maintenir au chaud. »
« Une en vie »…donc elle va sans doute parler, donc elle va sans doute être recherchée par les mafieux…on sent un peu tout à l’avance non ?
C’est lui et sa collègue Héléna, qui vont faire le gros de l’enquête. La part d’Aurora, détective privée, inspectrice financière…(Il est bien précisé, dans le titre Les enquêtes d’Aurora, T3)…me semble un peu réduite…Elle va davantage s’employer à séduire Daniel, qu’à s’impliquer totalement dans l’enquête . Il n’est même plus trop question de la recherche de sa sœur qui semblait pourtant être un fil rouge dans les tomes précédents…
L’écriture est banale, voire souvent délayée, avec de fréquentes redites et il est affligeant par exemple d’assister plusieurs fois à la toilette complète d’Aurora et à ses exercices de planche dynamique ( ?!)…alors que la traite d’êtres humains semblait être le cœur du livre…
On retrouve souvent l’expression « teinte bleuâtre »…de la nuit, des écrans, des néons, des cadavres…Alors…un roman bleuâtre ?
Ce sont les toutes dernières pages du roman, quand un rythme se met en place, qui peuvent lui valoir sa place ici, Le premier tome, Froid comme l’enfer, avait eu sa chronique dans Nyctalopes, et Lilja Sigurdardottir y était reconnue comme une « Islandaise convenable »…
Donc, d’autres synonymes ? Acceptable, présentable…
Je n’ai lu que le premier, et moi je suis arrivé à la conclusion que Lilja Sigurdardottir était une autrice islandaise évitable, ou passable, au sens où on peut s’en passer.
Oui mais voilà, nous à Nyctalopes, on est lents et vieux. Il faut qu’on se mette à plusieurs pour se rendre compte que finalement ce truc islandais de plus n’est pas pour nous.