La vie ne vaut d’être vécue que si celle-ci conserve un but, un sens, une cohérence… La lutte de ce foyer bancal nous ballote entre souffrances, passés lestés de non-dits et d’épreuves, cassures, fêlures d’existences en recherche d’une hypothétique résilience.
« Une petite ville semblable à tant d’autres… Et puis un jour, la bavure… Un contrôle d’identité qui dégénère… Il s’appelait Saïd. Il avait quinze ans. Et il est mort… Moi, Mattia, onze ans, je ne l’ai pas connu, mais après, j’ai vu la haine, la tristesse et la folie ronger ma famille jusqu’à la dislocation… Plus tard, alors que d’étranges individus qui ressemblent à des flics rôdent autour de moi, j’ai reconnu son visage tagué sur les murs du quartier. Des tags à la peinture rouge, accompagnés de mots réclamant justice ! C’est à ce moment-là que pour faire exploser le silence, les gens du quartier vont s’en mêler, les mères, les sœurs, les amis… Alors moi, Mattia, onze ans, je ramasse les pièces du puzzle, j’essaie de comprendre et je vois que même mort, le passé n’est jamais vraiment enterré ! Et personne n’a dit que c’était juste… »
Sans tergiverser Cloé Mehdi accapare notre esprit dans un style et un discours direct qui nous clouent dans les pages du récit ! Franchise et rudesse le caractérisent et son incontestable aura littéraire nous éblouit de cette noirceur brute.
Embarqués dans cette histoire où évoluent trois personnages centraux, on est confronté aux maux des banlieues, à l’irrémédiable iniquité des valeurs gravées aux frontispices de nos monuments institutionnels. Les luttes intemporelles sociales, de mixité, profèrent de terribles vérités et démontrent, une fois de plus, que la nation ne propose pas le même chemin, n’offre pas les mêmes outils, les mêmes chances aux enfants de la République.
Gabrielle, Zé et Mattia sont les symboles de ces différences. Leurs parcours dissonants matérialisent les symptômes de cette, de notre société. Ils se serrent les coudes, se frictionnent, se détachent, se retrouvent entre gris clair et gris soutenu pour purger, expier, leurs peines et les scories de leurs histoires. Face à leurs démons, face à leurs peurs et face à leurs combats ils évoluent en brisant des murs, en fracturant leurs inconscients, en luttant contre l’ordre établi. On souffre avec eux, on se révolte, la haine nous envahit contre des systèmes iniques, pervertis par les hommes les constituant. On est furieux, on s’insurge pour des idéaux qui nous sont refusés et l’on se bat contre des chimères mais on ne renie rien et l’on continue de se battre pour nos consciences, pour notre futur !
Dur tel le granit ou le marbre des maisons du peuple, ce cri déchire notre esprit et réveille notre subconscient bien trop souvent formaté. Notre abdomen est mis à rude épreuve là où siègent nos émotions !
Chouchou.
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