Chroniques noires et partisanes

BLACK FLIES de Shannon Burke / Sonatine

Black Flies

Traduction:  Diniz Galhos

Lorsqu’il devient ambulancier dans l’un des quartiers les plus difficiles de New York, Ollie Cross entre dans un enfer quotidien fait de scènes de crime, de blessures par balles et de crises de manque. Alors que ses collègues répondent à cette misère omniprésente par le cynisme, Ollie commet une erreur fatale : tenter d’aider les victimes auxquelles il a affaire. C’est le début d’une spirale infernale qui le conduira à un geste aux conséquences tragiques.

Publié initialement sous le titre 911, chez Sonatine en 2014, le roman de Shannon Burke se voit réédité sous le titre Black Flies, toujours chez Sonatine, celui-ci faisant l’objet d’une adaptation cinématographique par Jean-Stéphane Sauvaire mais dont la date de sortie n’est pas encore précisée.  Quelqu’un m’a soufflé qu’il fallait que je lise ce livre. Je ne me suis pas fait prier ! Une découverte au-delà de toutes les attentes que je pouvais en avoir. 

Dès la lecture du prologue, dès même les premières lignes de ce prologue, j’ai pressenti que j’allais me prendre une bonne claque dans la tronche et je ne m’y suis pas trompé. On est immédiatement happé dans une spirale infernale, celle de Ollie Cross, jeune aspirant médecin au début des années 1990, qui peine à passer le concours et décide de devenir ambulancier dans le quartier de Harlem, à New-York, en vue d’acquérir de l’expérience pour réaliser son rêve. Encore relativement « innocent », il va être confronté à une violente réalité dont il ne sortira pas indemne. Il intègre une équipe d’ambulanciers chevronnés aux personnalités singulières, qui chacun à leur façon, en adoptant parfois des comportements assez dingues, tentent de faire face à la brutalité de leur quotidien : « Le sordide incessant et l’horreur banale du boulot nous procuraient le sentiment étrange d’être à l’aise dans ces circonstances, détachés, et même de nous sentir bien dans le monde parallèle des urgences médicales, des blessures graves et des morts subites. »

La plume de Shannon Burke est sèche, voire âpre, donnant un ton plus juste et fort encore à l’histoire. Il nous tient en apnée, avec un tel sens du rythme que cela fait l’effet d’un shoot d’adrénaline. A la virgule près, il fait preuve d’une maitrise folle. 200 pages d’une cadence infernale. Ça secoue et c’est peu de le dire. Il inscrit dans notre cerveau avec une force inouïe des images d’une dureté incroyable. Ça en devient hypnotique et franchement hallucinant. Il nous fait tutoyer la mort à quasiment toutes les pages tout en disant bien des choses sur la vie. Aussi extrême que jubilatoire. Shannon Burke était lui même ambulancier et chaque ligne semble respirer le vécu, bien que l’on soit dans une fiction. Mais ne dit-on pas parfois que la fiction est le meilleur moyen de raconter la vérité ?

Black Flies est un roman d’une noirceur abyssale au style implacable. Une intense plongée dans les bas-fonds de la vie. Une lecture terrassante dont on ressort méchamment sonné. N’ayons pas peur des mots, nous avons là une fulgurance littéraire. Un coup de maître !

Brother Jo.

2 Comments

  1. Jean-Marc

    Je me souviens effectivement de ce roman, lu lors de sa première sortie à la série noire comme d’une véritable claque. J’espère que cette réédition va lui donner une seconde vie.

    • clete

      J’espère, il le mérite. Le changement de nom du roman peut, par contre, induire en erreur…
      Une belle claque, c’est certain. Encore très clair dans la tête dix ans plus tard. Espérons que le film sera aussi une réussite.

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