Chroniques noires et partisanes

CHER MONSIEUR M de Herman Koch chez Belfond

Traduction : Isabelle Rosselin.

Herman Koch est très connu aux Pays-Bas, acteur et réalisateur d’émissions de télévision, éditorialiste dans le journal de Volkskrant et bien sûr écrivain. Son livre « le dîner » a connu un immense succès international, c’est un des livres néerlandais les plus traduits, et il a été adapté plusieurs fois au cinéma. Ce roman est son troisième traduit en français.

« Herman a un passe-temps : il écrit des lettres. Pas n’importe lesquelles, des lettres de menace à son voisin, monsieur M., auteur de best-sellers internationaux.

Des lettres qu’il n’envoie pas mais dans lesquelles il fait part de sa fascination mêlée de dégoût pour ce romancier, gloire passée des librairies, vieux beau fortuné, à l’épouse trop jeune, trop belle.

Ce cher monsieur M. avec lequel Herman joue les gentils voisins, en attendant son heure.

Car Herman le sait, le succès de monsieur M. est bâti sur un mensonge. La vérité, lui seul la connaît. Et aujourd’hui, il est bien décidé à se venger. »

Le livre commence bien : les lettres d’Herman sont franchement inquiétantes. Ce voisin qui guette, qui traque tel un chasseur à l’affût… on craint le pire pour Monsieur M. l’écrivain, mais surtout pour sa jeune épouse et leur fillette, le suspense monte. Puis Herman Koch change d’approche, il suit l’écrivain vieillissant et fait de nombreux retours dans le passé où on découvre peu à peu le fameux voisin alors adolescent, le drame qui a marqué sa vie et que l’écrivain a utilisé pour écrire son meilleur livre. Se posent alors beaucoup de questions sur la création littéraire, la fiction et la réalité, le droit qu’a un auteur de l’utiliser, de la modifier…

Herman Koch dresse en plus un portrait assez grinçant du monde littéraire : les auteurs, les éditeurs, les séances de lecture, de dédicaces, les bibliothécaires, les profs… tout le monde en prend pour son grade. Aucun des personnages n’est sympathique, mais ce n’est pas forcément gênant dans un livre de vengeance où tout le monde a quelque chose à se reprocher, ça va avec le ton du bouquin. C’est parfois drôle, dans le genre caricatural et provoquant.

Mais cela ne rentre pas vraiment en résonnance avec la partie thriller, ça l’alourdit. Herman Koch fait un mélange des genres qui ne prend pas, brouille les pistes et l’intérêt décline. On a le fin mot de l’histoire principale, bien sûr, mais on reste sur sa faim.

Décevant. Si on veut découvrir cet écrivain, mieux vaut se tourner vers « le dîner ».

Raccoon

2 Comments

  1. ceciloule

    Je n’ai pas trouvé ce roman décevant, au contraire, ça a été une bonne surprise pour moi. Le principe de ces multiples changements de focalisation, ces flash-back, et cette noirceur grinçante m’ont convaincue ! (pour en savoir plus : https://pamolico.wordpress.com/2018/11/15/un-roman-maitrise-a-la-perfection-cher-monsieur-m-herman-koch/ 😉 )

    • clete

      Tant mieux pour vous si vous avez accroché, nous donnons juste un avis, un ressenti, merci de votre passage.

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