Chroniques noires et partisanes

A COUPS DE PELLE de Cynan Jones / Editions Joëlle Losfeld.

Traduction: Mona de Pracontal.

C’est parfois des romans dont vous n’attendez pas réellement grand-chose, d’auteurs inconnus loin des sentiers battus, de maisons d’édition que vous ne lisez pas fréquemment, de sujets qui apparemment ne font pas partie de votre univers que vous arrivent les plus grands chocs, la rencontre improbable entre un auteur, son écriture et vous, pas du tout préparé au choc que vous allez avoir ou plutôt subir tant la violence et la beauté parfaite quasiment irréelle de ce court roman anodin, rural entre élevage de moutons et dératisation de granges au Pays de Galles, foudroiera tous ceux qui ont aimé « grossir le ciel ».

Cette comparaison avec le roman de Franck Bouysse m’a paru évidente pas vraiment sur le style, qui, ici, est aussi virtuose mais dans un genre différent où chaque phrase, chaque mot, chaque silence contribuent à créer un immense océan de réflexion dans un texte réduit à une épure pour en faire un immense roman, un diamant brut. C’est plutôt dans la poésie et la tendresse réelle dans une terrible douleur que se retrouvent la parenté.

Deux hommes, deux destins autour des animaux. Daniel élève des moutons. Sa première apparition le montre dans l’étable en train d’aider une brebis à mettre bas. Le Grand, lui, connu comme un gitan, débute le roman en massacrant volontairement un blaireau déjà mort et mutilé qui a servi dans des combats illégaux contre des chiens auxquels il participe en débusquant les animaux et en les vendant aux organisateurs bestiaux.

Deux personnalités différentes dans leur rapport à la vie, aux animaux. Le Grand a déjà fait de la prison pour ces méfaits, Daniel vient de perdre sa femme, son amour, victime d’une ruade de leur cheval… Ils se côtoient mais ne se fréquentent pas et finiront par se rencontrer…

Tout est enchantement dans ce roman. Amour, solitude, tendresse, cruauté et désespoir humains et animaux se côtoient dans une magnifique ode à la vie, à la mort, à l’humanité. Les parallèles et les croisements entre destins des hommes et des bêtes sont prodigieusement amenés. C’est beau, triste à pleurer mais c’est magnifique. Du noir dans toute sa noblesse.

Mawreddog !

Sortie le 23.

Wollanup.

 

3 Comments

  1. Marie-Claude

    Alors là, je suis franchement tentée. En te lisant, je pense évidemment à Franck Bouysse , mais aussi à « L’été des charognes » de Simon Johannin. Et ça, ça me plaît.
    Merci pour la découverte!

    • clete

      « L’été des charognes » que tu m’as donné envie de lire est ma prochaine lecture.On en reparlera, celui-ci, je n’ai pas su trouver les mots pour dire comment il m’a secoué.

      • Marie-Claude

        J’espère que « L’été des charognes » saura aussi te secouer!
        De mon côté, j’attends «À coups de pelle» avec impatience (encore un mois à patienter).

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