Le triangle morvandiau est le décor du(es) drame(s). sur cette terre rude, inhospitalière par certains aspects, les tragédies se concentrent et laissent planer ce voile caligineux qu’instille la morosité, la mélancolie, les peurs, les appréhensions dans les esprits de chacun. Sur un meurtre comme point de départ permettant la réouverture d’affaires classées, une avocate dissèque les humeurs, les caractères agrestes d’une lande montagneuse où froid climatique et froideur des âmes se conjuguent.

« Dix-sept meurtres de femmes non élucidés. Bienvenue en Bourgogne. Affaires classées ou non-lieu, la justice a depuis longtemps baissé les bras. Qui étaient toutes ces filles dont les cadavres ont été disséminés dans la région ? Des filles faciles, qui n’ont eu que ce qu’elles méritaient ? C’est ce que certains laissent entendre… Laurine, elle, voudrait simplement savoir qui a assassiné sa mère. Quand un nouveau meurtre est découvert, c’est, pour cette gamine déterminée, l’occasion de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Gendarmes, médias, familles, juges, tout le monde en prend pour son grade. Au milieu de ce déchainement de violence qui confond victimes et coupables, l’avocate Déborah Lange, spécialiste des « cold cases », se bat pour faire éclater la vérité. Inspiré de faits réels, Justice soit-elle est un cri de colère d’une auteure engagée contre les violences faites aux femmes et le mépris d’une justice à deux vitesses »

De ce récit où foisonnent des personnages hétéroclites, avocate, journaliste, enquêteurs de la gendarmerie, parents de victimes, protagonistes entourant les faits, le plomb dramatique se délaye et peine à marquer son sillon. Sans s’attarder sur la psychologie de chacun, le récit perd justement d’identification et d’empathie.

La noirceur naturelle de l’écrit, de part la substance même du tableau, expose le lecteur à ce gouffre sans fond apparent en nous plongeant dans ce marasme criminel de cette vie provinciale.

Les hypothèses, les pistes se bousculent dans un maelstrom défini par des intrications multiples, des mobiles disparates contribuant de même à brouiller notre fil d’Ariane. La volonté farouche de l’avocate de déterrer, de résoudre ces affaires présente la filiation avec l’auteure. Car l’on perçoit franchement l’implication, le combat quotidien contre ces injustices effroyables qui touchent à l’avenant. Sa mission sacrée et salutaire transpire de ses pages mais le récit purement littéraire s’en trouve amputé.

Les vallons sont profonds comme les tristesses sont indélébiles et l’on fait face telle une huile de Mosconi dépeignant la noirceur humaine.

Justice pour ces femmes outragées, pour ces femmes non respectées, pour ces femmes foulées du pied par la force mâle. On suit Marie Vindy dans ses luttes mais je me suis perdu dans son récit…

Chouchou.