Traduction: Judith Vernant

Dolores Redondo nous avait précédemment embarqués dans sa trilogie du Batzan aux confins du Pays Basque espagnol. Là, elle nous enjoint à la suivre en pays de Galice situé au Nord-Ouest de l’état ibérique à la frontière lusitanienne, non loin de Saint Jacques de Compostelle. Car la Galice présente une histoire monarchique, noble par l’entité représentée par le royaume suève, ce qui aura son importance dans le présent récit. C’est avec délectation que l’on retrouve l’écriture de cet auteur capable d’aimanter notre esprit dans un ouvrage consistant.

«Interrompu un matin dans l’écriture de son prochain roman, Manuel Ortigosa, auteur à succès, trouve deux policiers à sa porte.Cela aurait pu n’être qu’un banal et triste accident – une voiture qui, au petit jour, quitte la route de façon inexpliquée. Mais la mort de Alvaro Muniz de Davila, est le mari de Manuel et le chef d’une prestigieuse dynastie patricienne de Galice. Dans ce bout du monde aussi sublime qu’archaïque commence alors pour Manuel un chemin de croix, au fil duquel il découvre qu’Alvaro n’était pas celui qu’il croyait.Accompagnée par un garde civil à la retraite et par un ami d’enfance du défunt, il plonge dans les arcanes d’une aristocratie où la cupidité le dispute à l’arrogance.Il lui faudra toute sa ténacité pour affronter des secrets impunis, pour lutter contre ses propres démons, et apprendre qu’un rire d’enfant peut mener à la vérité aussi sûrement que l’amour. »

L’auteur à succès, pilier porteur du roman, voit son existence lacérée par une terrible nouvelle qui infléchira celle-ci. Il devra, alors, revêtir d’autres habits, se forger une culture appropriée afin de s’incarner dans le personnage qui tentera de faire la lumière sur cette tragédie. Entrer dans les secrets, dans une vie parallèle, dans les arcanes d’une société opaque, le fait se pencher dangereusement sur les lèvres d’un précipices. Les coups sont profonds et rudes néanmoins il trouvera des alliés insoupçonnés. Sur le fil du rasoir, certes, mais il affronte, il combat, il s’affirme! Des ressources il en perçoit et trouve, ou retrouve, des repères pour évoluer dans sa quête salvatrice.

Dolores Redondo assigne de sa patte, de sa sensibilité littéraire et humaine son roman lui permettant, par là même, de découvrir une région par ses us et coutumes. Elle prend le temps de poser ses personnages et de les inclure dans un contexte cohérent. Elle nous hameçonne sans tirer brusquement sur le fil, en apposant une tension crédible régulière tout en s’autorisant des plages d’inspiration vitale en lien avec l’adaptation de Manuel à son environnement. Contrairement à sa trilogie, elle s’appuie sur des ressorts manichéens bien que le trouble, le doute et l’opacité nimbent l’ensemble. Sous sa coupe, lecteur on en devient inquisiteur et cherchons avec discernement, inflexibilité la voie éclairée.

Grand écrivain qui, à nouveau, réussit un coup magistral de justesse, d’intérêt, dans cette communauté!

Chouchou.